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Zoom sur les six romans en lice pour le Prix Le Noir de l’Histoire 2025

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Chaque automne, Blois devient capitale des mémoires et des enseignements à en tirer. Aux Rendez-vous de l’Histoire, les chercheurs croisent parfois les romanciers, et le polar – trop souvent cantonné aux rayons du divertissement – trouve un rôle d’outil critique. Depuis 2018, le Prix Le Noir de l’Histoire, porté par Agglopolys, distingue un roman noir ou policier francophone dans lequel l’Histoire joue un rôle essentiel. Pour cette 8ᵉ édition, le jury, présidé par Thomas Cantaloube, a retenu six finalistes, autant de regards acérés sur des pans du passé.

Avec Dernier cri, paru aux éditions Fleuve en janvier 2025, Hervé Commère situe son intrigue à la croisée du thriller social et de l’enquête intérieure. Étienne Rozier, ancien flic devenu communicant, se retrouve accusé du meurtre d’une journaliste. Pour prouver son innocence, il doit renouer avec Elbeuf, sa ville d’origine, et avec les ombres d’une industrie textile sacrifiée. Loin du simple « whodunit », le roman dessine, dans les marges de l’enquête, une fresque ouvrière et une colère collective.

Bleus, blancs, rouges de Benjamin Dierstein, publié chez Flammarion en avril 2025, propulse le lecteur dans la France de la fin des années 1970. Sur près de 800 pages, l’auteur recompose le climat d’une République en fin de cycle : services secrets, anciens de l’OAS, terrorisme d’extrême droite, Françafrique et silences d’État. C’est une fresque dense, puissamment documentée, où les frontières entre le roman et l’histoire se brouillent dans une tension constante. Un libre parfaitement en lien avec le thème de 2025 : la France ?

Le journaliste et photographe David Hury signe avec Beyrouth Forever, paru en janvier 2025 chez Liana Levi (collection Policier), un premier roman noir qui interroge de front la mémoire libanaise. L’assassinat d’une historienne, autrice d’un manuel scolaire unifié censuré, devient le déclencheur d’une enquête traversée par la guerre civile, la censure politique, et le pouvoir des milices. Sous couvert d’un polar, c’est tout un pays qui se débat avec ce qu’il ne peut plus enseigner.

Dans Moneda, publié chez Toucan Noir en septembre 2024, Stéphane Keller place son intrigue à Santiago du Chili, quelques mois avant le coup d’État de 1973. Paul-Henri, ancien SS reconverti en patron de bar, se lance à la recherche de Pilar, son ancienne amante, avec l’aide d’un inspecteur fatigué. Sur fond de tensions politiques croissantes, le roman mêle polar, roman d’espionnage et histoire d’amour à vif. L’ambiance est sombre, le tempo lent, les intentions limpides : dire le basculement d’un pays.

Avec Les colonies intérieures, paru en mars 2025 aux éditions Rue de l’Échiquier, Denis Lemasson explore un territoire moins géographique que psychique : celui de la mémoire coloniale. Franck, un homme devenu mutique après un mystérieux accident, découvre une lettre datant de 1935 évoquant un hôpital franco-musulman. Son enquête personnelle le ramène aux origines algériennes de son beau-père et aux non-dits qui traversent encore la société française. C’est un roman à la fois intime et politique, qui creuse l’histoire dans les plis du quotidien.

Enfin, Ian Manook revient avec Le pouilleux massacreur, publié en août 2024 par La Manufacture de livres. Dans ce récit initiatique ancré en 1962, un adolescent de banlieue vit une série d’événements décisifs qui le mèneront des premiers émois de l’adolescence aux cicatrices de la violence. Sur fond de manifestations, de répression policière et de fracture sociale, le roman s’appuie sur une veine autobiographique assumée. Sans nostalgie, mais avec une force narrative brute.

Le lauréat du prix sera désigné à l’automne, lors de la 28e édition des Rendez-vous de l’Histoire, qui se tiendra du 9 au 13 octobre 2025 à Blois. Le jury – composé notamment de Xavier Boissel (lauréat 2023), Vincent Ejarque (lauréat 2024), Valérie Bernabotto, Catherine Chauchard, Yannick Dehée, Antoine Favron et Émilie Geai – devra départager six œuvres très différentes, mais unies par une même exigence : faire du roman noir une chambre d’écho du passé, non pour le répéter, mais pour mieux l’interroger.

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