Peindre la France à tout âge : une exposition dans le Quartier des Arts à Blois
Dans le Quartier des Arts, à Blois, certaines vitrines de commerces ont quelque chose en plus dans la veine des Vitrines de l’Art connues en 2023 et 2024. La rue Saint-Lubin, la rue des Fossés du Château et la rue des Trois-Marchands accueillent, jusqu’au 25 octobre, une exposition singulière où se mêlent les regards d’enfants, d’adolescents et d’adultes. Intitulée Peindre la France à tout âge, elle réunit les œuvres réalisées par les élèves de l’atelier de dessin et de peinture de l’association Art et Loisirs de Saint-Laurent-Nouan, sous l’impulsion de Dominique Morand et avec l’accompagnement de la Galerie Dominique à Blois.
Le projet, porté depuis plusieurs mois, a demandé à chaque élève de travailler sur une toile en lien avec un thème commun : la France. Certains ont choisi d’exprimer une vision très personnelle, d’autres se sont tournés vers l’histoire ou vers des motifs emblématiques. Les enfants et adolescents, collégiens et lycéens, ont uni leurs forces autour de deux grandes compositions collectives. Dans une toile moyenne, Raphaël, élève de CM2, et Timéo, en sixième, ont livré une création libre et spontanée, aux motifs qualifiés de « scolaires », mais qui traduisent justement la simplicité et l’innocence du regard enfantin. Sur une toile de plus grande dimension, Hanae et Morine, toutes deux en cinquième, Hugo, élève de quatrième, et Juliette, en terminale, ont associé leurs univers et leurs traits pour composer un tableau commun. Là encore, Dominique Morand insiste : elle n’a exercé aucune influence sur leurs choix. Les jeunes artistes ont sélectionné eux-mêmes les images ou dessiné de leur propre initiative.
Chez les adultes, la diversité des approches se révèle tout aussi marquante. Certains ont imaginé des compositions originales, d’autres ont choisi d’assembler des motifs personnels ou glanés ailleurs, parfois sur internet. D’autres encore se sont essayés à la copie, explorant par ce biais un apprentissage classique et assumé. L’une des œuvres les plus remarquées a vu le jour à partir d’images générées par intelligence artificielle : une élève a demandé à l’IA de produire une représentation de la Tour Eiffel dans l’esprit post-impressionniste, puis elle a sélectionné, transformé et peint à partir de ce matériau. Le résultat, exposé chez le photographe Louis Defer, 5 Rue des Trois Marchands, interroge le dialogue entre tradition picturale et technologies nouvelles.
La promenade dans les rues du quartier permet ainsi de découvrir une quinzaine de toiles d’adultes et deux compositions collectives d’enfants. Certaines pièces s’observent de l’extérieur, posées en vitrine, mais il faut parfois franchir le seuil des boutiques pour les découvrir pleinement. Chez Herbacadabra, l’herboriste, se trouvent notamment les grandes toiles des enfants, accompagnées d’autres œuvres représentant un jardin à la française, une Marianne et une Semeuse. Chez Mode et Chapeaux, ce sont trois toiles qui attirent le regard : un French cancan, une Marianne et une composition inspirée des Mariés de la Tour Eiffel de Chagall, où l’élève a modifié l’architecture parisienne pour y faire apparaître trois Marianne dans le ciel.
Au Bar Hérisson, l’une des toiles illustre « la Cité de Paris ». Au bar Saint-Lubin, on aperçoit le nouveau coq de Notre-Dame, traité dans une veine contemporaine et entouré d’une bouteille de vin et d’un général de Gaulle bras tendus. Dans les restaurants de la rue Saint-Lubin, ce sont des natures mortes qui ponctuent les repas, l’une figurant fromage et vin rouge, l’autre saucisson et vin rouge.
Les symboles de la France se déploient ainsi de manière foisonnante et parfois inattendue Les thèmes choisis – Marianne, la Tour Eiffel, le coq gaulois, le vin, les paysages classiques – révèlent un imaginaire commun où se mêlent patrimoine, symboles et culture populaire.
