Agglopolys élue « meilleure intercommunalité pour la biodiversité 2025 »

Depuis 2010, le concours Capitale française de la biodiversité identifie, valorise et diffuse les meilleures actions menées par des communes et intercommunalités françaises en faveur de la nature. Chaque année, des dizaines de collectivités candidates témoignent de leurs réussites et de leurs fiertés. En 2025, plus de soixante d’entre elles ont répondu à l’appel autour d’un thème volontairement très large, « Culture(s) & Biodiversité ». Le choix de ce mot pluriel dit tout : la culture n’est pas seulement artistique, mais aussi scientifique et naturaliste, patrimoniale et agricole, horticole et historique.
Huit territoires ont été distingués par des trophées, saluant l’excellence de leur engagement. La communauté d’agglomération de Blois, Agglopolys, a été désignée « Meilleure intercommunalité pour la biodiversité 2025 ».
Le contexte d’un territoire ligérien
Agglopolys réunit 43 communes du Loir-et-Cher, pour 108 460 habitants répartis sur 79 200 hectares. Sa croissance démographique – environ 2 % par an depuis vingt ans – accentue les pressions sur un territoire marqué par la diversité des paysages : Loire inscrite à l’UNESCO, Gâtine tourangelle, Petite Beauce, Sologne viticole, forêts de Blois et de Russy. Dans un rapport publié en 2023, la Chambre régionale des comptes du Centre-Val de Loire avait souligné « une politique ambitieuse de végétalisation et de préservation de la biodiversité » et « un programme volontariste de réduction des îlots de chaleur urbain ».
Regards sur le Val de Loire : art, paysage et science
Au cœur du thème « Culture(s) & Biodiversité », le jury a retenu comme emblématique le projet Regards sur le Val de Loire. Ce programme collectif et expérimental a transformé un chemin de promenade sur la rive sud de Blois en un espace de découverte sensible du fleuve. Agglopolys y a associé la Mission Val de Loire UNESCO, trois écoles créatives blésoises (École de la Nature et du Paysage – INSA, École de design ETIC, Pôle Design et Métiers d’Art du lycée Camille Claudel), des artistes, des scientifiques et les habitants.

Installations éphémères biodégradables, inventaires naturalistes et informations ont permis de redonner aux promeneurs un regard neuf sur la Loire, son patrimoine et ses écosystèmes. En 2025, neuf projets ont été réalisés avec la participation directe des agents techniques d’Agglopolys et des étudiants. Devant le succès rencontré, l’expérience sera reconduite en 2026, mais sur un autre site.
Atlas de la biodiversité intercommunale et planification
De 2023 à 2025, Agglopolys a mené un Atlas de la biodiversité intercommunale (ABC) couvrant l’ensemble de ses 43 communes. Mené en partenariat avec le CDPNE, la LPO et Sologne Nature Environnement, il a ciblé flore, amphibiens et chauves-souris, avec des compléments sur les lombrics, libellules, papillons et criquets. Coût global : 311 800 €, dont 211 080 € financés par l’OFB. Les résultats seront publiés prochainement. L’ABC a aussi mobilisé habitants, élus et scolaires par des fresques et comptages participatifs.
Cette démarche s’articule avec un Plan de paysage adopté en 2013, un plan Biodiversité (2021-2026), la reconnaissance Territoire engagé pour la nature (TEN) depuis 2022, renouvelée en 2025, et un PCAET 2019-2025 conçu comme le cadre global de la politique écologique intercommunale.
La Bouillie : rendre un territoire aux crues et à la vie
Le projet le plus spectaculaire reste la désurbanisation du quartier de La Bouillie, sur Blois, Saint-Gervais-la-Forêt et Vineuil. Ce site, déversoir historique de la Loire et du Cosson, avait pourtant été urbanisé au XXe siècle. Depuis 2004, Agglopolys a acquis et démoli 137 biens, sur une superficie de 52 hectares, soit la première opération de ce type en France. Coût total : 24 M€, financés en majorité par le fonds Barnier. En avril 2025, la dernière maison a été détruite.
