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Emmanuel Leonard et le nouveau souffle du PCF

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Pour les élections européennes de 2024, le Parti communiste français (PCF) a fait le choix de Léon Deffontaines, âgé de 27 ans, pour mener la liste. Une volonté de souffle nouveau que nous explique Emmanuel Leonard, secrétaire départemental du PCF et conseiller régional Centre-Val de Loire (délégué auprès du vice-président délégué aux mobilités, aux transports et aux intermodalités, chargé des mobilités du quotidien).

Blois Capitale : Le programme communiste pour les Européennes vise pour beaucoup les jeunes ?

Emmanuel Leonard : Léon Deffontaines a été, jusqu’à il y a un an, le responsable des jeunes communistes, et il a, en effet, une manière particulière d’aborder les choses en mettant en avant des mesures ciblées, mais je dirais que les principales mesures visent l’ensemble de la population. Il s’agit d’un programme très orienté vers les travailleurs, ce qui est logique pour nous. Une des idées clés est la question du salaire minimum, mais cette mesure à elle seule ne résout pas tout. En effet, lorsque l’on se limite à augmenter le salaire minimum sans toucher aux autres aspects, cela entraîne d’autres problèmes. Ainsi, une proposition de notre programme consiste aussi à indexer les salaires sur l’inflation. Il y a également la question de l’égalité salariale entre femmes et hommes, qui est toujours d’actualité en France avec un écart d’environ 15 % à poste et compétences égaux. Concernant les jeunes, l’idée est d’introduire un revenu minimum pour les étudiants de 850€ afin de leur permettre de se concentrer sur leurs études avec le moins de contraintes financières possibles. Nous savons que cela peut réduire les inégalités entre les jeunes. La réduction du temps de travail à 32 heures par semaine est aussi un objectif. Mais pour que tout cela se fasse, il est nécessaire d’avoir une majorité significative de gauche, avec le groupe LEFT.

Blois Capitale : Comment expliquez-vous que sans aller vers ces combats l’extrême-droite soit si haute dans les intentions de votes y compris dans les classes populaires ?

Emmanuel Leonard : Nous sommes presque les seuls à porter ces idées, c’est vrai. L’extrême-droite capitalise sur les mécontentements sans pour autant proposer des solutions concrètes. À chaque incident ou fait divers, l’extrême droite en profite pour se positionner, souvent sans offrir de réelles alternatives.

Blois Capitale : La société irait vers moins de lutte de classes et plus d’individualisme ?

Emmanuel Leonard : Les grandes entreprises, comme celles que l’on trouvait il y a 30 ou 40 ans, sont moins présentes aujourd’hui, ce qui rend les mobilisations collectives plus difficiles. Chacun défend davantage son point de vue individuel, sans réaliser que c’est la force collective qui permet de surmonter les obstacles. Et si la réforme des retraites a montré qu’il était possible de mobiliser collectivement, elle a aussi montré que le gouvernement n’écoutait pas. Quand les gens ne se sentent pas entendus, ils peuvent se tourner vers les extrêmes, en particulier l’extrême droite, pour contester, même s’ils ne partagent pas nécessairement toutes les idées de ce bord politique.

PCF Européennes

Blois Capitale : Très vite le PCF a décidé de faire sa liste pour les Européennes, hors de la Nupes, pourquoi ?

Emmanuel Leonard : Lorsqu’on compare les programmes, on se rend compte que ceux-ci sont très différents. Pour les législatives, on avait fait la Nupes en mettant en avant les points d’accord, et nous avions laissé de côté ceux sur lesquels il y avait des désaccords ou des nuances. Mais les différences sont tellement marquées et ancrées au niveau européen que cela rendait impossible la création d’une liste commune. Personnellement, je suis plutôt favorable à cette approche d’union car je considère qu’on n’y arrivera pas en agissant seuls. Toutefois, pour les élections européennes, je ne vois pas d’autre option fiable.

Blois Capitale : Pourtant vous pourriez, PCF et LFI, vous retrouver dans le même groupe au Parlement européen… Quelles sont vos différences ?

