Musicales 41
1.2.3... Les informationsEcologieVie locale

Au Macadam, une action choc pour dénoncer la « menace mortifère » d’une centrale à enrobés à Épuisay

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Leur torse nu, barbouillé de noir comme souillé par du goudron, a détonné au milieu des runners en short technique. Samedi 25 mai, lors du Macadam 2025 à Blois, deux coureurs ont marqué les esprits en distribuant des tracts contre un projet industriel situé à près de cinquante kilomètres de là : Épuisay. Membre active de l’APEEA (Association pour la Protection Environnementale d’Épuisay et ses alentours), Florence Herman, habillée de noir, portait, de son côté, une pancarte détournant le panneau de village « Bienvenue à Épuisay », devenu caricature d’un lieu asphyxié par une industrie polluante.

Association pour la protection environnementale d’Epuisay et ses alentours
Lors du Macadam 2025 à Blois, Thomas Savare a choisi de faire de son propre corps un manifeste visuel tout en portant la pancarte « Solidarité Épuisay » .

Leur cible : la centrale d’enrobés à chaud que ENROBES A.C.R. tente d’implanter depuis 2017 dans la zone d’activités de la Cousinière, à Épuisay, commune rurale du Vendômois.

Usine d’enrobage à chaud : quelles sont les nuisances ?

Une usine d’enrobage à chaud chauffe des granulats et du bitume à haute température pour produire des enrobés destinés aux routes, mais elle génère des nuisances majeures pour les riverains. L’odeur âcre des fumées bitumineuses peut rendre le quotidien insupportable, surtout en période chaude ou venteuse. Ces installations émettent des composés organiques volatils, des particules fines et des fumées potentiellement toxiques. Les bruits constants des machines et des rotations de camions s’ajoutent aux nuisances sonores. Des poussières noires peuvent se déposer sur les habitations, les véhicules ou les potagers. La proximité d’une telle installation entraîne souvent une baisse de la valeur immobilière et un sentiment d’abandon. Enfin, les habitants témoignent d’une dégradation nette de leur qualité de vie, entre pollution, insécurité routière et perte d’usage de leurs extérieurs.

Un « harcèlement » dénoncé

« C’est complètement fou. Depuis huit ans, ce promoteur essaie de nous imposer une usine à goudron à 150 mètres des premières habitations, à 130 mètres de champs bio, à 165 mètres d’un marché solidaire, et à 390 mètres d’une école et d’une garderie », alerte Florence Herman. « On parle d’un équipement industriel qui, en Allemagne, est obligatoirement capoté pour récupérer 80 % des fumées, et même dans ce cas, la réglementation impose 4 kilomètres de distance avec les habitations. Ici, on veut nous l’imposer quasiment dans les jardins. »

Quatre dossiers de demande d’autorisation ont déjà été déposés par l’entreprise Lefevre, basée à Pezou, en 2017, 2019, 2023 et 2025. Trois ont été soumis à consultation publique. À chaque fois, les contributions citoyennes se sont élevées en nombre. « Il y a eu 1120 expressions citoyennes et plus de 3000 signatures aux différentes pétitions. À chaque fois, c’est non. Clair, massif, répété », rappelle Florence Herman. Pour les membres de l’association, ce projet ne met pas seulement en danger Épuisay, mais tout le territoire. « Les effets mortifères de cette implantation ne respecteront aucune frontière », lit-on sur le flyer distribué sur le parcours. « Préservons notre santé, nos emplois, notre environnement. Ensemble, préservons notre territoire. »

