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Comtes de Blois, Madame de Ranchoup, feuille d’or et Marie Stuart : l’automne de la SACMB

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La Société des Amis du Château et des Musées de Blois (SACMB) inaugure en 2025-2026 un rendez-vous au long cours : une conférence par mois ouverte à toutes et tous, de septembre à mai. Derrière ce rythme assumé, une idée simple : inviter des spécialistes, des praticiens et des auteurs à éclairer, chacun à sa manière, le château, les collections et l’histoire, sans s’interdire des échappées plus larges lorsque les sujets y conduisent. Gilles Chassier, responsable du cycle, nous résume l’esprit de la saison : un travail collectif, patient, au service d’un public curieux.

Choisir, inviter, relier : ainsi se fabrique une saison. Certaines conférences naissent d’une invitation directe de l’association, d’autres d’une proposition venue spontanément, d’autres encore d’un hasard heureux. Gilles Chassier évoque par exemple cette doreuse à la feuille d’or, installée près de la Maison des Acrobates, dont il a simplement frappé à la porte avant de nouer une amitié qui la conduira à partager son savoir. Il se souvient aussi d’André Bendjebbar, qui avait écrit au château pour proposer une intervention : il viendra raconter l’histoire de Madame de Ranchoup, maîtresse de Napoléon et amie d’une Blésoise, dont le legs de tableaux enrichit aujourd’hui le musée. Et il y a ces rencontres inattendues, comme celle d’un chercheur du CNRS croisé presque par hasard, spécialiste des pigments de la Joconde et de La Ronde de nuit, qui donna l’an dernier une conférence remarquée.

Les conférences ont lieu un mardi à l’auditorium Samuel-Paty, sous la médiathèque Abbé-Grégoire. L’ambition reste l’accessibilité : « Oui, elles sont ouvertes au grand public. Inutile d’être spécialiste ; chacun peut y trouver son intérêt. » Le droit d’entrée est de 5 € pour les non-adhérents.

La première conférence donne le ton : mardi 16 septembre 2025, Jérôme Limorté présentera Les comtes de Blois du 12e au début du 14e siècle : des princes aux grands seigneurs. Il sera question des lignées des Thibaud et des Châtillon, qui marquèrent le comté de Blois du XIIᵉ au début du XIVᵉ siècle, une période bien antérieure à l’avènement de Louis XII et de la Renaissance.


Mardi 16 septembre 2025 — Jérôme Limorté – « Les comtes de Blois du XIIe au début du XIVe siècle : des princes aux grands seigneurs »

Historien, auteur d’une thèse récente, Jérôme Limorté s’appuie sur des sources inédites pour éclairer une période peu connue des Blésois : celle des comtes de Blois avant l’éclat de la Renaissance.
On y croise des figures fortes : Thibaud V, oncle de Philippe Auguste, Jeanne de Châtillon, ou encore Louis de Blois, croisé lors de la quatrième expédition. Les dynasties Thibault puis Châtillon incarnent une noblesse intermédiaire, « des barons qui, ne pouvant être princes, sont cependant parvenus à maintenir leur rang, en passant d’adversaires du roi de France à soutiens indéfectibles ». L’intervention mettra aussi en lumière quelques revers — telle la désertion d’Étienne II à la première croisade —, et rappellera l’importance constante accordée par ces familles au château et à la ville de Blois.

Thibaud V – Image gallica.bnf

Mardi 7 octobre 2025 — André Bendjebbar – « Madame de Ranchoup, un caprice de Bonaparte »

Docteur en histoire, lauréat de l’Académie française, ancien chef du service culturel du Musée de l’Armée, André Bendjebbar a consacré ses recherches à Pauline Fourès, connue sous le nom de Madame de Ranchoup. Épouse d’un lieutenant, elle embarque déguisée en homme lors de l’expédition d’Égypte (1798). Devenue la maîtresse de Bonaparte, elle en subira la désaffection rapide. Repartie à Paris, remariée avec le chevalier de Ranchoup, elle mènera ensuite une vie d’aventures. Collectionneuse, elle réunit des œuvres majeures de Raphaël, du Titien, de Léonard ou de Boucher. À sa mort, en 1869, elle lègue l’ensemble au musée des Beaux-Arts de Blois. L’intervention expliquera notamment pourquoi Blois fut choisi comme bénéficiaire de ce legs.


