[Municipales] Comment Mathilde Desjonquères veut “retisser une ville fracturée”

Ce jeudi soir, l’étage des Burgers d’Annie, en centre-ville, était comble. Une soixante de personnes étaient venues à la rencontre de Mathilde Desjonquères (MoDem) et Pierre-Gilles Parra (LR), pour le compte de la liste de centre et de droite Unis pour Blois. le thème : Redessinons ensemble la ville de demain.
Tête de liste, Mathilde Desjonquères développe une partie de sa vision pour Blois. Elle commence par un constat : « Aujourd’hui, nous avons une ville qui est complètement fracturée. » Elle rappelle que la division historique en trois blocs — Vienne, centre-ville, quartiers nord — ne décrit plus la réalité. Désormais, la situation est plus grave à ses yeux : Cabochon / Quinière, dit-elle, est aujourd’hui « complètement en train de lâcher », comme un tissu urbain qui se défait par ses coutures. Le centre-ville « perd toujours plus d’habitants », dans un mouvement continu de retrait. Quant aux quartiers nord, elle évoque une situation loin d’être satisfaisante, révélatrice d’une fragilité profonde. Et le basculement récent du secteur Cabochon–Quinière en zone prioritaire vient souligner la gravité du moment, là où « il y a dix ans, il n’y en avait qu’un seul ». « Il y a un vrai sujet », répète-t-elle. Face à ce morcellement, elle propose un verbe : retisser.
Retisser, dit-elle, c’est chercher à faire ville autrement, en passant par ce qu’elle nomme « l’urbanisme culturel ». Il ne s’agit pas d’un urbanisme technique ou administratif, mais d’un urbanisme sensible, guidé par les usages réels, par la manière dont les habitants vivent les espaces, leurs parcours, leur désir de circulation. Elle appelle cela « reconstruire un territoire ».
Pour elle, Blois repose sur deux « pépites », deux forces structurantes autour desquelles retisser l’unité : le Château royal et la Loire. Deux puissances symboliques et matérielles qui devraient converger, mais qui aujourd’hui « ne dialoguent plus ».
Elle imagine une continuité, une coulée verte qui partirait non loin la gare, traverserait le vide actuel, puis rejoindrait le Jardin des Lices, un espace « qui ne ressemble pas à grand chose », avant de remonter jusqu’à la terrasse du château par un accès naturel, à l’angle des ailes François Ier et Gaston d’Orléans, en recréant la passerelle qui existait autrefois. Elle la voit comme un geste simple, presque évident : « C’était comme ça avant, et ça fonctionnait bien. »
La place du Château, dit-elle, est aujourd’hui « lugubre » et « affligeante » pour une ville dotée d’un patrimoine de cette envergure. L’enjeu consiste à transformer le Château en lieu vivant, traversable, quotidien. Elle évoque la création d’un Pass “Vivre ma ville”, permettant aux habitants de passer par le Château sans payer l’entrée, comme on traverse une place ou un parc. « On reprend ce qu’était le château au début : un lieu de passage et un lieu de vie. On traverse. On va tout droit. »
Elle insiste aussi sur la nécessité de repenser la signalétique, aujourd’hui défaillante : « Trouver l’entrée du château, c’est une évidence pour nous, mais pas pour beaucoup de gens qui visitent. » L’accessibilité n’est pas seulement logistique, dit-elle : elle est psychologique, symbolique, sociale. La question des parcours mène à celle du train. « Effectivement, c’est très compliqué d’aller à Paris depuis Blois et de Paris à Blois », dit-elle avant de tacler le maire : « Quand j’entends Marc Gricourt fataliste sur le train… il est quand même premier vice-président de la Région. C’est toujours la faute des autres. À un moment donné, il a le droit de monter au créneau. » La candidate de Unis pour Blois rappelle l’enjeu économique : Elle parle d’ « une énorme manne touristique et financière pour le territoire. »

Pour illustrer son propos, Mathilde Desjonquères rapporte les mots d’un chef d’entreprise blésois, quadragénaire et père de famille : « Je ne viens jamais le samedi en centre-ville. Blois aujourd’hui, c’est triste. La place du Château est défoncée, c’est compliqué de se garer, il n’y a plus de commerçants. Je n’ai pas envie de vivre cette expérience. » Donc le public va au pratique, les zones commerciales, regrette l’élue.
Pour la candidate à la mairie de Blois, il faut s’intéresser au concept de UX design. C’est à dire comprendre comment les gens vivent et se déplacent réellement, non comment on voudrait qu’ils vivent. La question du stationnement devient alors centrale à ses yeux. Elle défend un parking silo végétalisé sur le site de l’ancienne piscine — environ deux cents places — avec des façades traitées en bois et en verdure, comme elle en a vu au Canada. « Les gens ne veulent pas descendre sous terre pour se garer. Même quand on met deux heures gratuites, ils ne descendent pas. »
L’autre vecteur de reconquête urbaine en centre-ville est la Loire, estime Mathilde Desjonquères. Elle ne veut pas d’un fleuve transformé en décor, mais en espace culturel : « Pour exploiter la Loire d’une manière différente, il faut passer par l’art contemporain et par l’art hors les murs. » Elle appelle à étendre ce qui existe déjà sur les berges, côté sud, aujourd’hui « en petit » et « pas assez valorisé ». Retisser les parcours. Retisser les usages. Retisser ce qui permet à une ville d’être habitée de l’intérieur plutôt que contournée de l’extérieur. Voici les premières propositions très concrètes de cette liste « Unis pour Blois ».