Emmanuel Leonard : Il y a des aspects qui nous séparent. Sur les questions énergétiques déjà, nous sommes favorables à un mix énergétique qui inclut le nucléaire, alors que LFI y est complètement opposé. Il y a des différences sur l’expression autour des questions liées à la guerre en Ukraine et la Palestine. Nous avons aussi des différences de positionnement, par exemple, sur la question du pouvoir d’achat. Non pas sur l’objectif final, mais sur la manière d’y parvenir. Globalement, il y a de très fortes différences dans la manière d’agir, au-delà même des politiques à mettre en place. Les façons de faire sont très différentes, probablement aussi pour des raisons historiques, car nous avons des élus depuis longtemps. LFI est lui très disruptif. Nous aussi, nous voulons changer des choses du côté de l’Union européenne, mais nous, nous sommes plutôt pour changer l’UE. On peut se demander si ce qu’ils veulent, c’est changer… ou en sortir. Nous voulons changer l’UE, notamment sur les questions de souveraineté des États et des accords de libre-échange. Nous considérons que ce qui est en place actuellement ne fonctionne pas du tout, mais pour nous, cela n’induit pas une potentielle sortie de l’Union.

Blois Capitale : Vous souhaitez des référendums européens, de la démocratie participative, sur quelles questions par exemple ?

Emmanuel Leonard : Le pouvoir doit revenir aux électeurs, donc tous les sujets peuvent être abordés via le référendum. Néanmoins, il est crucial de bien formuler les questions. Par exemple, les traités de libre-échange, qui concernent toutes les nations, sont des sujets parfaitement adaptés à un référendum, respectant ainsi la démocratie et les décisions collectives.

Blois Capitale : Au sujet de l’Ukraine vous demandez à chercher un traité de paix, et vous vous placez contre la course à l’armement. Comment est-il possible aujourd’hui de négocier avec Poutine ?

Emmanuel Leonard : Historiquement, toutes les guerres finissent par des négociations. C’est de la diplomatie. Concernant les budgets nationaux pour l’armement, il est essentiel de ne pas entrer dans une course aux armements. Après la fin de la Guerre Froide, notamment avec le nucléaire, il y a eu une baisse des armements. Cependant, avec l’augmentation des tensions économiques et prochainement environnementales, nous observons une nouvelle montée. Il est crucial de réduire ces tensions, ce qui nécessite des négociations et des échanges, en traitant tous les pays sur un pied d’égalité. En France, même si nous renforçons notre armement, nous n’avons pas la capacité de rivaliser à l’échelle de la Chine ou des États-Unis. Renforcer notre armement avec nos 60 millions d’habitants ne changera pas fondamentalement la dynamique avec ces pays très peuplés. Nous ne devons donc pas exagérément augmenter nos budgets militaires.

Concernant la situation entre Israël et la Palestine, notre position est de défendre une solution à deux États, ce qui est une approche historique pour nous et que nous considérons comme la seule solution viable. Il est nécessaire d’établir un État palestinien viable à côté de l’État d’Israël. La situation actuelle est complexe, particulièrement en temps de guerre, mais il est essentiel de revenir aux frontières de 1967, qui devraient servir de base pour les négociations. Nous ne soutenons ni la position du Hamas, qui est considérée comme une organisation terroriste, ni celle du gouvernement israélien actuel, qui est d’extrême droite et qui, selon nous, exploite également la situation pour mener une guerre dans des conditions plus que discutables, notamment en ciblant les populations civiles. Il est également important de souligner qu’il n’y a pas que la bande de Gaza qui est affectée. On parle moins des problèmes en Cisjordanie, où des colons israéliens s’en prennent aussi aux populations civiles palestiniennes. C’est une partie du conflit qui mérite également attention et résolution dans le cadre de ces négociations.

Blois Capitale : Traditionnellement les communistes veulent un Etat puissant. Y compris dans le cadre d’une réindustrialisation ?

