Le Houppier ouvre ses portes : focus et portrait de Virginie Deville

À quelques jours de son ouverture officielle, le Houppier (1 allée de Bury – route de Châteaurenault à Blois) bruisse déjà d’une énergie palpable pour finaliser certains travaux. Cette ancienne maison forestière, située entre Blois et Molineuf, s’apprête à devenir un tiers-lieu éco-culturel, à la fois ancré dans la nature et ouvert aux pratiques artistiques, au bien-vivre et à la biodiversité.
Les 25 et 26 octobre prochains, ses portes s’ouvriront au public pour deux journées inaugurales qui se veulent festives, participatives et profondément conviviales.

Un programme entre art, convivialité et participation citoyenne
Le Houppier a choisi de s’inaugurer sous la forme de portes ouvertes, afin que les habitant·es puissent non seulement découvrir le lieu, mais aussi contribuer à son devenir. Le programme mêle visites guidées, rencontres, animations artistiques et temps d’échange. Chaque journée débutera par deux visites guidées (11 h et 14 h), permettant d’explorer cette maison forestière rénovée, perchée à la lisière des bois mais à deux pas de la ville. Le Houppier sera présenté dans sa double vocation : espace partagé et creuset de projets collectifs.
Une exposition donnera le ton : les tableaux d’Élodie Ferré, artiste locale, seront accrochés aux murs. Ses portraits d’arbres, réalisés à l’encre et à l’aquarelle, dévoilent une approche délicate et poétique de la nature. Deux rendez-vous musicaux rythmeront le week-end : le samedi à 18 h, un apéro-concert avec Julien Naudin, musicien-paysan ayant repris la ferme de son père tout en poursuivant un parcours au Conservatoire supérieur de musique de Paris. Il viendra partager ses compositions, piano et chant. Le dimanche à 16 h, un goûter musical avec Thaïs Matuz (guitare-voix), pour clore la journée en douceur.

Les enfants ne seront pas oubliés : jeux en bois, cabanes et une fresque géante à colorier leur seront proposés. Les familles pourront aussi profiter d’un troc de plantes, en apportant boutures et semis à échanger. Une vente de produits locaux (miel, infusions, carterie) complètera l’ensemble. L’esprit participatif sera omniprésent : le public sera invité à formuler des envies et propositions pour enrichir la programmation à venir. Dans la continuité des premières portes ouvertes organisées en janvier, il s’agit d’imaginer ensemble le futur du Houppier.
Une maison forestière comme un carrefour entre ville et nature
Située à l’orée de la forêt, sur la route entre Molineuf et Blois, la maison forestière qui abrite le Houppier a séduit Virginie Deville et son compagnon Thierry par sa localisation « à la croisée des chemins » : encore en pleine nature, mais déjà aux portes de la ville. Cette bâtisse, ancien logement du dernier garde forestier parti en 2017, était dans son jus lorsque le couple l’a acquise : une maison solide, mais énergivore, classée G. Il a fallu engager une rénovation profonde, écologique et énergétique.
Le nom « Houppier » s’est imposé de lui-même. Il évoque la cime de l’arbre, là où se déploie la ramure, là où se joue l’équilibre entre enracinement et ouverture au ciel. Un symbole qui résonne parfaitement avec la vocation du lieu : bâtir un carrefour entre l’humain et son environnement, entre culture et nature, entre enracinement et partage.
Virginie Deville : trente années de théâtre et un nouveau souffle
Derrière ce projet, une figure se détache : Virginie Deville. Comédienne depuis plus de trente ans, elle a mené l’essentiel de sa carrière à Paris. Formée à l’école de Pierre Debauche, compagnon d’Antoine Vitez et figure majeure de la décentralisation théâtrale, elle a joué aussi bien Molière et Marivaux que le répertoire contemporain.
Son parcours artistique est marqué par la diversité. Longtemps, Virginie a hésité entre le journalisme culturel et la scène, avant de franchir le pas et d’embrasser pleinement le métier de comédienne. « À un moment donné, j’ai décidé de me consacrer au théâtre », raconte-t-elle. Une décision confirmée par le déclic de ses premières années de formation, lorsqu’elle comprit qu’il fallait s’investir à 100 % pour avancer.
Elle a collaboré avec de nombreuses compagnies, monté ses propres projets avec Ce dont nous sommes faits. Mais, comme pour beaucoup, la crise du Covid a agi comme un révélateur. « J’avais de moins en moins d’appétence à rester dans la ville. Même aller au théâtre devenait moins plaisant, moins croustillant. » Confinée, elle découvre le Wwoofing, part travailler dans des fermes, s’ouvre au monde des écolieux. Elle vit six mois à Château-Pergaud, dans la Drôme, participe à des formations avec la Coopérative Oasis, explore d’autres manières d’habiter et de créer.
Son expérience du collectif théâtral trouve des échos évidents dans ces communautés alternatives : « On se met à plusieurs, avec des talents différents, au service d’un élan commun, que ce soit la construction d’un mur en pierre sèche ou d’une pièce de théâtre! » C’est dans ce contexte qu’elle rejoint un collectif à Chambon-sur-Cisse, avant de s’ancrer définitivement dans la maison forestière devenue Houppier.
De la scène à la forêt : une continuité
Aujourd’hui, Virginie Deville ne quitte pas le théâtre : elle y revient sous d’autres formes, élargies, croisées avec la danse, la poésie, la musique et l’écologie. Elle anime des ateliers de danse libre depuis 2017, d’abord à Paris, puis dans le Loir-et-Cher. Sa pratique s’inspire des 5 Rythmes, une méthode d’exploration du mouvement développée par Gabrielle Roth, où il ne s’agit plus de répéter une chorégraphie mais de retrouver un rapport personnel et sensible à son corps. « J’avais besoin de me libérer du miroir, de la comparaison, de retrouver la joie simple du mouvement », explique-t-elle.

