Le sort du Grand Bleu transcendé par Arnemo

Alors que l’automne cède la place à l’hiver, le mois de novembre souvent maussade se trouve illuminé par les propositions de la Galerie d’Art Wilson, à Blois. Le 23 avenue du Président Wilson devient toujours plus le lieu de rendez-vous des amateurs d’art à la recherche d’une expérience immersive.
Jusqu’au 2 décembre, la galerie déroule le tapis rouge à une collection d’artistes. Parmi eux, on retrouve Arnemo, connu à l’état civil sous le nom de Bruno Bodin. Cet artiste énigmatique, qualifié d’« anonyme de l’art », invite le public dans un voyage à travers ses œuvres qui font dialoguer l’héritage de l’art rupestre aborigène avec des représentations questionnantes du Grand Bleu.
Lors d’une interview à la galerie, Arnemo s’est confié sur son parcours autodidacte, ses inspirations et les messages cachés derrière ses toiles. « Je m’étais toujours intéressé au graphisme, réalisant des travaux pour des amis et des associations. Mais ce n’est qu’en Australie que j’ai découvert une autre forme d’expression qui m’a profondément influencé,« explique-t-il, évoquant son séjour de huit ans dans le pays-continent.
Arnemo a su tirer parti de l’art rupestre aborigène pour forger une signature artistique qui lui est propre. « Après mon retour en France, j’ai continué à explorer et à m’exprimer à travers une forme néo-aborigène très personnelle, » dit-il. Mais son travail ne se limite pas à une seule influence : « J’alterne entre le semi-figuratif et le figuratif, explorant les perspectives et les narrations. »

L’une des grandes réussites d’Arnemo est sa série sur « les grands Bleus », née d’un heureux accident artistique qui a transformé un tableau de forêt en une vision abyssale d’un récif sous-marin. Ce tableau, développé en public lors d’une précédente exposition, symbolise la fluidité et l’adaptabilité de son art.
L’artiste exprime également une conscience écologique à travers ses toiles. « Les océans sont aujourd’hui menacés par une pollution effrénée, et à travers mes œuvres, je cherche à sensibiliser le public à cette réalité, » affirme-t-il avec gravité. Ses œuvres sont une métaphore de la fragilité de l’écosystème marin, où les méduses et les coraux blanchis servent d’alerte à un danger imminent.
Arnemo ne cesse de nous surprendre en alternant les thèmes et les techniques. « Quand je m’asphyxie avec le sujet du grand bleu, je me ressource dans la représentation de scènes de vie quotidienne, » partage-t-il. Ce contraste riche entre le monde sous-marin et la vie de tous les jours crée une résonance unique qui définit son œuvre. Mais c’est le Grand Bleu qui s’expose à Wilson.