L’entreprise, de son côté, affirme que le dossier est conforme à la réglementation. C’est précisément ce point qui alimente la colère des habitants. « Le préfet reste silencieux parce que le dossier est dans les clous administrativement. Mais nous, on vit là. On sait ce que c’est. On connaît les nuisances, les odeurs, les fumées. C’est une aberration sanitaire et environnementale », dénonce encore Florence Herman. Le sentiment d’abandon est vif dans la commune. « À chaque fois, on se mobilise. À chaque fois, on pense que c’est fini. Et puis quelques mois plus tard, on apprend qu’il a redéposé une demande. C’est comme une épée de Damoclès permanente. Le préfet ne peut rien faire, ou ne fait rien. Les élus locaux ne se positionnent pas. Et pendant ce temps, lui peut déposer jusqu’à dix fois. On n’en peut plus. »

APEEA41

La formule « Épuisés, mais pas résignés », résume la situation. « Le silence du préfet à la suite de ces demandes vaut refus tacite mais n’empêche pas ENROBES A.C.R de persister dans son entêtement. L’absence de soutien de la CATV, Communauté de communes Territoires Vendômois, le voit être ignoré également. Nous nous sentons seuls face au risque de voir notre village mourir. »

En marge de cette action visible à Blois, d’autres rendez-vous sont annoncés : des actions dans le centre-ville de Vendôme, à la gare TER, et sur les lieux de décision. « C’est pour ça aussi qu’on est venus à Blois. Parce qu’ici, il y a la préfecture. Parce qu’ici, il y a du monde. On veut envoyer un signal fort. » Sur les torses couverts de noir des deux runners, c’est bien l’ombre d’un goudron toxique qu’ils ont voulu faire apparaître afin d’affirmer haut et fort : « Non, c’est non ! »


Droit de réponse – Précisions apportées par le porteur du projet ENROBÉS ACR

À la suite de la publication de votre article, je tiens à exercer un droit de réponse afin de corriger plusieurs affirmations inexactes, approximatives ou infondées.

Tout d’abord, concernant l’implantation d’unités similaires à celle envisagée, plusieurs exemples démontrent que ce type d’installation peut coexister avec des zones urbanisées ou des établissements recevant du public : à Mauriac dans le Cantal, l’entreprise Berghaud TP est implantée en village ; à Brumath, dans le Bas-Rhin, l’installation Brumath Enrobé se situe à moins de 100 mètres d’un Burger King. Ces deux sites ont d’ailleurs bénéficié de subventions dans le cadre du plan France Relance, ce qui montre un soutien public à leur développement. Plus proche de nous, Axiroute, à Patay (Loiret), est installée à très faible distance du centre-bourg.

Concernant les émissions olfactives et atmosphériques, les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) sont soumises à des contrôles réguliers et inopinés de la part de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Ces contrôles couvrent notamment les fumées, particules fines et autres rejets. Toute installation ICPE doit se conformer à des normes strictes, connues de l’administration et encadrées par des autorisations préfectorales.

S’agissant du trafic routier, aucun signalement ni plainte n’a été enregistré en mairie concernant nos livraisons. À titre d’exemple concret, lors du chantier mené près d’Épuisay les 24 et 25 avril 2025, nous avons acheminé 430 tonnes d’enrobé à travers 15 livraisons en semi-remorques, sans la moindre remarque des riverains ou des autorités.

Quant à l’idée d’une prétendue dégradation de la qualité de vie ou d’une insécurité routière accrue, elle ne repose sur aucun constat tangible. La réalité locale, y compris en matière de circulation, ne montre aucune incidence notable imputable à notre activité. Il est également utile de souligner qu’un lotissement récent, en bordure immédiate de la RN, côté Danzé, a vu la construction de plusieurs habitations, dont l’une à la limite des 40 mètres de distance règlementaire avec la voie. Là encore, la circulation est continue, de jour comme de nuit.

Enfin, une mise au point s’impose sur l’identité du porteur du projet. Il ne s’agit ni de la SARL Lefevre, ni d’un projet porté à titre personnel. Le projet est conduit par ENROBÉS ACR, qui a financé à ce jour près de 120 000 € d’études (bureau d’études, avocats, architectes) sur fonds propres, et non à travers une autre entité.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page