Emmanuel Leonard : La relocalisation est nécessaire, et nous pensons que certaines entreprises stratégiques, dans les secteurs des médicaments, des banques voire de l’automobile, devraient être nationalisées. Ces entreprises ne peuvent pas être laissées entre les mains privées car elles jouent un rôle crucial pour l’intérêt général, notamment pour éviter les spéculations comme celles qui ont fait flamber les prix il y a deux ans dans l’énergie. Elles doivent être gérées par l’État, car elles concernent tout le monde, tout le temps.

Blois Capitale : Quels sont vos grands axes au sujet de la fiscalité ?

Emmanuel Leonard : Parmi les grands axes, il y a la taxation des très hauts revenus. Cela peut inclure un ISF à l’échelle européenne. Il peut également y avoir une taxation des superprofits des entreprises, particulièrement ceux qui sont démesurés. Surtout si l’on regarde les dividendes versés aujourd’hui, qui ont augmenté de façon exceptionnelle, notamment en France, même comparés à des pays libéraux capitalistes comme les États-Unis ! Il y a aussi un vrai problème avec les entreprises du secteur de l’énergie qui s’enrichissent par la spéculation aux dépens des salariés, voire de toute la population française. Ce phénomène ne peut pas rester sans conséquence fiscale, car il est nécessaire de redistribuer les moyens à l’échelle de l’État. Et puis il y a des pays comme l’Irlande, le Luxembourg, et même les Pays-Bas, qui offrent des avantages fiscaux, et qui sont, toutes proportions gardées, de mini paradis fiscaux. Ce n’est pas quelque chose qui peut changer du jour au lendemain, mais c’est un problème majeur. Cela résulte d’une concurrence entre les États pour attirer les entreprises, et il est crucial d’harmoniser.

Blois Capitale : En termes d’écologie quel est votre cap ?

Emmanuel Leonard : Nous mettons en avant la nécessité d’un mix énergétique cohérent. Nous ne pourrons pas développer les voitures électriques sans une quantité suffisante d’électricité, ce qui implique d’investir à la fois dans le nucléaire pour maintenir notre capacité actuelle et dans le développement des énergies renouvelables. Il est aussi essentiel de remplacer les centrales nucléaires vieillissantes pour garantir l’énergie nécessaire. Notre position est qu’il faut un investissement équilibré, sans privilégier exclusivement le nucléaire, car les énergies renouvelables, bien que souvent intermittentes à l’exception de la géothermie, sont également cruciales. La sobriété ? Nous ne soutenons pas prioritairement la vision de consommer moins d’énergie. Si l’on souhaite relocaliser les industries, il est nécessaire d’avoir suffisamment d’énergie. La question est de savoir s’il est préférable de relocaliser les industries en France et d’utiliser l’énergie ici, ou de laisser les entreprises en Chine et importer les produits. Nous pensons que la première option est préférable.

Blois Capitale : Sur le sujet de l’immigration, le PCF soutient-il l’organisation du secours en Méditerranée, la régularisation massive, la création de voies légales ?

Emmanuel Leonard : Il est inhumain de laisser des populations se noyer en mer Méditerranée. C’est fou ! La solution à long terme réside dans le développement des pays d’origine des migrants et dans la promotion de la paix, car tout est lié. Nous devons intégrer correctement les personnes qui arrivent sur notre territoire. L’immigration n’est pas un problème en soi ; elle a toujours existé en Europe. La vraie question est de savoir comment gérer et intégrer les populations arrivantes. Si des personnes sont en situation illégale et qu’il est décidé qu’elles ne peuvent pas rester sur le territoire, nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours. Mais cela ne doit pas être traité de manière inhumaine. Il faut trouver un équilibre. Nous soutenons la régularisation des personnes déjà présentes, mais pas de manière folle. Et il n’y aura pas d’appel d’air comme le prétend le Rassemblement National. Enfin, le processus de demande d’asile doit être accéléré. Actuellement, il prend un temps excessif, empêchant les gens de travailler en attendant une décision, ce qui crée une situation intenable. Si le processus était plus rapide, cela faciliterait l’intégration et réduirait les tensions.

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