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« Monsieur de Pourceaugnac » revient au Théâtre Peskine

Monsieur de Pourceaugnac, une pièce de théâtre écrite par Molière, revient sur les planches du théâtre Nicolas Peskine à Blois. Cette comédie-ballet, à l’origine représentée pour le divertissement du roi de France Louis XIV au château de Chambord le 6 octobre 1669, reste un véritable joyau du répertoire théâtral classique. Avec une mise en scène de Nadine Teixeira, la pièce sera jouée les samedi 23 et dimanche 24 mars 2024, respectivement à 20h et 17h. Celle-ci nous avait accordé un entretien en juin dernier afin de présenter le spectacle. Le voici :

Blois Capitale : Quels aspects de « Monsieur de Pourceaugnac » vous ont attiré en tant que metteuse en scène?

Nadine Teixeira : La dimension purement théâtrale de cette pièce m’a toujours séduite, je veux dire que ce n’est pas une pièce sur laquelle il est facile de tenir un discours, dont il faudrait « chercher le message », comme on le fait souvent pour Molière. Je ne dis pas que la pièce ne dit rien mais ce n’est pas cela qui prime. Très inspirée de la comédie italienne dont elle reprend plusieurs canevas, c’est une pièce à série, c’est-à-dire que la même situation se reproduit plusieurs fois, il faut donc trouver des ressources dans le jeu et la mise en scène pour varier la représentation de cette situation. La pièce offre donc aux comédiens et au metteur en scène des variations comme il en existe en musique où, à partir d’un même thème, on crée des formes légèrement différentes.

Pour moi, Monsieur de Pourceaugnac est une pièce du « geste » : le geste théâtral d’abord car sa dramaturgie en fait une vraie machine à jouer, elle incite au jeu dans tous les sens du terme, aussi bien le jeu dramatique que le jeu « ludique » puisque toutes les personnes jouent à être autre chose que ce qu’elles sont, les médecins jouent les médecins avec tous les tics, tous les discours attendus des médecins, par exemple. D’autres personnages se déguisent et se font passer pour autres que ce qu’ils sont, comme l’intrigant Sbrigani qui joue un marchand flamand. C’est aussi une pièce du geste car les deux intrigants, Nérine et Sbrigani, font le mal pour le plaisir de la ruse et de la rouerie. En cela, Sbrigani est très proche de celui que nous connaissons tous, Scapin, que Molière créera quelques années plus tard. Sbrigani aime imaginer des moyens de faire tourner Monsieur de Pourceaugnac en bourrique alors même que cet homme ne lui a rien fait et peut-être même qu’il lui est sympathique. Mais sa vie, c’est l’art pour l’art, la ruse pour le plaisir de la ruse. Le geste, donc. D’une certaine manière, Sbrigani est un metteur en scène aussi et ce regard du théâtre sur ses propres possibilités rend cette pièce très séduisante. Et puis, en tout point, cette pièce est musicale. Il y a les chansons bien sûr, mais aussi beaucoup d’accents et c’est un vrai plaisir.

Blois Capitale : Comment avez-vous abordé la mise en scène de cette pièce classique ? Avez-vous apporté des éléments contemporains ou avez-vous opté pour une approche plus traditionnelle ?

Nadine Teixeira : Dans la mesure où cette pièce est peu connue du grand public, je ne me sentais pas prisonnière des représentations et des attentes habituelles que ne manque pas de susciter le théâtre de Molière. La singularité de cette comédie-ballet est qu’il est très difficile d’enlever les parties chantées sans en altérer le sens (contrairement au Malade Imaginaire, par exemple). Comme la partition de Lully était trop complexe pour les chanteurs amateurs que nous sommes, j’ai demandé à Mathis Poulin, un jeune musicien blésois, de composer la musique des chansons et je lui ai demandé d’être sur scène avec nous. Il y a donc un jeune artiste qui joue une musique d’aujourd’hui dans une pièce de 1669. Ensuite, comme fabriquer des costumes d’époque coûte très cher, j’ai fait le choix de mélanger des pièces de costumes qui évoquent le 17ème siècle et des éléments actuels, tirés d’une garde-robe d’aujourd’hui.

Blois Capitale : Quels ont été les principaux défis que vous avez rencontrés lors de la mise en scène de cette pièce ?

Nadine Teixeira : Le nombre de personnages a été un vrai défi : nous sommes 13 sur scène et nous interprétons près de 40 personnages différents (si je compte les parties chantées et dansées). Il fallait donc harmoniser le travail entre 13 personnes dont le théâtre n’est pas le métier, mais aussi créé autant de costumes.

Blois Capitale : Avez-vous introduit des modifications ou des adaptations au texte original de la pièce lors de la mise en scène ?

Nadine Teixeira : La principale modification réside dans un texte en occitan que des spectateurs contemporains ne peuvent pas comprendre mais qui est aussi très difficile à apprendre, à maîtriser… donc à jouer. J’ai distribué ce rôle à une comédienne d’origine espagnole qui a transposé ce texte dans cette langue pour qu’elle puisse s’amuser à jouer, mais aussi parce que c’est une langue plus familière pour tout le monde.

Blois Capitale : Comment percevez-vous l’importance et la pertinence de « Monsieur de Pourceaugnac » dans le contexte actuel ?

Nadine Teixeira : C’est une comédie, ce qui est plutôt bienvenu aujourd’hui. Mais comme toutes les vraies comédies, elle repose sur un drame, une situation absolument terrible : Monsieur de Pourceaugnac est harcelé de tous côtés, il se retrouve même sous le coup d’une condamnation à mort, parce qu’il a eu le tort de vouloir se marier, mais plus encore parce qu’il vient de Limoges. Monsieur de Pourceaugnac souffre parce qu’il a tort d’être ce qu’il est. Cela se passe de commentaire.

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