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L’Étranger par François Ozon, L’Incroyable Femme des Neiges… focus sur les sorties cinéma

Chaque semaine, la directrice des Lobis livre son regard sur les sorties et événements marquants du cinéma blésois. Cette fois encore, Laëtitia Scherier déroule un programme dense, éclectique, où se côtoient littérature et adaptation, comédie dramatique et drame intime, réflexion sur l’histoire et éclats de burlesque. Au centre, son coup de cœur : L’Étranger de François Ozon. Mais la semaine est également marquée par l’avant-première de L’Incroyable Femme des Neiges de Sébastien Betbeder, celle de L’Inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier, et la désormais traditionnelle Dark Night pour Halloween. Sans oublier La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa.


L’Étranger : Camus revisité par François Ozon

« C’est clairement mon coup de cœur », confie Laëtitia Scherier. Le 24ᵉ film de François Ozon s’attaque à un monument : L’Étranger d’Albert Camus. Un roman universel, traduit dans le monde entier, étudié dans toutes les classes de lycée, lu par des générations de lecteurs. « Peu de cinéastes ont osé jusque-là, parce que c’est très dangereux. Forcément, le public est attaché au livre. »

La dernière adaptation majeure remontait aux années 1960, avec Luchino Visconti et Marcello Mastroianni. Ozon, lui, choisit d’aller au plus près de l’essence du roman : l’indifférence de Meursault au monde, l’absurde de l’existence, le poids du soleil. Là où Camus reposait tout sur la conscience intérieure du narrateur, Ozon cherche à inventer un langage visuel. « Il a eu l’intelligence de ne pas utiliser la voix off. Il exploite pleinement le médium cinéma. »

Le noir et blanc s’impose comme une évidence. François Ozon expliquait avoir voulu créer une distanciation : l’image monochrome nous met à l’écart du réel, tout en restituant l’univers des archives de l’époque. « Cela correspond parfaitement au regard du personnage principal, qui se tient à part de tout. Et la lumière est travaillée de manière incroyable. On a vraiment l’impression d’être sous le soleil de plomb de l’Algérie. »

Benjamin Voisin incarne Meursault. « Il réussit magnifiquement ce rôle. Il a un visage impassible, une expression corporelle qui le rend antipathique, mais en même temps, comme c’est un acteur plastiquement très beau, on a envie de chercher en lui une empathie. Ce paradoxe illustre très bien ce qu’écrit Camus. » Ozon donne par ailleurs davantage de place aux personnages féminins, notamment la compagne de Meursault, et accentue la dimension politique, en faisant du personnage de « l’Arabe » une incarnation de la violence coloniale. À ses côtés, Rebecca Marder et Pierre Lottin confirment leur singularité. « Pierre Lottin sort des Tuche, il prouve qu’il a un vrai potentiel d’acteur dans des films d’auteur. »


La Femme la plus riche du monde : une comédie dramatique entre emprise et vaudeville

Changement de registre avec La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa, librement inspiré de l’affaire Bettencourt. « Même si tous les noms ont été changés, les similitudes sont évidentes. »

Dans les années 1980, François-Marie Banier, photographe et écrivain, avait fait la rencontre de Liliane Bettencourt, héritière du groupe L’Oréal et alors femme la plus riche du monde. Entre eux s’était nouée une relation singulière qui devait durer près de vingt ans. Liliane Bettencourt, en quête de compagnonnage et d’amitié, lui avait progressivement offert des cadeaux d’une ampleur considérable : œuvres d’art, assurances-vie, liquidités. Lorsque sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, avait découvert l’ampleur de ces transferts financiers, elle avait décidé d’engager une action en justice pour abus de faiblesse. Cette plainte avait marqué le point de départ de ce qu’on appela ensuite l’affaire Bettencourt. C’est ce fait divers retentissant, connu de tous, que Thierry Klifa choisit de transposer librement dans son film. Isabelle Huppert y incarne une héritière inspirée de Liliane Bettencourt, Marina Foïs joue sa fille, tandis que Laurent Lafitte interprète un photographe mondain rappelant Banier, dont l’influence et l’emprise forment le cœur du récit. « Thierry Klifa ne voulait pas faire un film judiciaire, mais raconter plus largement le destin de ces familles industrielles françaises immensément riches, dont certaines fortunes reposent sur des zones d’ombre, notamment la collaboration. »

Le casting impressionne : Isabelle Huppert en milliardaire, Marina Foïs en héritière, Laurent Lafitte en photographe, Raphaël Personnaz en majordome. « Le film montre les mécanismes de domination, l’emprise d’un homme qui profite de la solitude d’une femme âgée en quête d’amitié sincère. Certaines scènes prennent des allures de vaudeville. Laurent Lafitte est outrancier, extravagant. On rit, mais on comprend aussi la gravité de la situation. » Une comédie dramatique, donc, qui choisit la légèreté pour traiter d’un sujet sérieux.


