L’Épicurienne Anonyme comme une ode aux femmes et au vin

Derrière L’Épicurienne Anonyme (Instagram ici) se cache une artiste engagée, à la croisée de deux univers : le vin et le dessin. Sommelière de profession, Romane a choisi de donner corps à une série d’illustrations célébrant les femmes du monde viticole, tout en soulignant leur invisibilisation.
« Dès le départ, je dessinais des corps féminins, sans vêtements, sans tête, pour que ça reste anonyme. C’était une manière de représenter toute la gent féminine dans le monde du vin », explique-t-elle. Son travail ne se limite pas à une dénonciation du sexisme, bien qu’elle admette que ce dernier reste un problème structurant du secteur. « Le monde du vin peut être très sexiste, constate-t-elle. L’idée n’était pas seulement de pointer ce qui ne va pas, mais plutôt de faire une ode aux femmes qui sont sous-représentées. Avant, il y avait moins de vigneronnes, moins de sommelières. Aujourd’hui, cela change, mais ce n’est pas encore totalement équilibré. »
L’anonymat, dans son œuvre, est essentiel. Contrairement à ce que son pseudonyme pourrait laisser penser, ce n’est pas elle qui se cache : « Beaucoup de gens pensent que c’est moi l’anonyme, mais en réalité, ce sont les femmes que je dessine. Elles n’ont pas de traits particuliers pour rester universelles. »
Quand la passion du vin rejoint celle du dessin
Avant d’en devenir une illustratrice, L’Épicurienne Anonyme a d’abord été une passionnée de vin. « J’ai choisi de faire un master en commerce international du vin en 2015, un peu par hasard. Je ne savais pas trop quoi faire, mais j’aimais bien le vin. C’est en commençant cette formation que la passion est née. » Depuis, elle a multiplié les expériences : sommellerie, caviste, commerce du vin. Dix ans après ses débuts, elle évolue toujours dans ce milieu qu’elle affectionne.
Quant au dessin, il s’est imposé très tôt dans sa vie, sous l’influence familiale. « Mon père dessine beaucoup, et ma grand-mère, qui n’en vivait pas, faisait de la peinture sous verre. J’ai grandi dans un environnement où l’art était présent, et j’ai commencé à dessiner très jeune, sans jamais vraiment arrêter. »
Le confinement a marqué un tournant dans sa pratique artistique. « Comme beaucoup de gens, j’ai profité de cette période pour renouer avec mes premiers amours. J’ai allié mes deux passions, le dessin et le vin, et ça a bien pris. » Aujourd’hui, en auto-entrepreneuse, Romane commercialise ses œuvres tout en poursuivant son métier de sommelière.

Évolution et exploration artistique
Si son travail reste identifié à ses Épicuriennes Anonymes, son style a évolué avec le temps. « À l’origine, je mettais en valeur la femme, le bien-être, le vin. Aujourd’hui, j’ai toujours ma collection Épicurienne Anonyme, mais j’explore aussi des choses plus abstraites, plus colorées, qui ne sont plus forcément centrées sur la féminité. » Son inspiration est spontanée, puisant dans des références variées. « Ça peut venir d’une photo, d’un voyage, d’une chanson, de n’importe quoi. Parfois, c’est lié à des vignerons, parfois à des images qui me marquent. Il n’y a pas vraiment de règle. »

Quant à son pseudonyme, il reste indissociable de son travail, même si sa production s’étend désormais au-delà de son projet initial. « Je pense que n’importe quel artiste ou artisan a le droit d’évoluer sans forcément changer le nom de sa marque. « Les Épicuriennes Anonymes », c’est mon histoire. Même si mon style évolue, le nom restera. »
Une pratique multiple entre dessin traditionnel et numérique
Sur le plan technique, L’Épicurienne Anonyme navigue entre plusieurs médiums. « Certaines œuvres sont faites à la main puis retravaillées sur tablette avant d’être imprimées. D’autres sont entièrement numériques, mais conservent un effet aquarelle. » Son processus créatif combine souvent différentes approches. « La collection « Les Épicuriennes Anonymes » est assez ancienne. À l’époque, je faisais tout à la main avant de numériser mes dessins. Maintenant, je travaille aussi avec des gravures, de la peinture, de l’aquarelle… Tout dépend de ce que je veux exprimer. » De ses premières esquisses aux impressions sur textile, en passant par les expositions et collaborations, L’Épicurienne Anonyme poursuit son chemin avec une démarche à la fois artistique et engagée, où l’art et le vin se conjuguent en une ode délicate et puissante aux femmes du monde viticole.

Elle expose actuellement (jusqu’au 29 mars 2025) au Domaine de Montcy. Accessible du mardi au samedi, de 13h à 18h.