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Des agriculteurs en colère manifestent devant la préfecture à Blois

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Lundi 18 novembre 2024, en début de soirée, la FNSEA 41 et les Jeunes Agriculteurs (JA) du Loir-et-Cher ont organisé une mobilisation spectaculaire devant la préfecture, à Blois. Ce rassemblement, qui s’inscrit dans un mouvement national, visait à alerter sur les multiples crises que traverse le monde agricole : problèmes de trésorerie, gestion de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et négociations autour des accords du Mercosur.

Les manifestants ont recouvert les grilles de la préfecture avec des bâches noires sur lesquelles on pouvait lire des slogans chocs tels que « L’État brade votre santé contre des voitures ! » ou « Préparez-vous à bouffer de la merde ! » Ces messages, à la fois percutants et provocateurs, illustrent la colère des agriculteurs face à la potentielle importation de produits sud-américains qui, selon eux, ne respectent pas les normes sanitaires et environnementales imposées en France. Des bottes de foin ont été déposées devant le bâtiment, et une a été incendiée, symbolisant la gravité de leur situation.

agriculteurs en colère à Blois

François-Xavier Rone, président de la FNSEA 41, et Éloi Primaux, éleveur de brebis solognotes, ont exprimé leurs revendications et décrit avec précision les défis auxquels ils sont confrontés.

agriculteurs en colère à Blois

Un contexte économique et sanitaire tendu

Les difficultés rencontrées par les éleveurs, notamment liées à la fièvre catarrhale ovine (FCO) et à d’autres crises sanitaires comme la maladie hémorragique épizootique (MHE), sont au centre des préoccupations. Éloi Primaux, éleveur de brebis solognotes, décrit avec précision les impacts désastreux de la FCO sur son exploitation : « D’habitude, à cette période, nous faisons des échographies pour estimer les agnelages à venir. En moyenne, nous avons 1,6 agneau par brebis. Mais cette année, ce chiffre est tombé à 0,75, et les avortements se multiplient. Résultat : je ne vais quasiment pas avoir d’agneaux à la sortie. Or, les aides sont indexées sur le nombre d’agneaux produits. Avec une moyenne aussi basse, nous risquons de ne plus rien toucher. »

Les pertes en production signifient une réduction drastique des aides, ce qui met en péril la viabilité économique des exploitations. Éloi Primaux poursuit : « Les aides sont calculées selon une rétroprojection basée sur la production. Si nous n’atteignons pas les seuils de production minimum requis, elles sont diminuées. Cette situation est totalement injuste, car elle nous impose une double peine : des pertes animales et une réduction des subventions. »

Un accès limité aux vaccins et une gestion difficile des crises sanitaires

La gestion des maladies animales reste un problème majeur pour les éleveurs. Si la gratuité des vaccins contre la FCO-3 a été obtenue, les vaccins contre la FCO-8 restent indisponibles, laissant les éleveurs sans protection face à cette nouvelle menace. Éloi Primaux souligne : « Normalement, il n’y a pas d’indemnisation prévue pour la FCO-8, et les vaccins ne sont pas disponibles. Nous faisons face à une situation où nous ne pouvons ni protéger nos bêtes, ni espérer une compensation financière en cas de pertes. »

En plus des défis posés par les variants multiples de la FCO – une maladie transmise par un moucheron – la situation est aggravée par l’incapacité à anticiper l’évolution des maladies. « C’est comme la grippe, explique Éloi Primaux. Vous ne savez pas quel variant va frapper. Les vaccins ne sont pas croisés, et il faudrait presque avoir des vaccins prêts avant même que la maladie arrive. Mais comment anticiper cela ? Même les services vétérinaires ne peuvent pas prévoir. »

Trésorerie : des avancées, mais insuffisantes

Outre les crises sanitaires, la trésorerie reste un enjeu crucial pour les agriculteurs du Loir-et-Cher. François-Xavier Rone, président de la FNSEA 41, met en avant les progrès réalisés : « Après de nombreux mois d’alerte, nous avons obtenu des taux d’emprunt relativement bas : 2 % pour les jeunes agriculteurs et 2,5 % pour les autres. À Blancafort, Arnaud Rousseau nous a également parlé de taux à 1,75 %. Ces mesures vont permettre à certains de terminer leurs emblavements et de relancer leur activité. »

Cependant, ces efforts sont loin de suffire : « Nous avons obtenu environ 35 % des engagements que nous avions demandés en début d’année, mais cela reste insuffisant. Beaucoup d’agriculteurs n’arrivent pas à sortir de l’impasse. Les banques ont bougé, mais l’État doit en faire plus pour garantir la viabilité des exploitations, » ajoute François-Xavier Rone.

Des revendications pour l’avenir

Face à cette situation critique, les agriculteurs réclament des mesures concrètes pour garantir leur survie. François-Xavier Rone insiste sur l’importance des clauses miroirs dans les accords commerciaux, notamment avec le Mercosur : « On ne peut pas continuer ainsi. Nous avons des normes sanitaires et environnementales strictes, alors que les produits importés ne respectent aucune de ces exigences. C’est incompréhensible pour les consommateurs et inacceptable pour nous. L’agriculture ne peut pas être la variable d’ajustement des négociations commerciales. »

Éloi Primaux, quant à lui, plaide pour une reconnaissance des pertes comme cas de force majeure :
« Nous demandons que les pertes de production soient reconnues comme un cas de force majeure. Cela éviterait que nos aides soient supprimées sous prétexte que nous n’avons pas atteint les seuils de production minimum. Cette situation est injuste et met en péril nos exploitations. »

Sur le plan sanitaire, il appelle également à une plus grande réactivité dans la mise à disposition des vaccins : « Il faudrait un accès plus rapide aux vaccins et peut-être envisager une vaccination systématique sur des variants probables, même si cela reste difficile à mettre en place. »

Une colère qui monte

Les éleveurs et agriculteurs du Loir-et-Cher sont épuisés par des années de crises successives : « Aujourd’hui, nous sommes à bout. Nos animaux meurent, nos productions diminuent, et nous sommes pénalisés financièrement. C’est une situation intenable. » François-Xavier Rone met également en garde contre l’immobilisme : « Si les accords du Mercosur passent sans modifications significatives, la colère va monter. Nous devons continuer à mettre la pression sur le gouvernement et à rallier d’autres pays européens pour bloquer ces accords. »

agriculteurs en colère à Blois

Alors que les crises sanitaires, économiques et climatiques s’intensifient, les revendications des éleveurs et agriculteurs doivent trouver des réponses concrètes. Dans les jours à venir, la FNSEA 41 et les Jeunes Agriculteurs continueront à défendre leurs intérêts. Mais comme le rappelle Éloi Primaux : « Nous ne demandons pas des miracles, juste des solutions adaptées à notre réalité. Si l’État ne réagit pas rapidement, nous risquons de perdre bien plus qu’une saison. »

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