« Le Salon qui bouge » les lignes avec un coiffure éco-responsable

Depuis mars 2023, Stéphanie sillonne le territoire avec Le Salon qui bouge, une initiative atypique et engagée qui bouscule les codes traditionnels de la coiffure. Après 14 ans passés en salon, dont 7 ans à son compte à Nantes, cette coiffeuse a choisi de rompre avec un modèle qui ne lui convenait plus. « Après la crise sanitaire, j’ai commencé à ressentir un peu de lassitude. J’avais envie de mettre en place certaines choses, mais mes associés n’avaient pas tout à fait la même vision du travail. J’ai donc eu envie d’opérer un virage pour voler de mes propres ailes », explique-t-elle.
Un concept fondé sur des valeurs fortes
Loin d’être une décision impulsive, ce changement s’est inscrit dans une réflexion plus large sur ses aspirations et son rapport au métier. « À l’époque, je ne savais pas bien si je voulais continuer la coiffure ou changer de voie. Et puis finalement, je me suis rendu compte que ce que je voulais, c’était partir de mes valeurs pour monter un nouveau projet professionnel. » Loin du salon traditionnel, elle imagine alors un modèle itinérant, axé sur la proximité, la convivialité et le respect de l’environnement.
Son Salon qui bouge repose sur une charte éco-engagée qui guide chaque aspect de son activité. D’abord, le choix de ne coiffer que des groupes, dans des entreprises, des structures comme la Mission locale ou lors d’événements. « L’idée, c’est de mutualiser un besoin : je n’interviens que dans un cadre collectif. Par exemple, on peut découvrir une exposition, et en profiter pour se faire couper les cheveux. » Ou comment allier l’utile à l’agréable.
La coupe sur cheveux secs, un choix écologique et technique
L’une des particularités du Salon qui bouge réside dans sa pratique exclusive de la coupe sur cheveux secs. Une approche qui rompt avec les usages en salon, mais qui s’avère aussi plus respectueuse des ressources naturelles. « En valorisant la coupe sur cheveux secs, je gaspille moins d’eau. En salon, j’avais énormément de clients et clientes qui venaient avec les cheveux propres du matin par pudeur, alors qu’on faisait quand même des shampoings. Là, je supprime cette étape et je mets mon savoir-faire au service d’un résultat tout aussi précis. »
Techniquement, cette méthode présente aussi des avantages pour la maîtrise du volume et du mouvement capillaire. « Quand on aime la matière, quand on aime le cheveu, c’est super intéressant de travailler sur cheveux secs, parce qu’on voit tout de suite les problématiques, l’implantation, la densité. Pour les cheveux texturés, frisés, bouclés, c’est particulièrement pertinent : un cheveu texturé paraît plus long mouillé, alors que sec, on perçoit immédiatement la réalité de sa longueur et de son tombé. »
Un modèle qui fidélise autrement
Contrairement à un salon classique où les clients se déplacent toujours au même endroit, Le Salon qui bouge impose un suivi différent. « Les clients et clientes m’attrapent le temps d’un événement. » Un fonctionnement qu’elle a pensé pour être le plus accessible possible. « J’ai tout fait dès le début pour que ce soit flexible mais simple. J’ai un site en ligne avec un onglet Prendre un rendez-vous. En cliquant dessus, on accède à la programmation du Salon qui bouge, avec tous les prochains événements. »
Certaines structures à Blois l’accueillent régulièrement pour des journées complètes, à l’image du studio de danse et de yoga Terra Dansa, ou la boutique Déesse. « C’est assez facile de me trouver et de prendre rendez-vous. Et je fidélise plutôt bien, parce que le format plaît, le résultat est là, et finalement, ma clientèle voyage de coupe en coupe. Ça sort de la routine. »
Un rapport au miroir bouleversé
Autre élément distinctif du Salon qui bouge : l’absence de miroir. Un choix qui bouleverse la manière dont les clients vivent la coupe. « Ça engage au lâcher-prise : vous n’êtes pas là à scruter ce que je fais, à vous demander : Mon Dieu, combien elle coupe ? Qu’est-ce qu’elle fait ? Ça permet une discussion plus fluide, ou simplement un moment de détente. » Ce parti-pris répond aussi aux angoisses que peuvent éprouver certains clients en salon. « Il y a des gens qui sont très mal à l’aise en salon, il faut quand même le dire. Là, c’est une autre proposition, une autre expérience. »
Recycler les cheveux, une évidence
Stéphanie ne s’arrête pas là dans son engagement écologique. Au-delà de la réduction de la consommation d’eau, elle recycle aussi les cheveux qu’elle coupe. Un geste encore marginal dans le secteur. « Il faut savoir qu’il n’y a actuellement que 5 % des cheveux qui sont recyclés, alors qu’on peut en faire plein, plein de choses. »
Elle travaille avec Capillum, une entreprise française qui récupère ces matières pour la dépollution des océans et des eaux grâce à des boudins de cheveux. « Ils ont aussi créé un paillage à base de laine et de cheveux, pour tout ce qui est permaculture, afin de remplacer les bâches en plastique. On en utilise encore beaucoup, et ça a pourtant plein de vertus. Il faut arrêter de jeter les cheveux. »
Un modèle qui séduit
Le succès du Salon qui bouge repose autant sur ses valeurs que sur l’expertise de sa fondatrice. Stéphanie revendique une approche plus propre, plus respectueuse des ressources et plus humaine. « Cette charte fait qu’au bout du compte, j’exerce mon métier avec passion, mais de manière beaucoup plus clean qu’avant. » Une façon aussi de redonner du sens à son travail, en y intégrant un véritable engagement. Son initiative illustre comment un métier aussi ancré que la coiffure peut se réinventer, en repensant son mode d’exercice tout en préservant son essence.
Pour en savoir plus : lesalonquibouge.fr