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Jean-Baptiste Anginot : un regard sur les grands espaces exposé à Blois

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Dans le cloître de l’Hôtel du Département de Loir-et-Cher, une lumière particulière baigne désormais sur les murs. Le long des cimaises, des images venues du bout du monde s’alignent dans le silence. L’exposition Carnet de voyages – Où sont les grands espaces ? déploie l’œuvre de Jean-Baptiste Anginot, photographe vendômois dont l’œil a exploré les reliefs du Ladakh, les immensités de l’Antarctique et la lumière changeante des grands ciels de l’Aubrac. Un itinéraire où l’art du regard se mêle à la quête du silence et de l’instant suspendu.

Jean-Baptiste Anginot

Philippe Gouet, président du Conseil départemental, a salué cette invitation au voyage en insistant sur la singularité de la démarche du photographe. Son travail, a-t-il souligné, n’est ni un reportage ni une simple collection de paysages, mais un dialogue avec le monde qui nous entoure, une manière de capter la beauté de l’instant et de nous interroger sur notre rapport au territoire et au temps.

Jean-Baptiste Anginot ne revendique pas l’exhaustivité ni la volonté de documenter fidèlement un lieu. Son approche est avant tout impressionniste. Il cherche moins à témoigner d’une réalité figée qu’à traduire l’émotion ressentie devant l’immensité d’un désert ou la verticalité d’une chaîne de montagnes. Cette exposition est le fruit d’une réflexion sur la manière dont l’image saisit l’espace, dont elle fige un instant tout en laissant le spectateur libre de l’interpréter.

Une photographie de la lenteur et de l’attente

À rebours de l’instantanéité qui caractérise la photographie contemporaine, saturée d’images captées et diffusées à une vitesse vertigineuse, Jean-Baptiste Anginot revendique une pratique de la patience. Pour lui, la photographie est avant tout une affaire de temps. Il ne s’agit pas seulement de fixer une image, mais de la laisser advenir, d’attendre l’instant où la lumière, les reliefs et les ombres composent une harmonie fugace mais saisissante.

Anginot photo

Son parcours en est la preuve : issu d’une famille de photographes, il a grandi entouré d’images et a appris à regarder avant de déclencher. Cette éducation du regard se lit dans chacune des œuvres exposées. Les ciels, omniprésents, y tiennent une place particulière. Jean-Baptiste Anginot rappelle volontiers Baudelaire : « J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! », comme une évocation poétique de cette fascination pour l’immensité mouvante du ciel.

Il ne cache pas son admiration pour les maîtres de la photographie de paysage, d’Ansel Adams à Sebastião Salgado, dont l’approche en noir et blanc a marqué son propre regard. Le choix du noir et blanc pour une section de l’exposition n’est donc pas anodin. Il ne s’agit pas d’un simple effet esthétique, mais d’un moyen de revenir à l’essence même de la photographie : les lignes, les contrastes, la lumière.

L’homme en retrait, la nature en majesté

L’absence quasi systématique de présence humaine dans ses images est un choix assumé. Ce n’est pas un refus du monde moderne, mais une volonté de se placer dans une démarche différente de la photographie sociale ou de rue. L’image, chez lui, ne raconte pas une interaction humaine mais une immersion dans l’espace.

Jean-Baptiste Anginot

Dans cette quête des grands espaces, il n’est pas question de simple contemplation. Il y a une forme de revendication. L’artiste ne cache pas sa préoccupation pour l’évolution des paysages. En témoigne son évocation des glaciers dont les premières photographies réalisées à la fin du XIXᵉ siècle permettent aujourd’hui de mesurer le recul. La nature change, et la photographie en garde la mémoire.

Les choix de destination traduisent également cette recherche d’une nature intacte. Jean-Baptiste Anginot cite volontiers Sebastião Salgado, qui, après avoir photographié les ravages de la guerre, s’est tourné vers une exploration des espaces vierges dans son œuvre Genesis. Dans cette même dynamique, il a privilégié les zones reculées, des déserts d’Arabie aux montagnes du Yunnan, en passant par les fjords norvégiens et les steppes du Ladakh.

Jean-Baptiste Anginot

Mais il rappelle aussi que l’immensité n’est pas l’apanage des confins du monde. Les grands espaces existent aussi en France, à condition de savoir les voir. L’Aubrac, la Loire, la Brenne ou encore les îles du littoral offrent des paysages où le regard peut se perdre et s’élever.

Une photographie entre mémoire et poésie

Jean-Baptiste Anginot ne photographie donc pas pour documenter, mais pour éprouver un moment, un instant suspendu. Son approche est à la croisée du témoignage et de l’évocation poétique. Il aime à citer Victor Segalen, dont l’idée de « tempête solide » correspond parfaitement à ce que l’on ressent face aux massifs himalayens qu’il a photographiés lors de ses treks dans le Zanskar ou la vallée de la Nubra.

Cette fascination pour les reliefs l’a conduit à multiplier les voyages, non pour accumuler des images, mais pour vivre pleinement ces expériences de l’immensité. L’Himalaya, l’Antarctique, la Chine, l’Afrique du Sud : autant de destinations qui deviennent des instants de contemplation gravés. Lorsqu’il évoque l’Antarctique, il parle d’un choc comparable à celui ressenti face aux cimes himalayennes. Dormir sous les étoiles, bercé par le bruit du vêlage des glaciers, être confronté à l’immensité brute du continent blanc : des expériences inoubliables que ses photographies cherchent à transmettre.

Un appel à la contemplation

À travers cette exposition à Blois, Jean-Baptiste Anginot invite à une autre manière de regarder, de ralentir, d’appréhender l’espace et le temps. Son travail nous rappelle que la photographie peut être un acte de résistance à l’accélération, un moyen de suspendre le temps et d’offrir une pause contemplative.

Ce Carnet de voyages n’a pas pour ambition de dresser un inventaire des lieux traversés, ni de livrer une cartographie exhaustive du monde. Il est une invitation à voir autrement, à dilater l’imaginaire, et peut-être, à méditer sur ce qui nous entoure. À celui qui sait s’arrêter, les grands espaces ne sont jamais bien loin.

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