L’Incroyable Femme des Neiges : Betbeder revient à Blois

Mercredi, place à l’avant-première de L’Incroyable Femme des Neiges de Sébastien Betbeder. « C’est la sixième fois qu’il vient présenter un film aux Lobis. C’est rare : beaucoup de réalisateurs confirmés privilégient les grandes villes. Lui a un excellent souvenir du public blésois. »

Au casting : Blanche Gardin, Philippe Katerine et Bastien Bouillon. Betbeder revient filmer le Groenland, qu’il avait déjà magnifiquement montré dans Voyage au Groenland (2016). Cette fois, l’histoire alterne entre le Jura et le Groenland. « Blanche Gardin annonce en voix off, dès le début, qu’elle va mourir. On assiste donc à ses derniers jours, à une sorte de voyage introspectif. » Drôle, burlesque, mais aussi profondément émouvant. « C’est une femme simple, qui cherche juste sa place dans le monde, et se pose des questions existentielles. » Le film illustre la singularité de Betbeder : alterner sans cesse entre drame et comédie. « D’une minute à l’autre, on passe du rire aux larmes. » Une dramédie, comme il aime à le dire.


L’Inconnu de la Grande Arche : architecture et politique au cinéma

Mardi prochain, nouvelle avant-première : L’Inconnu de la Grande Arche de Stéphane Demoustier. Le cinéaste connaît bien son sujet : avant de passer à la réalisation, il travaillait au ministère de la Culture, département architecture. Le film revient sur le grand concours – anonyme pour donner sa chance à tous – lancé par Mitterrand dans les années 80 dans la perspective de la sortie de terre de cet édifice. Contre toute attente, il fut remporté par un architecte danois inconnu : Johan Otto von Spreckelsen. « Le film raconte son combat pour défendre sa vision contre les puissances politiques et financières, dans un contexte d’élections incertaines et de budgets colossaux. »

Au casting : Swann Arlaud, Xavier Dolan, et un acteur danois francophone. Pour la présentation du film aux Lobis (mardi 4 novembre à 20h30), Laëtitia Scherier s’associera à trois enseignants de l’École de la Nature et du Paysage – Olivier Gaudin, Sébastien Lemaire et Camille Michel – afin d’apporter un éclairage architectural et politique.


Halloween aux Lobis : Petit Vampire et Dark Night

Halloween approche. Vendredi 31 octobre, à 16h30, séance spéciale enfants avec Petit Vampire de Joann Sfar. « Une adaptation de sa bande dessinée, qui compile les trois premiers albums. Il avait très bien marché lors de sa sortie. On fera aussi une distribution de bonbons pour les enfants déguisés. »

Samedi soir, retour de la Dark Night. Après une première édition marathon et une seconde réduite, Laëtitia propose cette année une soirée intermédiaire : quatre films, de 19h à 2h30 du matin.

  • 19h : Carrie au bal du diable de Brian De Palma,
  • 21h : Shocker de Wes Craven,
  • 23h15 : Dark Water de Hideo Nakata,
  • 1h du matin : eXistenZ de David Cronenberg.

« L’idée est d’offrir de la diversité : un grand classique, un film de psychopathe, un film d’horreur japonais culte, et Cronenberg pour clore la nuit. Pas de gore, mais des atmosphères très différentes. Les spectateurs peuvent composer leur programme, venir pour un seul film ou pour tous. »


Mugonga, celui qui soigne : rendre hommage au Dr Denis Mukwege

Enfin, la programmation Ciné’fil met à l’honneur Mugonga, celui qui soigne, consacré au gynécologue congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix. « On l’appelle “l’homme qui répare les femmes”. Il a soigné des milliers de victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo. » Un homme trop peu connu du grand public, malgré son rôle pionnier dans la dénonciation des viols comme armes de guerre. « Je suis très heureuse que Ciné’fil ait programmé ce film. Cela met en lumière une figure essentielle de notre époque. »


Horaires et informations : blois-les-lobis.cap-cine.fr

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