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Mobilisation pour l’eau potable à Saint-Denis-sur-Loire : après Averdon, une nouvelle alerte

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Ce lundi 28 octobre 2024, une mobilisation citoyenne a réuni environ 75 personnes devant le château d’eau de Saint-Denis-sur-Loire. Organisée par la Confédération paysanne du Loir-et-Cher, et en présence de Nicolas Orgelet, vice-président d’Agglopolys à la transition écologique, cette manifestation a dénoncé la qualité de l’eau, un problème qui affecte désormais 5 400 habitants, entre Saint-Denis-sur-Loire et une partie de La Chaussée-Saint-Victor, sans eau potable. Déjà, en avril dernier, Averdon avait vu son eau déclarée non potable, et cette nouvelle alerte à Saint-Denis-sur-Loire montre l’ampleur du problème.

Des niveaux alarmants de polluants agricoles persistants

Selon les analyses, plusieurs contaminants sont présents dans l’eau distribuée. L’atrazine, un herbicide interdit depuis 2003, persiste dans les nappes sous forme de déséthylatrazine (DEA). Ce résidu est un perturbateur endocrinien lié à des problèmes de fertilité. Bertrand Monier, porte-parole de la Confédération paysanne 41, a souligné la dangerosité de ces substances même après leur interdiction : « L’atrazine reste un exemple frappant de la pollution durable qui affecte notre environnement. »

Bertrand Monier porte-parole de la Confédération paysanne
Bertrand Monier, porte-parole de la Confédération paysanne 41

En plus de l’atrazine, le chlorothalonil, un fongicide interdit depuis 2020 et classé cancérigène probable par l’Union européenne, pose problème. Son seuil de conformité a été relevé de 0,1 à 0,9 µg/L en avril 2024, mais des échantillons montrent des niveaux atteignant 0,7 µg/L, soit sept fois l’ancien seuil de qualité. Bertrand Monier critique cette « solution cosmétique » : « Augmenter les seuils pour éviter la non-conformité est une mesure hypocrite qui masque les risques réels. »

Les nitrates, principalement issus des engrais azotés, atteignent 44 mg/L à Saint-Denis-sur-Loire, proche du seuil de potabilité de 50 mg/L. À Averdon, les niveaux dépassent même cette limite. Bertrand Monier a souligné l’impact sur la santé : « Les nitrates sont particulièrement dangereux pour les personnes fragiles. Ils posent un risque d’hypoxie chez les nourrissons, un syndrome appelé bébé bleu, et sont liés à des cancers de l’estomac et de la vessie. »

Mobilisation pour l’eau potable à Saint-Denis-sur-Loire

Une charge financière disproportionnée pour les habitants

Face à ces pollutions, Agglopolys prévoit d’investir environ 2 millions d’euros pour installer une station de traitement. Ces coûts seront répercutés sur la facture d’eau des habitants, une décision implacable qui suscite la colère. Nicolas Orgelet critique ce modèle curatif qui fait porter le poids de la dépollution sur les citoyens : « On ne peut pas continuer à faire payer les habitants pour des pollutions qu’ils n’ont pas causées. C’est un système absurde et profondément injuste. » En avril dernier, dans le cas d’Averdon, 500 000 euros avaient été investis, un montant conséquent qui n’a fait qu’alourdir la pression financière sur les collectivités sans traiter les causes structurelles de la pollution. « Les agriculteurs produisent pour des multinationales de l’agroalimentaire, tandis que les habitants doivent payer pour dépolluer l’eau », observe Bertrand Monier.

Un modèle agricole en question

La pollution actuelle de l’eau résulte des pratiques de l’agriculture intensive. Bertrand Monier dénonce un modèle agricole qui pousse les agriculteurs à maximiser les rendements pour répondre à une demande globale sans considération pour les impacts locaux. « Ce modèle agricole est conçu pour nourrir l’industrie agroalimentaire mondiale aux dépens de notre propre environnement. Les citoyens paient le prix fort pour un système qui ne respecte pas les réalités de nos territoires », a-t-il affirmé. Il appelle à un changement de paradigme, insistant sur la nécessité de soutenir les agriculteurs dans une transition vers des pratiques durables.

Nicolas Orgelet

Les impacts à long terme des pratiques agricoles intensives

L’atrazine et le chlorothalonil sont deux des nombreux produits chimiques utilisés pendant des décennies dans l’agriculture intensive, et dont les effets sur les nappes phréatiques persistent encore aujourd’hui. Bertrand Monier explique que, sur notre territoire, ces polluants mettent environ 30 ans pour atteindre les nappes profondes, signifiant que les substances présentes aujourd’hui datent de plusieurs décennies de pratiques agricoles. « Avec des mesures aujourd’hui, les effets ne seraient visibles que dans plusieurs décennies, ce n’est pas le temps du politique qui pense aux élections » souligne-t-il.

Un modèle agricole qui fragilise les agriculteurs et les citoyens

Pour Bertrand Monier, la crise de l’eau illustre aussi la fragilité du modèle agricole actuel. « Les agriculteurs eux-mêmes sont les premières victimes de ce système. Ils sont poussés à produire toujours plus pour des marchés lointains sans que leur travail soit valorisé localement. » Il plaide pour une agriculture durable, capable de protéger à la fois les ressources naturelles et les conditions de vie des agriculteurs.

Pour réduire les pollutions agricoles, la Confédération paysanne propose d’instaurer des paiements pour services environnementaux. « Les agriculteurs qui adoptent des pratiques respectueuses de l’environnement, comme le bio, la polyculture ou la replantation de haies, méritent un soutien financier, » explique Nicolas Orgelet. Cela permettrait de valoriser les pratiques durables tout en garantissant une rémunération pour les agriculteurs qui participent activement à la protection des ressources naturelles.

L’achat de terres autour des points de captage est également une piste évoquée. Agglopolys pourrait acquérir des parcelles agricoles pour garantir des pratiques écologiques dans les zones stratégiques de captage, en louant les terres avec des baux imposant des critères de durabilité. Cela créerait un périmètre de protection des nappes d’eau tout en assurant une transition agricole à long terme.

Un label local pour encourager l’agriculture durable

Nicolas Orgelet propose aussi de s’inspirer du label « Terre de Sources », un modèle breton qui soutient les agriculteurs adoptant des pratiques durables, en garantissant des débouchés locaux pour leurs produits. Grâce à ce label, les produits agricoles locaux pourraient être privilégiés dans les cantines scolaires et les collectivités, ce qui encouragerait la production durable tout en réduisant les importations de produits polluants.

La transition vers une agriculture durable nécessite un engagement collectif. « Il est crucial que les collectivités locales montrent l’exemple, et entraînent les agriculteurs et citoyens dans cette démarche, » souligne l’élu écologiste. « Nous avons besoin d’un engagement de l’agglomération, puis du département et de la région, pour impulser ce changement de modèle. »

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