Mardi 18 novembre 2025 — Délia Louis Durandet – « Feuille d’or, une histoire de patrimoine »

Diplômée de l’école La Bonne Graine (faubourg Saint-Antoine, Paris), seule école française délivrant le diplôme d’État en dorure-ornementation, Délia Louis Durandet exerce à Blois. Elle viendra présenter la longue histoire de la feuille d’or, fine pellicule battue utilisée depuis l’Antiquité pour magnifier objets, architectures et œuvres d’art. Matériau de prestige, symbole de richesse et de divin, la feuille d’or est toujours employée aujourd’hui dans la restauration du patrimoine. L’exposé abordera à la fois les origines, les techniques et les usages contemporains de cet art délicat, émaillé d’anecdotes tirées de sa pratique.


Mardi 16 décembre 2025 — Dominique Labarrière – « Marie Stuart »

Auteur solognot de nombreux romans historiques, Dominique Labarrière s’intéresse depuis longtemps aux grandes figures du pouvoir. Son intervention retracera le destin tragique de Marie Stuart, reine de France et d’Écosse, prétendante au trône d’Angleterre. Élevée à la cour de Catherine de Médicis, confrontée aux complots et aux guerres de religion, Marie Stuart s’efforce de préserver son pouvoir dans une Écosse largement protestante. Son affrontement avec Élisabeth Iʳᵉ d’Angleterre et son exécution brutale en sont l’aboutissement. Dominique Labarrière posera une question centrale : Marie Stuart fut-elle avant tout une femme de passion, aveuglée par ses choix amoureux, ou une véritable femme de pouvoir ?


A noter dans son agenda 2026, deux rendez-vous déjà acquis. Le mardi 17 février 2026, Alix Clément interviendra sur le thème « Architecture domestique : la construction en pan de bois à Blois et dans la région Centre-Val de Loire ». Spécialiste reconnu d’Orléans, il élargira sa perspective à Blois en explorant les quartiers anciens et les hôtels particuliers édifiés au XVIᵉ siècle, notamment rue du Puy-Châtel et rue des Papegaults. Son propos portera sur les techniques de construction, les matériaux employés et les choix architecturaux, variables selon le prestige et l’importance des bâtiments.

Un mois plus tard, le mardi 17 mars 2026, Brigitte Poitrenaud-Lamesi donnera une conférence intitulée « Forcer le destin de femme et d’artiste ». Elle présentera une recherche consacrée aux femmes artistes de la Renaissance qui, malgré les contraintes de leur temps, parvinrent à s’imposer dans le monde de l’art. Le point de départ sera un tableau emblématique conservé au musée du château de Blois : le portrait d’une petite fille atteinte d’hypertrichose : le portrait d’Antonietta Gonsalvus par Lavinia Fontana. À travers cette œuvre singulière, la conférencière mettra en lumière la trajectoire d’une créatrice qui, en dépit des obstacles, « a marqué son temps ».

Une association active, entre transmission et mécénat

La SACMB (née en 1983) – avec à la coprésidence messieurs Le Breton, Gazzo et Sandrini – ne se limite pas aux conférences. Pour rappel, elle organise visites guidées (réservées aux adhérent·es), sorties d’une journée (Chartres, Bourges…), et voyages plus lointains, « environ un par an, parfois à l’étranger ». L’association joue aussi un rôle de mécène : « Nous contribuons parfois à l’achat d’un tableau pour le musée du château, ou au financement de restaurations à la Maison de la Magie ; nous aidons dans la mesure de nos moyens. »

Pour en savoir plus : amisduchateaublois.fr

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