Un projet de Parc agricole naturel et urbain (PANU) est engagé : zones humides, agriculture de proximité, pâturage, jardins partagés, aires de jeux, parcours de pêche, potager pédagogique.
Zones humides et ENS : restaurer les milieux
Deux autres sites ont marqué les évaluateurs : la zone humide des Lardonneries (Mesland) : ancienne friche attenante à la station d’épuration, réhabilitée depuis 2021 pour remplir ses fonctions hydrauliques et écologiques, tout en ouvrant un chemin de découverte au public. Et aussi l’ENS du champ de tir de Russy (7 ha). Ancien site militaire, géré avec le CEN41, les castors, loutres et pies-grièches y trouvent refuge. Après des années de dépôts sauvages, le lieu accueille désormais pâturage, mobilier pédagogique et même des travaux d’intérêt général.
Pastoralisme et gestion écologique
L’action Pasto’Loire illustre la dimension agricole et paysagère de la stratégie intercommunale. Développée avec le CEN Centre-Val de Loire et la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, elle confie 153 hectares de prairies ligériennes à un groupement d’éleveurs de brebis solognotes. Chaque année, une transhumance publique relie les sites et sensibilise habitants et visiteurs.
Les 80 hectares de parcs communautaires sont quant à eux gérés selon un plan différencié : fauches tardives, haies multistrates, haies sèches constituées de branchages, restauration de zones humides. Le Parc des Mées (40 ha), en bord de Loire, est un site symbolique de cette gestion.
Espèces mal-aimées et pollinisateurs
Agglopolys a également été remarquée pour sa capacité à traiter des enjeux concrets et parfois sensibles : résolution non létale d’un problème de blaireaux dans un cimetière ; lutte contre le frelon asiatique (25 à 40 k€ par an, interventions gratuites pour les particuliers) ; engagement dans le programme Abeille sentinelle de l’environnement (UNAF), installation de six ruches, organisation d’« Apidays » pour sensibiliser les familles et distribuer le miel produit localement.
Une reconnaissance nationale
Le jury – composé d’écologues, paysagistes, représentants de l’OFB et de Plante & Cité – a visité le territoire le 15 mai 2025. Il a salué la cohérence d’une politique qui associe culture, paysage, biodiversité et climat, et la capacité à mobiliser habitants, associations et agents (dont 1 200 formés sur 1 600 à la transition écologique). Agglopolys devient ainsi l’une des quatre intercommunalités lauréates nationales aux côtés de la Côte d’Émeraude (Bretagne), de Bruyères Vallons des Vosges (Grand Est) et de CapAtlantique La Baule-Guérande (Pays de la Loire).
Muttersholtz et les autres lauréats 2025
La commune de Muttersholtz (Grand Est) a été réélue Capitale française de la biodiversité 2025, huit ans après un premier titre. Porte-étendard des collectivités engagées, elle incarne une écologie culturelle et citoyenne, avec la création d’une Maison de l’Écologie Culturelle et la restauration d’un corridor écologique majeur. Trois communes ont été désignées Meilleures communes pour la biodiversité 2025 : Mesnières-en-Bray (Normandie, < 2 000 hab.), Angoulême (Nouvelle-Aquitaine, < 100 000 hab.), et Tours (Centre-Val de Loire, > 100 000 hab.).
La remise des trophées et le colloque de restitution auront lieu le 20 novembre 2025 à Paris, à la Fédération des parcs naturels régionaux.
Et demain…
L’édition 2026 du concours s’ouvrira dès novembre 2025 sur le thème : « Restauration de la nature ». Collectivités urbaines comme rurales seront invitées à présenter leurs actions de renaturation, qu’il s’agisse de restaurer des zones humides, de verdir les villes ou de concilier activités productives et protection de la faune et de la flore.

