Gymnase Score : des inégalités d’accès au sport scolaire

Le SNEP-FSU 41 relaye les résultats alarmants de l’enquête « Gymnase Score », qui révèle de profondes inégalités d’accès aux équipements sportifs, compromettant gravement l’enseignement de l’EPS.
Dans l’année qui suit les Jeux olympiques de Paris 2024, la promesse d’un « héritage sportif pour la jeunesse » résonne comme un slogan creux pour les enseignant·es d’Éducation Physique et Sportive. À l’appui de ce constat, le SNEP-FSU, syndicat majoritaire de la discipline, a mené du mois de mars à début juin 2025 une vaste enquête intitulée Gymnase Score. Près de 4 000 établissements du second degré y ont participé, soit environ la moitié du parc scolaire concerné. Les résultats, présentés ce 23 juin, ont dressé un état des lieux préoccupant.
Des chiffres nationaux édifiants
Selon l’analyse du SNEP-FSU, 50 % des établissements sont aujourd’hui classés en catégorie D ou E, en raison notamment de l’éloignement des équipements, du nombre insuffisant de gymnases pour absorber les effectifs, ou de leur inadaptation à la diversité des pratiques attendues dans les programmes. Dans ces établissements, la qualité de l’enseignement de l’EPS se trouve fortement altérée, voire compromise.
La vétusté du bâti constitue un autre facteur majeur de dégradation. 81 % des gymnases recensés obtiennent une note située entre C et E, signalant des besoins criants de rénovation. Quant à l’apprentissage de la natation, il est totalement absent dans près de 700 collèges, soit environ 450 000 élèves qui ne bénéficient pas, dans le cadre scolaire, d’un accès à une piscine.
Le syndicat évoque un système à deux vitesses, où des pans entiers de la jeunesse sont laissés à l’écart des pratiques physiques et sportives, en contradiction avec les discours politiques exaltant les vertus du sport pour l’égalité, la santé ou l’émancipation.
Le Loir-et-Cher : entre réussites locales et angles morts
À l’échelle départementale, les résultats sont plus contrastés. Dans le Loir-et-Cher, plusieurs établissements s’en sortent avec des évaluations satisfaisantes, mais certains cas détonnent. Ainsi, à Saint-Amand Longpré, ce qui est qualifié de « gymnase » par l’administration se résume en réalité à une halle couverte, sans isolation, avec un sol en goudron, et deux petits vestiaires pour l’ensemble des usagers. « Chaque année, depuis 25 ans, l’équipe d’EPS alerte en Conseil d’Administration sur l’insécurité et l’indignité de ces conditions d’apprentissage », déplore le SNEP-FSU 41, évoquant des pratiques sportives « rendues impossibles en hiver » et un mépris persistant pour les élèves de ce secteur rural.
Autre point noir identifié : le gymnase du lycée Dessaignes à Blois, qui accueille pourtant 2 000 élèves et 10 professeur·es d’EPS. Il est classé E en fonctionnalité : trop petit, il ne permet pas d’organiser simultanément plusieurs activités ni de faire cours à des classes de 35 élèves. Il est également classé D en Santé/Écologie/Sécurité, du fait de sa vétusté. Et pourtant, la demande d’un nouveau gymnase de type C remonte à plus de 30 ans, avec un projet qui avait été formellement intégré à la restructuration du lycée il y a 15 ans, sans jamais voir le jour.
Une école sans gymnase est une école incomplète
Pour le SNEP-FSU, ces situations sont le symptôme d’une politique nationale défaillante, où l’EPS reste marginalisée au sein du système scolaire. Le plan gouvernemental des « 5 000 équipements de proximité » est pointé du doigt : censé répondre aux besoins des quartiers et des zones rurales, il aggrave au contraire les inégalités d’accès, notamment entre filles et garçons, selon les territoires.
Le syndicat dénonce ce qu’il appelle une « assignation à résidence sociale, de genre, territoriale ou de handicap », incompatible avec l’idéal républicain d’une école émancipatrice et ouverte à toutes les pratiques. Il rappelle que les salles d’EPS ne peuvent plus être traitées comme des équipements accessoires, mais doivent être reconnues comme des salles de classe à part entière, au même titre que les laboratoires ou les ateliers.
Des propositions chiffrées et réalistes
Face à ces constats, le SNEP-FSU avance des revendications concrètes : un plan de construction de 1 000 piscines (soit 200 par an sur 5 ans), et la rénovation massive des gymnases, dont 85 % datent d’avant 2005. Le syndicat demande aussi que la moitié des financements proviennent de l’État, et non pas exclusivement des collectivités locales, souvent démunies.
Le SNEP-FSU 41 appelle les pouvoirs publics, les élu·es et les partenaires éducatifs à saisir l’urgence de la situation, à réévaluer les priorités budgétaires, et à faire de l’EPS une véritable politique publique, au service de la jeunesse.