Jamais le sentiment de vulnérabilité n’a été aussi fort en France

Le Future Risks Report 2024, publié par Ipsos et AXA, dresse un constat alarmant : la France se classe parmi les pays où le sentiment de vulnérabilité face aux risques est le plus élevé. Sur un échantillon de 19 000 personnes représentatives réparties dans 15 pays et 3 000 experts dans 50 pays, 9 Français sur 10 perçoivent une augmentation constante du nombre de crises. La polycrise – concept définissant la simultanéité de plusieurs crises globales – semble marquer notre époque, et la France se distingue par l’intensité de ce ressenti.

Une vulnérabilité record face aux crises

Le baromètre met en lumière la montée du sentiment d’exposition aux risques en France, où 92 % des personnes interrogées estiment qu’il y a une multiplication des crises, et 94 % jugent que celles-ci ont un impact direct sur leur vie. Plus précisément, 80 % des Français estiment que leur vulnérabilité s’est accrue au cours des cinq dernières années. Ce sentiment est plus marqué en France qu’ailleurs, dépassant la moyenne mondiale de 9 points. Le pays se place au deuxième rang mondial en termes de vulnérabilité croissante, juste derrière le Nigeria, où 85 % de la population partage cette perception.

Ce sentiment de vulnérabilité est particulièrement fort face aux risques sociétaux et politiques, notamment l’instabilité géopolitique, les tensions sociales et les nouvelles menaces sécuritaires telles que le terrorisme. 69 % des Français se disent vulnérables face à l’instabilité géopolitique (+8 points par rapport à la moyenne mondiale), 71 % face aux tensions sociales (+1 point), et 70 % face aux menaces sécuritaires et terroristes (+7 points).

Les risques environnementaux au cœur des préoccupations

Les Français sont également plus inquiets que les autres populations concernant les risques environnementaux. 80 % se disent vulnérables à la pollution (+3 points par rapport au reste du monde) et au changement climatique, un risque largement perçu comme imminent et dévastateur. Cette préoccupation est constante depuis plusieurs années. La biodiversité et la raréfaction des ressources naturelles préoccupent également 77 % des Français, un chiffre en hausse de 6 points par rapport à la moyenne mondiale.

La sensibilité environnementale est devenue si forte que le changement climatique occupe encore la première place du classement des risques les plus redoutés, tant en France qu’au niveau mondial. Les épisodes de canicules, de sécheresses ou d’inondations marquent profondément les esprits et contribuent à cette montée d’angoisse.

Des craintes accrues face aux risques sanitaires et technologiques

La pandémie de COVID-19 a laissé des séquelles durables dans la perception des risques sanitaires. En 2024, 75 % des Français se disent vulnérables aux pandémies et maladies infectieuses, un chiffre supérieur de 5 points à la moyenne mondiale. De plus, 78 % craignent les maladies chroniques, alors que 82 % des Français s’inquiètent de leur exposition prolongée à des substances nocives (+9 points).

Concernant les risques technologiques, comme la cybersécurité, les inquiétudes restent également vives : 74 % des Français s’estiment vulnérables face aux cyberattaques (+1 point), un chiffre proche des moyennes mondiales. L’intelligence artificielle et le big data sont aussi au cœur des préoccupations, bien que les Français soient légèrement moins inquiets que le reste du monde sur ce sujet (62 %, -2 points). Les progrès et innovations médicales font aussi l’objet de craintes croissantes (65 %, +3 points), les questionnements sur les conséquences des avancées technologiques sur la santé devenant une préoccupation collective.

La désinformation : un risque majeur

Le Future Risks Report 2024 met également en avant la montée des inquiétudes liées à la désinformation, particulièrement en période électorale. 84 % des Français pensent que les fake news constituent un réel danger pour influencer le vote, un niveau comparable à celui des États-Unis (88 %). Ce phénomène est perçu comme une menace pour la stabilité des institutions, la sécurité publique et la cohésion sociale.

Une critique sévère envers la préparation des autorités

L’étude révèle un scepticisme croissant quant à la capacité des autorités à faire face aux risques. Seuls 27 % des Français jugent les pouvoirs publics bien préparés à affronter les risques climatiques, un chiffre en dessous de la moyenne mondiale (32 %). La préparation face aux pandémies (40 %) et aux tensions sociales (28 %) suscite également des critiques, tout comme la gestion des risques liés à l’intelligence artificielle et au big data (29 %).

Le Future Risks Report 2024 démontre que la France est en proie à une inquiétude grandissante face à une multitude de risques. Les crises, qu’elles soient sociétales, environnementales, technologiques ou sanitaires, nourrissent un sentiment de vulnérabilité jamais atteint. Avec les conséquences que cela peut avoir, par exemple dans la recherche de bouc-émissaires.