La fermeture de l’usine historique Poulain choque

L’onde de choc est palpable. L’usine Poulain, un fleuron de l’industrie chocolatière situé à Villebarou, près de Blois, va bientôt cesser ses activités, mettant en péril 109 emplois. Cette annonce, qui, comme le rapporte l’AFP – suite à un information de La Nouvelle République vendredi – sera officiellement relayée aux représentants du personnel jeudi prochain (réunion l’ordre du jour du CSE à venir), vient marquer la fin d’une ère pour le territoire.
Fondée en 1848 par Victor-Auguste Poulain, l’entreprise a longtemps été un symbole de l’industrie locale. Cependant, selon la direction de Carambar & Co, qui détient la marque, le site de production va fermer ses portes à la fin de l’année, faute de « solution industrielle de nature à pérenniser l’activité du site ».
Cette décision survient après une délocalisation partielle en 2023 de la production des poudres chocolatées, représentant 18 % de l’activité du site. Malgré un soutien de 200.000 euros reçu de l’État dans le cadre du plan de relance, la pression concurrentielle et l’augmentation des coûts de la fève de cacao ont finalement eu raison de l’usine. Tony Anjoran, délégué syndical de la CGT, exprime son amertume auprès de l’AFP : « On l’a en travers de la gorge, ils auraient aussi pu attendre quelques mois et choisir de vendre le site. » De son côté, la direction assure qu’elle est « déterminée à accompagner chacun des salariés concernés vers un nouvel emploi », un engagement qui sera au cœur des discussions du prochain CSE.
Le ministre de l’Agriculture et élu du Loir-et-Cher, Marc Fesneau, ainsi que la Communauté d’agglomération de Blois, ont exprimé leur plein soutien aux salariés affectés. Ils exigent que des mesures d’accompagnement qualitatives soient mises en place par le groupe Carambar & Co.
Ce samedi matin, Marc Gricourt, maire de Blois, a réagi en ces termes : « Après une nuit passée, nous sommes, je suis, encore plus sous le choc ! Certes il y a des réalités économiques mais elles sont aussi souvent conjoncturelles. Comment imaginer la fin de cette marque ou la production Poulain ailleurs qu’à Blois ? C’est l’Histoire d’un homme de génie, l’Histoire d’une marque, l’Histoire d’une ville, d’un territoire, l’Histoire de milliers de femmes et d’hommes salariés de l’entreprise. C’est une part de notre ADN. Nous avons rencontré en début d’année Monsieur Marc Auclair le PDG et avec du recul ce fut un moment d’information pessimiste mais de charme et d’enfumage car je suis certain que la décision était déjà prise. Je suis persuadé que toutes les pistes n’ont pas été explorées, déjà celle à court terme d’une réduction des effectifs pour diminuer les coûts de production, relancer comme prévu de nouveaux produits, travailler sur le marketing… et se donner un peu de temps. Il s’agit certes d’une entreprise mais c’est un patrimoine commun et la large mobilisation reste possible pour une pression sur ces actionnaires loin de nous, loin de cette histoire, loin des salariés. »
La fermeture de l’usine Poulain n’est pas seulement la perte d’emplois mais aussi la disparition d’un patrimoine industriel local significatif, soulignant les défis auxquels sont confrontées les industries traditionnelles dans une économie globalisée et fluctuante.