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Tout savoir sur l’exposition « Mascara·des ! » à la Fondation du doute

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Une exposition temporaire et collective à la Fondation du doute – jusqu’au 11 mai 2025 – Accès gratuit du mercredi au dimanche de 14h à 18h.

À Blois, la Fondation du doute a lancé son année 2025 avec « Mascara·des ! », une exposition collective réunissant six artistes contemporains autour du thème du masque, de la mise en scène et de la métamorphose de soi. Un sujet qui trouve un écho particulier dans une époque où l’injonction à « être authentique » est omniprésente, questionnant le rapport entre identité et représentation.

Pour Gilles Rion, directeur de la Fondation du doute et commissaire de l’exposition, cette édition marque une rupture par rapport aux précédentes : « Nous avons fait le choix d’un nombre restreint d’artistes afin que chacun puisse véritablement déployer un univers propre. L’objectif était d’entrer dans leur monde, de ne pas se contenter d’un accrochage d’œuvres juxtaposées, mais de créer une expérience immersive. »

Loin d’une simple réflexion carnavalesque sur l’inversion des rôles, l’exposition interroge le masque comme dispositif de subversion et outil de construction identitaire.

Cimarron

Charles Fréger – Cimarron, une mémoire masquée

Depuis plus de vingt ans, Charles Fréger explore les mascarades à travers le monde, documentant des traditions où le masque joue un rôle central dans la structuration des identités collectives.

Avec Cimarron, sa série réalisée entre 2014 et 2018, le photographe dresse un inventaire des mascarades afro-descendantes pratiquées principalement en Amérique latine et aux États-Unis. « Le mot « cimarron » désigne initialement l’esclave fugitif dans le monde colonial hispanique. Derrière cette figure de l’homme noir insurgé, se déploie toute une tradition de mascarades qui mêlent cultures africaines, indigènes et coloniales », explique Gilles Rion.

Loin d’un simple folklorisme, l’artiste met en lumière le rôle subversif et politique du masque. « On trouve des traces de résistance à l’oppression, mais aussi des réinterprétations de figures imposées par la culture coloniale », poursuit-il. Ainsi, les participants, souvent descendants d’esclaves, se réapproprient des éléments du christianisme, du vaudou ou des rites amérindiens pour brouiller les frontières entre domination et émancipation.

Cimarron

Stéphane Goldrajch – Devenir Yōkai, une identité en mouvement

L’artiste belge Stéphane Goldrajch explore le masque à travers le textile et la performance, utilisant ces médiums comme outils de rencontres et de transmission. « Ce qui m’attire dans le textile, c’est son mode de transmission oral. On peut apprendre sur YouTube, mais rien ne vaut l’échange direct avec quelqu’un qui nous enseigne un savoir-faire », confie l’artiste.

Pour « Mascara·des ! », il présente Devenir Yōkai, un projet initié lors d’un voyage au Japon en compagnie de la photographe Myriam Rispens. L’idée : partir avec un costume neutre, sans identité, et le laisser se construire au gré des rencontres. « On a parcouru le Japon sans savoir où on allait dormir le soir. À chaque étape, je portais ce costume et on demandait aux gens : quel est votre Yōkai préféré ? », raconte Goldrajch.

Stéphane Goldrajch

Les récits collectés ont ensuite été traduits en aquarelles, puis transformés en pièces crochetées, matérialisant cette hybridation culturelle en constante évolution. « Ce n’est pas de l’appropriation culturelle, c’est une manière de mettre en avant une culture qui me fascine, en respectant ceux qui me la transmettent. D’ailleurs, avant d’exposer, je demande toujours l’avis des personnes qui ont contribué au projet. »

Romuald Jandolo

Romuald Jandolo – À la chandelle, la chèvre semble demoiselle

Avec À la chandelle, la chèvre semble demoiselle, Romuald Jandolo détourne l’imaginaire du Ku Klux Klan en y injectant une dimension burlesque et queer. « Ce qui m’intéressait, c’était le rapport à la cagoule, qu’on retrouve aussi bien dans certaines communautés homosexuelles que dans des sociétés secrètes criminelles », explique-t-il.