Ces ateliers, elle les anime aujourd’hui à Blois-Vienne, 66 avenue du Président Wilson, sous l’intitulé « Je danse donc je suis ». Ils peuvent trouver leur place en pleine nature. Danser au milieu des arbres, pratiquer des bains de forêt, ralentir le pas pour observer, écouter, sentir : tout cela s’inscrit dans une même démarche. « Ce qui m’éclate dans ce projet global, c’est qu’il est tentaculaire et qu’il articule trois axes précis : forêt et biodiversité, bien-vivre, expression artistique. »
Ainsi, un nouveau projet scénique est en germe. Il s’intitule provisoirement Ode à la Terre. Conçu en deux formes — l’une pour la scène avec scénographie et land art, l’autre pour des lieux plus intimes comme médiathèques, tiers-lieux ou espaces naturels —, il mêle poésie, danse et instruments acoustiques (bols de cristal, monolina, flûte, guitare, ukulélé…). La version légère sera présentée dès les prochaines Nuits des Forêts en juin 2026 ; la version complète est attendue pour la saison 2026-2027.
Un lieu ouvert et polymorphe
Le Houppier, association à but non lucratif, fonctionne sur le principe de l’adhésion (entre 5 et 15 € annuellement selon les moyens). L’accès aux activités ne sera pas toujours gratuit, mais le lieu revendique une mixité des formats : des temps libres et bénévoles comme le « PTT — Partage ton talent », où chacun peut transmettre savoir-faire ou passion (kéfir, lactofermentation, céramique, peinture…), et des ateliers professionnels payants. Le café citoyen, sans obligation de consommation, vise à devenir un espace de sociabilité accessible à tou·tes.

Le calendrier est en cours de structuration : une semaine d’ouverture publique par mois, chaque premier mercredi, samedi et dimanche, avec concerts, ateliers, rencontres. Des intervenants réguliers sont déjà programmés, comme Isabelle Leverne (La Pause Réflexo), Cédric Diot (apiculteur), ou Gaspard (Le paysan herboriste), producteur de fleurs et d’infusions.
L’inauguration des 25 et 26 octobre sera donc à la fois un temps de découverte et un acte fondateur. « On a envie de faire ce lieu avec les personnes qui auront envie de le rejoindre et de graviter autour », dit Virginie Deville. Son parcours d’artiste en quête de nouveaux horizons se prolonge aujourd’hui dans ce tiers-lieu polymorphe, à la croisée des chemins, enraciné dans la forêt mais ouvert au monde.
Plus d’informations ici : taplink.cc/lehouppier