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Le compte à rebours écologique s’accélère : 24 juillet 2025, Jour du Dépassement

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Ce 24 juillet 2025, l’humanité entre officiellement dans la zone rouge. C’est le Jour du Dépassement, la date à partir de laquelle l’empreinte écologique mondiale dépasse ce que la Terre est capable de régénérer en un an. À partir d’aujourd’hui, nous vivons à crédit sur les générations futures.

Calculée chaque année par le Global Footprint Network, cette échéance symbolique repose sur une équation aussi simple qu’implacable :
(Biocapacité planétaire ÷ Empreinte écologique mondiale) × 365 = Jour du dépassement.
En 2025, ce ratio donne le 24 juillet, soit un jour plus tôt qu’en 2024. Cela signifie que nous avons déjà épuisé les ressources naturelles disponibles pour cette année, et entamons les cinq derniers mois en surexploitant les écosystèmes.

Une pression cumulative sur le vivant

Le Global Footprint Network, en collaboration avec l’Université York (Canada), actualise chaque année les National Footprint and Biocapacity Accounts, base de données fondée sur les statistiques des Nations Unies et les dernières recherches du Global Carbon Project. Cette rigueur méthodologique permet une comparaison valide dans le temps : les dates antérieures sont recalculées chaque année avec les mêmes outils que les plus récentes, évitant les biais historiques.

La tendance est claire : en 1971, le dépassement survenait le 29 décembre. Un demi-siècle plus tard, nous avons perdu plus de cinq mois de durabilité. Cette dérive n’est pas linéaire, mais structurelle. Et ses conséquences sont multiples. Le dépassement écologique ne se limite pas à la perte de biodiversité, à la déforestation ou à l’accumulation de gaz à effet de serre. Il alimente aussi des formes nouvelles et systémiques d’instabilité : crise énergétique, insécurité alimentaire, désordres économiques, tensions géopolitiques, effondrement des services écosystémiques.

Le monde à 1,8 Terre

En 2025, selon les calculs du Global Footprint Network, l’humanité consomme en moyenne les ressources de 1,8 planète Terre. Dit autrement, il nous faudrait presque deux Terres pour régénérer ce que nous extrayons, émettons ou bétonnons en une année.

L’analyse pays par pays révèle des déséquilibres profonds. Si chaque habitant de la planète vivait comme un Américain, il faudrait 5 Terres. Le modèle australien en requerrait 4,7, le russe 3,8, le français 3,3, et le japonais 2,8. À l’inverse, une vie à la manière d’un Indien nécessiterait seulement 0,7 Terre.

Mais cette mesure globale masque une autre dimension : la capacité d’auto-suffisance écologique des nations. Par exemple, le Japon consomme 6,6 fois sa propre biocapacité, la Chine 4,7, l’Italie 4,4, la Suisse 4,0. La France, avec 1,9 « France », est parmi les moins déficitaires du monde développé. Aucun pays riche n’est toutefois écologiquement soutenable si son modèle était universalisé.

PaysNb de fois son propre territoire requis (biocapacité nationale)Nb de planètes nécessaires si toute l’humanité vivait comme luiÉcart entre pression interne & mondialeLecture combinée
🇯🇵 Japon6,6 Japon2,8 Terres⚠️ très fort déficit interne, empreinte mondiale très élevéeSurdépendant de l’extérieur, très énergivore
🇨🇳 Chine4,7 Chine2,5 Terres⚠️ fort déficit interne, empreinte mondiale élevéeForte pression démographique et industrielle
🇮🇹 Italie4,4 Italie2,9 Terres⚠️ déficit et surconsommation marquésPays développé à biocapacité faible
🇨🇭 Suisse4,0 Suisse2,9 Terres⚠️ pays très dépendant, empreinte individuelle élevéePetite biocapacité, niveau de vie très élevé
🇬🇧 Royaume-Uni3,6 UK2,6 Terres⚠️ déficit interne marqué, empreinte mondiale importantePays à très forte pression écologique
🇮🇳 Inde3,1 Inde0,7 Terreempreinte mondiale faible malgré déficit interneSous-consommation par habitant, forte démographie
🇩🇪 Allemagne2,7 Allemagne3,0 Terres➖ léger écart ; surconsommation mondialeForte pression mais territoire productif
🇵🇹 Portugal2,6 Portugal2,9 Terres➖ déficit et empreinte modérésConsommation dépassant les limites écologiques
🇪🇸 Espagne2,3 Espagne2,5 Terres➖ faible écartNiveau de consommation élevé, mais soutenable comparé à d’autres
🇺🇸 USA2,0 USA5,0 Terres🔥 empreinte mondiale la plus hauteMode de vie totalement insoutenable globalement
🇫🇷 France1,9 France3,3 Terres⚠️ modérément dépendant, mais empreinte mondiale trop élevéeModèle non soutenable à grande échelle
🌍 Monde1,75 pays (équivalent planétaire)1,75 TerreDéficit global avéré