Dans son installation, des figures vêtues de costumes chatoyants – clin d’œil aux drag queens des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence – tournent sur elles-mêmes, suspendues à des moteurs de boules à facettes, et même pendues. « Elles sont prises dans un mouvement cyclique, rappelant la danse mystique des derviches tourneurs », détaille l’artiste. Entre mascarade festive et rituel oppressant, l’œuvre met en scène un jeu de renversement où l’oppresseur devient à son tour une figure grotesque et impuissante.

Aurore-Caroline Marty

Aurore-Caroline Marty – Willing Suspension of Disbelief

Artiste pluridisciplinaire, Aurore-Caroline Marty interroge le statut du décor et la frontière entre le beau et le kitsch. « Je suis fascinée par la manière dont les contes de fées ont été édulcorés à travers les siècles. Avant Disney, il y avait Perrault, avant Perrault, Giambattista Basile, et avant Basile, des récits chinois bien plus sombres et dérangeants », souligne-t-elle.

Avec Willing Suspension of Disbelief, elle revisite le mythe de Cendrillon à travers un soulier en pâte de verre, marqué par des empreintes de doigts, brisant l’image du conte de fées immaculé. « Ce soulier n’a plus rien de séducteur. Il est brut, presque pathétique. » L’ensemble de son installation dans le cadre de « Mascara·des ! » joue sur l’ambiguïté entre rêve et cauchemar, interrogeant les attentes du spectateur face aux récits enchantés.

Fondation du doute

Dominique Théate – Domin’Hick, Barbarella & les autres

Dans un registre à mi-chemin entre art brut et pop culture, Dominique Théate construit une mythologie personnelle où se croisent figures intimes et icônes médiatiques. « Il y a un glissement progressif entre son entourage réel et des figures comme Hulk Hogan ou Barbarella », explique Gilles Rion.

Fondation du doute

Son univers est peuplé de catcheurs musculeux, de femmes à barbe, et d’autoportraits aux légendes emphatiques. « C’est un travail qui tient autant de l’invention que de l’affirmation de soi », analyse le commissaire. Dans son œuvre, le masque devient un moyen de projection, abolissant les frontières entre fiction et réalité.

Fondation du doute

Messieurs Delmotte – Jeux d’illusions et d’absurde

Enfin, Messieurs Delmotte joue sur l’anonymat et la dérision, construisant des anti-portraits où le masque dissout l’identité individuelle. « C’est une tentative de disparition du sujet, une façon de jouer avec l’absurde et l’étrangeté », explique l’artiste. À travers vidéos, photographies et performances, il met en scène un personnage sans visage, oscillant entre burlesque et inquiétante étrangeté.

Messieurs Delmotte

Un parcours labyrinthique et immersif

Pensée comme une déambulation entre différents univers, « Mascara·des ! » brouille les pistes entre vérité et apparence, individualité et rôle social. Une exposition où chacun·e est invité·e à interroger son propre masque, sans forcément chercher à le quitter.

En complément de l’exposition Mascarade(s), la Fondation du doute propose une série de rencontres et performances artistiques permettant d’approfondir les thématiques abordées par les artistes exposés.

Rencontres et discussions

📅 Samedi 22 février, 16h00 – Café le Fluxus
Masque indien, identité noire : rencontre entre Charles Fréger et Aurélie Godet sur les Black Indians Mardi Gras.

📅 Samedi 15 mars, 16h00 – Café le Fluxus
Rencontre avec Rémi Baert et Marion Cazaux.

📅 Samedi 12 avril, 16h00
Visite commentée de l’exposition.

📅 Samedi 26 avril, 16h00
Discussion entre Aurore-Caroline Marty et Romuald Jandolo.

Performances – « Mascara·des ! »

📅 Vendredi 16 mai – Pavillon de la Fondation du doute
« Vodoun Paillettes », performance de Aurore-Caroline Marty.

📅 Samedi 17 mai – Maison de Bégon, Blois
« Étoiles partielles », performance de Nefeli Papadimouli (dans le cadre du festival Les Ranc’Arts 2025).

📅 Samedi 17 mai – Fondation du doute
« Entre », performance de Nawelle Aïnèche.

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