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Ce qu’était une « mort réussie » à l’antiquité, selon Claire Sotinel

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En cette fin de samedi chaud et ensoleillé du mois d’octobre, « réussir sa mort » était le thème posé au sein de l’hémicycle de la Halle aux grains de Blois, dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire bien sûr. Claire Sotinel, spécialiste de l’Antiquité, a expliqué l’approche que l’on pouvait trouver à cette époque.

« Concernant l’Antiquité, nos sources proviennent majoritairement de textes littéraires, a spécifié l’historienne. Tous les philosophes, quelles que soient leurs écoles philosophiques, se sont intéressés à la question de la mort, notamment à l’idée d’avoir une belle mort. » Elle a poursuivit en soulignant l’importance de cette question à travers les âges : « Cette question est au centre de nombreux travaux. On peut se demander à quel point la pensée des philosophes a influencé le comportement des gens de l’Antiquité. »

L’experte nous a rappelé que si nos sources actuelles documentent principalement une élite sociale des mondes grec et romain, cette réflexion était néanmoins omniprésente : « Autant que nous le sachions, cette réflexion sur la manière de mourir était très présente dans l’Antiquité et a influencé la pensée occidentale par la suite. »

Claire Sotinel a mis l’accent sur le fait que les penseurs antiques n’avaient pas une vision unidimensionnelle sur la question. « Il n’y a pas de doctrine unique, mais on peut identifier des éléments récurrents. » Elle a cité des figures emblématiques – Épicure, Platon, et Cicéron – pour illustrer l’importance accordée à surmonter la peur de la mort et le besoin de cohérence entre la vie vécue et la manière de mourir : « Le courage face à la mort, la patience, et la capacité à l’accepter sont fondamentaux. Un autre point important est que la mort est vue par ces philosophes comme le reflet de la vie. Une mort réussie ne devrait pas laisser de regrets au défunt. Cicéron, dans son traité sur la brièveté de la vie, insiste sur cette idée, tout comme d’autres philosophes. Accepter de mourir, c’est être satisfait de sa vie et ne pas avoir de regrets, que ce soit pour les épicuriens ou les stoïciens, qui croient que rien n’existe après la mort, ou pour les platoniciens, qui croient en la libération de l’âme après la mort. Mais il est également essentiel de laisser des regrets aux vivants et d’être commémoré par eux. Ceci est particulièrement caractéristique de l’Antiquité. »

L’historienne a enfin évoqué la mort d’Auguste, le premier empereur romain, décrite par Suétone. Auguste, conscient de sa mort imminente, passe ses derniers moments entouré de ses proches, « prononçant des mots mémorables, avant de mourir paisiblement ». Suétone précise que c’était le genre de mort qu’Auguste avait toujours désiré pour lui et sa famille, une « mort facile » utilisant le terme grec « euthanasia » pour la décrire. Ainsi, la belle mort peut prendre de nombreuses formes : une mort paisible, courageuse ou soudaine, mais elle doit toujours refléter la vie du défunt.

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