Blois : A quel point le commerce dépend du stationnement ?
Le stationnement en centre-ville est souvent perçu comme un enjeu majeur pour le dynamisme commercial des villes moyennes. À Blois, la question du stationnement fait régulièrement l’objet de débats, tant parmi les commerçants que les clients. Si certains estiment qu’un manque de places ultra accessibles freine la fréquentation des commerces, d’autres soulignent que le stationnement disponible est largement suffisant en centre-ville.
Le stationnement : une question récurrente dans les débats
Depuis plusieurs années, la question du stationnement à Blois revient de manière récurrente dans les discussions sur le commerce en centre-ville. Un certain nombre de commerçants et habitants estiment que le manque de places de stationnement, ou la difficulté d’accès aux parkings, contribue à une baisse de fréquentation des magasins. Paul Gillet, adjoint au commerce, reconnaît l’importance de cette question : « Le sujet du stationnement est souvent le premier point soulevé lorsque l’on parle du dynamisme commercial. Pourtant, les chiffres montrent que le samedi, jour de marché, où l’affluence est la plus forte, le problème du stationnement ne semble pas être un frein majeur. »
Consciente des enjeux liés au stationnement pour les commerces du centre-ville, la municipalité de Blois a mis en place une politique tarifaire avantageuse dans ses parkings en ouvrage. Ces parkings souterrains, situés à proximité immédiate des rues commerçantes, offrent des solutions de stationnement à des tarifs compétitifs, avec notamment la première heure gratuite, une mesure qui incite les habitants et visiteurs à profiter du centre-ville sans craindre une note salée pour le stationnement.
Stéphanie Charret, responsable du service développement commercial, détaille ces dispositifs : « Nous avons fait en sorte de proposer des solutions de stationnement attractives pour encourager la fréquentation des commerces. La première heure de stationnement gratuite, ainsi que des tarifs horaires parmi les plus bas de France, permettent aux clients de profiter du centre-ville sans se soucier du coût du stationnement. » Outre les parkings en ouvrage, plusieurs zones de stationnement en surface sont également accessibles.
Piétonnisation et animations
Si le stationnement est un enjeu clé pour les commerçants, la Ville de Blois mise également sur la piétonnisation temporaire des rues lors d’événements pour dynamiser le centre-ville. Paul Gillet se félicite de ces succès : « Lorsque nous organisons des événements comme Des Lyres d’été ou la Fête de la Musique, les rues sont piétonnisées, c’est à ce moment-là que nous observons la plus grande affluence. Les commerces nous disent eux-mêmes qu’ils ont plus de clients pendant ces animations, malgré l’absence de places de stationnement disponibles à proximité immédiate. Cela prouve que ce n’est pas seulement une question de stationnement, mais aussi d’attractivité. »
Le défi pour la municipalité réside donc dans l’équilibre entre la nécessité d’offrir des solutions de stationnement pratiques, tout en développant des espaces piétons et des événements qui incitent à la flânerie et à la fréquentation des commerces.
Le stationnement gratuit : solution ou mirage ?
L’idée de rendre le stationnement totalement gratuit en centre-ville est souvent évoquée par les commerçants comme une solution pour attirer davantage de clients. Cependant, de nombreuses études montrent que le stationnement gratuit ne garantit pas forcément une hausse de la fréquentation commerciale. Au contraire, cela peut encourager un usage abusif des places par des automobilistes qui ne consomment pas dans les commerces du centre-ville. Stéphanie Charret souligne les risques de cette approche : « Le stationnement gratuit, sans limitation de durée, risque d’être monopolisé par des personnes qui travaillent en centre-ville ou qui laissent leur véhicule toute la journée sans consommer dans les commerces. Cela irait à l’encontre de l’objectif initial, qui est de favoriser la rotation des places pour permettre à un maximum de clients de se garer. »
La municipalité préfère donc maintenir une politique tarifaire modérée, qui encourage une rotation des places tout en incitant les visiteurs à privilégier les parkings en ouvrage pour de plus longues durées.
L’exemple des villes piétonnes : un modèle à suivre ?
Certaines villes, en France et à l’étranger, ont fait le choix de piétonniser entièrement leur centre-ville, avec des résultats parfois très positifs pour le commerce. C’est le cas de villes comme Ljubljana, capitale de la Slovénie, qui a spectaculairement banni les voitures de son centre historique, transformant avec succès ses rues en espaces propices à la promenade et au shopping.
Car la présence d’automobiles dans les lieux de vie en ville est aussi synonyme de réduction de l’espace public pour les piétons. Cela affecte les zones de promenade, les espaces verts et les terrasses de cafés ou de restaurants, rendant le centre-ville moins agréable pour les piétons. C’est également synonyme de bruit et pollution, de dangers pour les piétons et cyclistes, de diminution de l’attractivité commerciale et touristique. Et puis les études prouvent que les piétons ont tendance à dépenser plus que les automobilistes, qui se déplacent souvent rapidement et ne s’arrêtent pas pour explorer les boutiques.
À Blois, cette idée de piétonnisation intense de l’hyper-centre suscite des réticences. Si certains commerçants seraient favorables à une piétonnisation plus poussée, d’autres s’inquiètent des impacts sur la fréquentation. Paul Gillet tempère : « La piétonnisation totale du centre-ville est une idée intéressante, mais cela ne correspond pas forcément aux attentes actuelles. Nous pensons qu’il faut y aller progressivement, avec des périodes de piétonnisation ciblées lors d’événements spécifiques. Nous continuerons d’évaluer la situation en fonction des retours des commerçants et des clients. »
Blois cherche à concilier les attentes des commerçants, des habitants et des visiteurs, tout en maintenant un centre-ville vivant et dynamique. Paul Gillet conclut : « Le stationnement est un sujet important, mais ce n’est pas le seul levier pour dynamiser le commerce. Nous devons aussi miser sur l’attractivité du centre-ville, avec des événements réguliers, des espaces agréables pour les piétons, et des commerces de qualité. C’est cette combinaison qui fera venir les clients. »
