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Kalos kagathos, ou l’union du beau et du bon

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Le concept de kalos kagathos, profondément ancré dans la culture grecque antique, se traduit littéralement par « beau et bon ». Cette expression incarne une philosophie de vie où la beauté physique est associée à la vertu morale, reflétant l’idéal d’un individu équilibré à la fois dans son apparence extérieure et dans ses valeurs intérieures. Cette union du beau et du bon constitue le modèle du citoyen parfait dans la Grèce antique, en particulier chez les Athéniens et les Spartiates.

Au cœur de cette notion, la kalokagathia désigne une combinaison harmonieuse de qualités physiques, éthiques et intellectuelles. L’être qui incarne cette qualité n’est pas seulement beau physiquement, mais possède également une excellence morale et une sagesse pratique*, la phronesis. Ainsi, cette notion va au-delà de l’apparence et souligne l’importance des vertus intérieures comme le courage, la justice, et la modération, des qualités essentielles pour devenir un bon citoyen de la polis grecque.

Ce concept était particulièrement central dans l’éducation aristocratique et dans la formation de l’élite grecque. L’individu kalos kagathos était à la fois un bon guerrier, cultivé, mais aussi un citoyen modèle, contribuant au bien-être de la cité. La philosophie grecque, notamment à travers les œuvres d’Aristote, donne à cet idéal une place fondamentale dans la définition de la vertu parfaite, celle qui allie la beauté physique à la bonté morale.

Dans le contexte de la société grecque, le kalos kagathos ne s’arrêtait pas à une simple description personnelle, mais devenait un principe de distinction sociale et de comportement idéal. Il représentait l’image que les classes supérieures voulaient véhiculer : un statut où la noblesse du caractère devait se refléter dans chaque aspect de la vie publique et privée.

Ce modèle de vertu n’était cependant pas immuable et variait selon les penseurs et les époques. Chez les Spartiates, par exemple, la notion de kalos kagathos prenait une dimension principalement militaire, associée à l’excellence en combat et au dévouement à la cité, tandis qu’à Athènes, elle englobait également des dimensions plus civiques et intellectuelles.

Le kalos kagathos représente un idéal d’harmonie entre l’esprit, le corps et la moralité. Il incarne une vision de l’humain où la vertu et la beauté ne font qu’un, un modèle qui a influencé non seulement la Grèce antique, mais aussi les réflexions ultérieures sur l’éthique et l’éducation​. La beauté intérieure se manifeste par des qualités comme le courage, la justice, la sagesse et la tempérance.

Le kalos kagathos, en tant qu’idéal de beauté et de vertu issu de la Grèce antique, valorise des normes précises et rigides de perfection physique et morale. Cette idée peut sembler aller à l’encontre des notions modernes d’inclusion, qui promeuvent la diversité et l’acceptation des individus au-delà de critères prédéfinis. Le kalos kagathos célèbre une norme élitiste, souvent excluant ceux qui ne répondent pas aux critères de beauté ou de vertu idéalisés, contrastant ainsi avec les approches contemporaines qui valorisent la pluralité des expériences et des identités individuelles.

Une redéfinition moderne de ce qui est « beau » pourrait aligner le concept de kalos kagathos avec les valeurs d’inclusion. Si l’on élargit la notion de beauté pour inclure la diversité des corps, des identités et des expériences de vie, le concept pourrait évoluer vers une célébration de la beauté intérieure et morale de chaque individu, indépendamment des critères physiques rigides de l’Antiquité. En adoptant une vision plus inclusive, la vertu morale et la bonté pourraient être reconnues comme universelles, transcendant les anciennes normes esthétiques.

A la lumière de Platon et Socrate

Platon et Socrate ont abordé le concept de kalos kagathos à travers leurs dialogues philosophiques, bien que de manière différente et souvent plus nuancée par rapport à son usage traditionnel. Ce qui pourrait changer la donne.

Chez Socrate, comme on le voit dans les dialogues de Platon, la notion de kalos kagathos est étroitement liée à la quête de la vertu. Dans ses échanges avec ses interlocuteurs, Socrate associe souvent la beauté extérieure (kalos) à une bonté intérieure (agathos), mais il va au-delà de l’aspect physique pour souligner que la véritable beauté réside dans la vertu et l’excellence morale. Cela se reflète dans son insistance sur le fait que la sagesse, la modération et la justice sont des composantes essentielles de ce qui est « bon » et donc « beau » dans un sens éthique. Pour Socrate, être véritablement « beau et bon » signifie cultiver l’âme et poursuivre la connaissance de soi et de la justice.

Platon, dans ses œuvres comme le Gorgias et le Hippias Major, développe cette idée en intégrant le concept du kalon, qui peut être traduit par le « beau » ou le « noble ». Platon relie systématiquement le kalon au agathon (le bien), en affirmant que ce qui est beau est également bon et bénéfique, non seulement d’un point de vue esthétique, mais aussi moral. Cette relation entre le kalon et le agathon est au cœur de sa philosophie éthique : la beauté ne peut exister sans la bonté, et l’aspiration à la beauté inclut nécessairement une quête de la vertu. Cela reflète une vision élargie du kalos kagathos, où l’idéal n’est pas uniquement physique, mais aussi spirituel et éthique.

En somme, pour Socrate et Platon, le kalos kagathos transcende les critères physiques pour devenir un idéal moral et philosophique qui met l’accent sur la vertu et la beauté intérieure​. Dans un corps sain ?

Mens sana in corpore sano

L’expression latine ultérieure mens sana in corpore sano, qui signifie littéralement « un esprit sain dans un corps sain », provient du poète romain Juvénal et fait référence à l’idée que l’équilibre et la santé mentale nécessitent également un corps en bonne santé. Cependant, il ne s’agit pas nécessairement de la beauté physique au sens esthétique moderne, mais plutôt de la santé et du bon fonctionnement du corps.

Le contexte de cette expression met en avant l’importance de la modération et d’une vie équilibrée, où l’entretien du corps par l’exercice et la discipline est vu comme une condition préalable pour une vie intellectuelle et morale épanouie. L’accent est donc mis sur la santé physique plutôt que sur la beauté corporelle.

Cette interprétation rejoint les idées de nombreuses philosophies antiques, qui considéraient que la pratique physique et l’entraînement du corps soutenaient le développement de la vertu et de la sagesse. Cependant, la beauté n’est pas le point central, contrairement à des idéaux comme le kalos kagathos, qui inclut explicitement la beauté physique dans son concept.

Ainsi, mens sana in corpore sano met avant tout l’accent sur la santé du corps comme condition à une bonne santé de l’esprit, et non sur l’apparence ou la beauté esthétique


*Un individu possédant cette sagesse pratique sait juger avec discernement les situations complexes et conflictuelles en tenant compte du bien commun.

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