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« Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre » : le temple protestant de Blois a envoyé un message

Pendant plusieurs mois, le temple protestant de Blois a ouvert ses murs à une exposition conçue par la Cimade et l’Église protestante unie de France, dont l’intitulé résonne comme une affirmation : « Il n’y a pas d’étrangers sur cette terre ». À travers une série de panneaux documentés et de portraits, cette installation visait à offrir un regard informé sur les migrations, à déconstruire les préjugés et à rappeler la dignité humaine de chacun.

temple protestant de Blois

La première partie de l’exposition se composait de sept panneaux illustrés. Ils mettaient en lumière les grandes thématiques des migrations internationales, avec des chiffres clairs et des graphiques accessibles. L’objectif : déconstruire des idées reçues trop souvent présentes dans le débat public. Ainsi, on pouvait lire : « Non, la France n’accueille pas « toute la misère du monde » ; Non, les migrants ne prennent pas « le travail des Français » ; « Non, la majorité des personnes étrangères ne viennent pas pour profiter des aides sociales. » Ces panneaux, à travers des données vérifiées, rappelaient que derrière chaque discours simplificateur se trouvent des vies humaines, des histoires singulières, des visages.

La deuxième partie de l’exposition, intitulée « À l’intérieur, c’est l’enfer », donnait la parole à ceux dont on n’entend presque jamais la voix : les personnes enfermées en centre de rétention administrative. Six grands portraits en noir et blanc, suspendus au mur, portaient les visages d’hommes et de femmes ayant connu cette réalité. Sous chaque photographie, des extraits de témoignages racontaient l’angoisse, l’humiliation, l’incompréhension. Les QR codes apposés permettaient d’écouter la version complète de ces récits, offrant une immersion sonore bouleversante. Ces témoignages rendaient visibles ce qui demeure caché : des familles brisées, des parcours suspendus, une dignité malmenée. « Entendre la voix de l’autre, c’est déjà commencer à la reconnaître comme un frère ou une sœur », rappelait le texte de présentation.

Pour la pasteure Marie Pajot, responsable du temple, cette exposition a eu un véritable impact : « Nous avons accueilli par exemple un jeune couple de touristes venus de Nancy. Ils ont pris le temps de lire chaque mot, d’écouter chaque témoignage. Ils sont restés plus d’une heure. D’autres ont découvert le temple à travers ces panneaux. Cela a ouvert des discussions. »

L’intitulé même de l’exposition résonnait avec un ancrage biblique : « Nous sommes tous étrangers, voyageurs sur cette terre » (Hébreux 11,13). « J’étais étranger, et vous m’avez accueilli » (Matthieu 25,35). Ce regard posé sur l’autre n’est pas une nouveauté. Dans une brochure, ont lit que l’Église protestante unie soulgne que l’accueil de l’étranger traverse toute la Bible. Dans l’Ancien Testament, l’injonction est répétée : « Souviens-toi que tu as été étranger ». Jésus, quant à lui, place la barre encore plus haut en racontant l’histoire du bon Samaritain (Luc 10,29-37), qui renverse les catégories établies et fait de l’étranger le prochain à aimer. Il en découle que les Églises ont le devoir d’interpeller les autorités pour que le droit d’asile soit respecté, et pour que les plus vulnérables trouvent protection et accueil.

temple de Blois

Ainsi, l’exposition au temple de Blois ne se contentait pas d’informer. Elle incarnait une conviction profonde : regarder l’autre non pas comme une menace, mais comme un visage.


Le temple de Blois : mémoire d’un édifice né en 1847

En accueillant cette exposition, le temple de Blois renouait aussi avec son histoire. Car ce lieu de culte, inauguré le 2 mai 1847, a lui-même été un signe d’espérance pour les protestants de la région, longtemps privés d’édifice. À l’époque, après la Révocation de l’édit de Nantes, le protestantisme semblait anéanti dans le Loir-et-Cher. Les familles vivaient dispersées, dans l’ombre. Mais au début des années 1840, elles se regroupèrent et demandèrent un pasteur. Ce fut Alphonse Cadier qui vint à Blois en 1844, célébrant d’abord le culte dans des locaux précaires, puis obtenant une chapelle provisoire.

temple de Blois

Trois ans plus tard, grâce à une souscription et à de nombreux soutiens, le temple était achevé. Le récit de son inauguration, rédigé par Cadier lui-même, témoigne de l’importance de ce jour : plus de huit cents personnes étaient présentes, parmi elles des notables de Blois, des officiers, des fidèles venus de toute la région et de Paris. Protestants et catholiques se côtoyaient, unis par la curiosité et la sympathie. La prédication fut confiée à Adolphe Monod, figure majeure du protestantisme.

Aujourd’hui, près de deux siècles plus tard, le temple reste un lieu de culte vivant. La pasteure Marie Pajot le rappelle : « Nous représentons environ 250 foyers, sur tout le département, jusque dans le secteur de Beaugency. Certains participent à l’entretien de l’église, puisque nous ne vivons que de dons. D’autres viennent au culte du dimanche matin à 10h30, ou aux activités : études bibliques, catéchèse, groupes de jeunes, groupe de louange. » Mais au-delà des rendez-vous religieux, le temple veut demeurer un lieu ouvert sur la ville. En été, des équipes de bénévoles accueillent les visiteurs le samedi après-midi, proposant découvertes patrimoniales et temps conviviaux. En décembre, juste avant Noël, chocolat chaud, thé et gâteaux accompagnent les visites. Pour la pasteure, l’enjeu est clair : « Nous ne sommes pas seulement un patrimoine, avec des murs et un orgue. Nous sommes une Église vivante, impliquée au quotidien. »

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