Une défaillance du marché mondial

Le dépassement est, au fond, une défaillance systémique du marché, souligne le Global Footprint Network. Le système économique mondial repose sur des ressources biologiques sous-évaluées, et cette sous-évaluation favorise leur surconsommation, au détriment de la résilience planétaire.

Cette distorsion ne nuit pas seulement aux plus pauvres ou aux générations futures. Elle fragilise déjà les régions, entreprises et gouvernements qui n’anticipent pas la raréfaction des ressources et les chocs liés à l’instabilité climatique. À terme, elle menace jusqu’à la stabilité financière globale, en fragilisant les chaînes d’approvisionnement, les systèmes alimentaires, et l’habitabilité de vastes territoires.

Sortir du dépassement : par le chaos ou par le choix

Le dépassement prendra fin. Ce que rappelle avec fermeté le cofondateur du Global Footprint Network, Mathis Wackernagel : « À cause des lois de la physique, l’overshoot ne peut pas durer. Il prendra fin soit par une catastrophe imposée, soit par une conception délibérée. Le choix ne devrait pas être difficile. »

Le rapport Power of Possibility, publié parallèlement, dresse un inventaire détaillé de plus de 100 solutions existantes, déjà testées, et capables de reculer concrètement la date du dépassement. Chaque solution est associée à un nombre de jours potentiels gagnés si elle était adoptée globalement.

Des leviers immédiats et chiffrés

Quelques exemples issus du rapport :

  • Accès à la santé reproductive pour toutes les femmes et jeunes filles : +49 jours
  • Lutte contre le gaspillage alimentaire par la législation : +13 jours
  • Transition vers un régime davantage végétal : +10 jours
  • Développement de la silvopasture (arbres + pâturages) : +7 jours
  • Déploiement des trains à grande vitesse : +6 jours
  • Adoption massive des véhicules électriques : +5 jours
  • Urbanisme compact et superblocs : +4 jours
  • Éclairage LED domestique généralisé : +3 jours
  • Réduction de la vitesse sur route : +2,4 jours
  • Lundi sans viande (Meatless Mondays) : +1 jour

Chaque mesure paraît minime prise isolément, mais le potentiel cumulé est immense. Ces leviers touchent tous les secteurs : alimentation, énergie, urbanisme, transport, biodiversité, population. Ils sont souvent moins coûteux que l’inaction, et déjà rentables à moyen terme.

Une stratégie d’ensemble, pas une addition de gestes

Le Global Footprint Network insiste : il ne s’agit pas d’une liste de bonnes intentions. Ces mesures doivent être intégrées dans des stratégies systémiques, capables d’articuler politiques publiques, innovation technologique, action citoyenne et investissements privés. « Nous devons aujourd’hui à la Terre au moins 22 années de régénération, même si nous arrêtions tous les dégâts dès maintenant », observe le Dr Lewis Akenji, membre du conseil du Global Footprint Network.

Le Jour du Dépassement 2025 n’est ni une surprise, ni une fatalité. Il est le symptôme régulier d’un système déréglé, fondé sur la fiction d’une Terre inépuisable. Pourtant, tout indique qu’une bascule est possible. Les outils existent. Les chiffres sont disponibles. Les leviers sont prêts.

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