Fanny Bugnon reçoit le Prix Augustin Thierry

À la Halle aux grains de Blois, ce dimanche 13 octobre 2024, dans le cadre de la clôture des Rendez-vous de l’Histoire, un public attentif a assisté à la remise du Prix Augustin Thierry à Fanny Bugnon, historienne de l’Université de Rennes II. Ce prix, soutenu par la ville de Blois, récompense annuellement un ouvrage d’histoire contemporaine qui a marqué l’année par son originalité et sa profondeur d’analyse.
Cette année, le prix a été décerné pour l’ouvrage « L’élection interdite : itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne », publié aux éditions du Seuil. Le livre explore l’histoire remarquable de Joséphine Pencalet, élue au conseil municipal de Douarnenez en 1925 sur une liste communiste, dans une époque où les femmes en France n’avaient pas encore le droit de vote.

« À l’automne 1924, une grève des Sardinières éclate à Douarnenez, un événement peu connu qui a vu des femmes défier non seulement leurs employeurs mais aussi un système politique qui leur était largement défavorable », explique l’auteure pendant son discours de réception. Elle ajoute : « Joséphine Pencalet, née en 1886 et morte en 1972, fut l’une de ces femmes courageuses. Son élection, bien que rapidement invalidée, représente un tournant majeur pour les droits des femmes en France. »
La grève de Douarnenez, qui a duré 46 jours, est célèbre pour avoir marqué les esprits par la détermination de ces ouvrières à obtenir de meilleures conditions de travail et un salaire équitable, souligne Fanny Bugnon. « Elles touchaient 80 centimes de l’heure, le prix d’un litre de lait à l’époque. Cette grève illustre la misère et le courage, des thèmes qui résonnent encore aujourd’hui. »
La cérémonie a également été l’occasion de rappeler le contexte juridique et social de l’époque. « Élue grâce à une faille juridique qui n’interdisait pas explicitement aux femmes de se présenter, Joséphine Pencalet a ouvert une brèche, même si elle fut refermée peu après par une décision de la section du contentieux du Conseil d’État, qui n’avait pas anticipé une telle situation et a dû adapter ses formulaires exclusivement masculins pour y inclure une femme », explique Bugnon.
L’historienne remercie les organisateurs des Rendez-vous de l’Histoire et la ville de Blois pour cette distinction, ainsi que les éditions du Seuil pour leur soutien éditorial. « C’est une reconnaissance non seulement pour Joséphine Pencalet mais pour toutes les femmes qui, comme elle, ont été reléguées au silence de l’histoire », conclut-elle.