Flavien Termet : « Cette année le RN a fait un strike »

Comme chaque année depuis quinze ans, Marine Le Pen, figure emblématique du Rassemblement National (RN), a clôturé sa pause estivale en inaugurant la grande braderie d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Cette journée a été l’occasion pour la cheffe de file du RN de positionner clairement son parti face au gouvernement actuel dirigé par Michel Barnier. « Nous n’accorderons pas de blanc-seing à Michel Barnier. Si les Français devaient à nouveau être maltraités ou censurés, nous n’hésiterons pas à censurer le gouvernement », a prévenu Marine Le Pen lors de son discours de rentrée.

En ce dimanche de rentrée politique pour le Rassemblement National, et plus largement dans les fédérations, le benjamin de l’Assemblée nationale, Flavien Termet (22 ans, première circonscription des Ardennes), était à Blois, pour une réunion avec Michel Chassier, Marine Bardet, Virginia de Oliveira, et autres cadres et militants du RN en Loir-et-Cher.

« Nous avons fait un strike dans le paysage politique actuel »

« Cette rentrée politique est importante, parce que l’Assemblée nationale est plus divisée que jamais. Aujourd’hui, bien malin celui qui peut dire où va le pays, comment il sera gouverné, avec quelle majorité, quel programme. Bien malin celui qui peut le dire. Dans cette situation, nous devons aller voir nos adhérents dans les fédérations pour leur expliquer la ligne de conduite du RN dans les mois à venir », explique le jeune député, enjoué par 2024, une année marquante pour son parti à ses yeux : « Cette année, c’est un véritable strike pour le RN. Nous avons gagné les élections européennes, nous avons explosé les Républicains, mis fin à la Macronie, et nous nous sommes constitués en pivot à l’Assemblée nationale. En somme, nous avons fait un strike dans le paysage politique actuel. Aujourd’hui, nous sommes la seule force politique stable, cohérente et puissante. Les autres partis sont obligés de s’allier pour nous contrer. »

Les tensions au sein d’un hémicycle, Flavien Termet les a vécues sans tarder. Lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale en juillet dernier, plusieurs députés de gauche, notamment ceux du groupe La France Insoumise (LFI), ont refusé de serrer la main de Flavien Termet. En tant que benjamin de l’hémicycle, celui-ci avait la tâche de superviser le scrutin. Ce refus a pris des formes variées, allant de provocations verbales à des gestes plus ludiques, comme le fait de mimer un jeu de « pierre-feuille-ciseaux ». Il raconte : « Une partie de la gauche, notamment sous la coupole de LFI, a refusé de serrer la main à deux personnes : Hanane Mansouri, et moi-même. Cela en dit long sur leur état d’esprit plutôt que sur le nôtre. Cette attitude révèle un état d’esprit anti-républicain qui mélange affaires politiques et personnelles. » Et il ajoute : « Je pense que la politesse est un élément essentiel pour faire tenir une société. Le jour où l’on considère ses adversaires politiques non plus comme des adversaires mais comme des ennemis qu’il faudrait éviter ou éliminer, c’est là que l’on provoque les plus grandes dérives. »

Une vigilance accrue à l’égard de Michel Barnier

Comme Marine Le Pen, le député du RN se montre vigilant quant à la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre : « Michel Barnier ne bénéficie pas d’un blanc-seing. Si nous n’allons pas voter la motion de censure a priori, c’est parce que nous attendons son discours de politique générale. Nous serons intransigeants sur les attentes de nos électeurs, notamment sur la sécurité, l’immigration, le pouvoir d’achat et les retraites. Si le gouvernement ne tient pas compte de ces priorités, nous voterons la censure. »

Lorsque l’entretien se tourne vers la relation entre le RN et certains élus des Républicains, Flavien Termet est clair : « Le problème chez Les Républicains, c’est qu’il y a plusieurs courants au sein d’un même mouvement, donc c’est compliqué. »

Un pouvoir de contrôle à l’Assemblée nationale

En réponse à une question sur la capacité du RN à influencer les décisions à l’Assemblée, Flavien Termet confirme que son groupe joue un rôle pivot : « Nous n’avons pas le pouvoir de gouverner, mais nous avons un pouvoir de contrôle. Et en même temps, c’est le rôle du Parlement de contrôler le gouvernement. »

Et le député rappelle que l’abrogation de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron est toujours une priorité pour le RN : « Nous avons toujours notre projet sur les retraites, avec un départ progressif de 62 à 64 ans. L’abrogation de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron est toujours à l’ordre du jour, et elle sera proposée dans notre niche parlementaire le 31 octobre. »

Candidate RN dans la 1ere circonscription de Loir-et-Cher lors des législatives anticipées, Marine Bardet réagit : « Il y a pratiquement 11 millions d’électeurs qui ont voté pour nous. Peut-être qu’ils ne sont pas d’accord avec tout le programme, mais ils nous ont fait confiance. Nous devons leur rendre cette confiance en leur montrant que ce qui prime pour nous, c’est leur intérêt, et pas des postes ou des salaires de députés. Ce qui nous importe, c’est de défendre les intérêts des Français. »

Un appel au référendum

Dans cette perspective, le député du Rassemblement National se prononce en faveur de l’utilisation plus large du référendum, notamment sur des questions comme l’immigration : « Nous avons toujours promu le référendum, même si le dernier qui a eu lieu en France a été bafoué par Nicolas Sarkozy. Donc, je fais peu confiance à la droite ou au centre pour organiser un référendum et encore moins pour respecter son résultat. Mais si Michel Barnier veut utiliser cet outil, nous nous en réjouirons. Nous avons d’ailleurs déjà préparé un texte de loi sur l’immigration, prêt à être présenté en référendum. Si le gouvernement veut s’en saisir, il est à leur disposition. »