Pour 8 filles sur 10 avoir ses règles à l’école est un facteur de stress

Aujourd’hui, en cette Journée internationale de la fille, nous nous penchons sur une problématique qui touche la majorité des filles scolarisées : la gestion des règles à l’école.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, dans son message de 2023, souligne à quel point le monde ne tient pas ses promesses envers les filles. Au-delà des chiffres alarmants à l’international sur la scolarisation, l’extrême pauvreté ou le mariage précoce, dans les considérations françaises une autre forme de discrimination persiste, plus silencieuse mais tout aussi handicapante : le tabou autour des menstruations.
Un tabou persistant
Selon une enquête menée en avril 2023 par l’association « Règles Élémentaires » en collaboration avec Opinionway auprès de 1000 jeunes filles, la méconnaissance, le stress et la précarité menstruelle freinent considérablement leur progression scolaire. Ce tabou, qui cause absentéisme et mal-être, est le reflet des inégalités et discriminations que subissent ces jeunes filles au quotidien.
Les chiffres sont sans appel : 80% des filles estiment que leurs règles sont une source de stress à l’école. 1 fille sur 3 a déjà manqué l’école à cause de ses règles, et cette proportion monte à une fille sur deux après 15 ans.
Un enseignement insuffisant
Malgré une mention dans le programme du cycle 3, le sujet des règles est rarement abordé en profondeur. Seuls 15% des élèves bénéficient des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle comme le prévoit la loi. Et même si 72% des filles ont leurs premières règles avant 13 ans, seules la moitié d’entre elles, de moins de 13 ans, ont été informées à l’école.
Le besoin d’une éducation menstruelle complète et de qualité est clair : 80% des filles souhaiteraient des séquences éducatives mixtes à ce sujet. De plus, 85% des filles ayant manqué l’école le justifient par les douleurs menstruelles. La méconnaissance des règles accentue ce mal-être, puisque la moitié des filles estiment que l’information reçue ne les a pas aidées.
Vers une éducation menstruelle pour tous
Pour remédier à cette situation, il est impératif de briser le tabou des règles et d’instaurer des modules d’éducation menstruelle dès l’école primaire. Ces modules permettraient à chaque élève de bien vivre ses règles, de prévenir les risques de précarité menstruelle, de sensibiliser sur les maladies liées aux règles, de mettre fin aux discriminations et de favoriser l’égalité.
L’éducation menstruelle pourrait prendre forme à travers des ateliers, des temps de sensibilisation dédiés, des ressources en libre accès, et des formations pour les relais éducatifs.
Les repères donnés par l’ONU au niveau mondial
- Près d’une fille sur cinq ne termine toujours pas le premier cycle de l’enseignement secondaire et près de quatre filles sur dix ne terminent pas le deuxième cycle de l’enseignement secondaire.
- Environ 90 % des adolescentes et des jeunes femmes n’utilisent pas l’internet dans les pays à faible revenu, alors que leurs pairs masculins ont deux fois plus de chances d’être en ligne.
- Dans le monde, les filles âgées de 5 à 14 ans consacrent chaque jour 160 millions d’heures de plus que les garçons du même âge aux soins non rémunérés et au travail domestique.
- Les adolescentes continuent de représenter 3 sur 4 des nouvelles infections par le VIH chez les adolescents.
- Près d’une adolescente mariée/partenaire sur quatre âgée de 15 à 19 ans a subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime au moins une fois dans sa vie.
- Même avant la pandémie de COVID-19, 100 millions de filles risquaient d’être mariées au cours de la prochaine décennie. Aujourd’hui, au cours des dix prochaines années, jusqu’à 10 millions de filles supplémentaires dans le monde risquent d’être mariées alors qu’elles sont encore enfants, en raison de la pandémie de COVID-19.