Karine Gourault : « Le Loir-et-Cher offre des possibilités incroyables »
En première ligne pour répondre à des enjeux d’avenir socio-économiques locaux, l’Agence d’attractivité de Loir-et-Cher, Be LC, comme sa directrice Karine Gourault, sont face à des défis. Depuis sa création en 2020, Be LC s’est donnée une mission : révéler à quel point le Loir-et-Cher est un territoire rayonnant, attractif, et dynamique. Dans un monde en constante évolution, où les défis de l’attractivité territoriale sont multiples et complexes, l’approche de Be LC se démarque. Avec en 18 mois, 250 familles installées, 85 jobpacks réalisés, et 38 professionnels de santé implantés. Voyons cela avec Karine Gourault.
Blois Capitale : Dans les compétences recherchées, vous concentrez-vous principalement sur Paris et la région parisienne ?
Karine Gourault : Notre champ d’action couvre toute la France. Quelques précisions d’abord sur l’agence d’attractivité, c’est une association 1901 financée à 90% par le Conseil départemental. Le conseil d’administration inclut des élus du conseil départemental, des présidents de communautés de communes, des chambres consulaires, et des chefs d’entreprise, formant ainsi un panel ouvert à la société. Les trois missions principales de l’agence sont : accroître la notoriété et le sentiment d’appartenance au Loir-et-Cher, accompagner les nouveaux arrivants et promouvoir le Loir-et-Cher comme un lieu de travail attractif, et enfin, prospecter et soutenir les professionnels de santé. Concernant votre question, notre proximité avec Paris attire de nombreux Parisiens à la recherche d’une meilleure qualité de vie tout en restant proches de la région parisienne. Cependant, notre objectif est également d’attirer des personnes de toute la France et de l’étranger. Il est essentiel que ces nouveaux arrivants ne se sentent pas isolés et puissent s’intégrer facilement grâce à des outils structurants.
Blois Capitale : Comment faire pour que le Loir-et-Cher soit le 1er département auquel on va penser ?
Karine Gourault : Nous sommes conscients que la concurrence est forte, et même avec des pays comme le Québec et le Canada qui recrutent activement. Notre enjeu est donc de valoriser les opportunités d’emploi variées en Loir-et-Cher, pour tous les profils professionnels, et pas seulement pour les cadres. Quant à la méthode, nous communiquons dans des web médias, nous participons activement à des salons professionnels et des événements pour promouvoir notre région. L’enjeu est d’attirer l’attention sur notre territoire, souvent moins connu que d’autres régions comme la Bourgogne ou la Normandie. Notre stratégie consiste à cibler un public varié et à proposer des opportunités adaptées à leurs besoins professionnels et personnels. Nous travaillons en étroite collaboration avec un réseau étendu de recruteurs pour faciliter les mises en relation entre employeurs et candidats. Enfin, pour les professionnels de santé, nous déployons des efforts spécifiques pour pallier la pénurie de médecins. Nous utilisons divers canaux, comme les salons professionnels et les réseaux sociaux, pour attirer et retenir ces professionnels essentiels. En résumé, notre objectif est de promouvoir le Loir-et-Cher comme un lieu de vie et de travail attrayant, en valorisant la qualité de vie et les opportunités professionnelles qu’offre le département.
Blois Capitale : Le personnel de santé est spécialement recherché n’est-ce pas ?
Karine Gourault : Pour attirer les professionnels de santé dans notre territoire, notre approche consiste principalement à susciter leur intérêt pour le Loir-et-Cher. Cela va au-delà de la simple évidence géographique ; nous portons une attention particulière à leurs aspirations professionnelles et personnelles. En d’autres termes, nous cherchons à comprendre leur mode de vie et leurs projets. Nous nous intéressons d’abord à la personne, à son projet professionnel et personnel, puis, en fonction de leurs réponses, nous collaborons avec divers professionnels du secteur, que ce soit en milieu hospitalier, privé ou libéral, pour leur proposer des lieux d’installation et d’exercice adaptés. Notre objectif, voire notre obsession, est de garantir que les professionnels de santé restent sur le territoire, même s’ils se déplacent à l’opposé de leur lieu d’installation initial. Pour nous, un aide-soignant est tout aussi important qu’un médecin spécialiste. Bien que leur impact ne soit pas identique, les aides-soignants sont cruciaux, notamment dans les EHPAD où la qualité et le manque de personnel sont des enjeux majeurs.
Blois Capitale : Quels sont les retours d’expérience ?
Karine Gourault : Les retours que nous recevons sont généralement positifs. Par exemple, certains professionnels nous ont informés de l’achat de leur résidence principale dans le département, signe de leur satisfaction et de leur désir de s’implanter durablement. Je pourrais vous parler par exemple d’un commissaire aux comptes et de son épouse enseignante, qui, après avoir déménagé de Versailles, ont décidé d’acheter une maison à Blois. Il est important de noter que si certains professionnels choisissent de quitter le territoire après quelques années, cela ne constitue pas un échec. Les mobilités géographiques sont normales et, tant que le nombre d’arrivées surpasse celui des départs, l’équilibre est maintenu. Ce qui compte vraiment pour nous, c’est que les personnes parlent positivement de leur expérience dans le Loir-et-Cher et qu’elles en gardent un souvenir agréable. Nous sommes conscients de l’importance de l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants, y compris des conjoints non encore installés. Proposer des pistes d’emploi et faciliter leur intégration est essentiel. Pour les professionnels de santé, cette démarche diffère légèrement, mais l’objectif reste le même : les accueillir et les intégrer efficacement.
Blois Capitale : Comment ces arrivées impactent l’économie loir-et-chérienne ?
Karine Gourault : Mesurer l’impact économique est complexe car beaucoup agissent de manière autonome et ne passent pas nécessairement par nous. Cependant, l’objectif principal reste de répondre aux besoins criants en ressources humaines, et encore plus face au départ à la retraite de nombreuses personnes dans les prochaines années. Il est crucial que nos entreprises continuent à créer des emplois et à produire au même niveau, pour maintenir la vitalité économique du territoire. En ce qui concerne le développement économique, cette compétence revient principalement au Conseil régional et aux communautés de communes, et nous travaillons en complémentarité avec eux sur ces aspects.
Blois Capitale : Les reprises d’activités ?
Karine Gourault : Ce qui est crucial pour maintenir la vitalité de notre territoire, ce sont effectivement les reprises de commerces et d’artisans, qui possèdent un savoir-faire unique. Nous travaillons avec plusieurs partenaires pour augmenter notre visibilité et mettre en avant ces opportunités. Aujourd’hui, nombreux sont les quadragénaires qui souhaitent se reconvertir professionnellement, y compris dans le secteur de l’agriculture, où notre territoire offre des possibilités incroyables. Nous devons accélérer nos actions sur ce sujet en 2024.
Blois Capitale : Be LC… mais c’est quoi être Loir-et-Chérien ?
Karine Gourault : Etre « Loir-et-Chérien », c’est embrasser notre identité rurale, où la qualité de vie est exceptionnelle et la beauté du paysage, qu’il soit naturel ou architectural, est sans compromis. De la Sologne au Perche, nous sommes fiers de notre territoire. C’est pourquoi nous utilisons le hashtag #FierDuLoirEtCher comme une marque territoriale. Il s’agit d’assumer et de promouvoir les valeurs d’authenticité, de simplicité, et de richesse qui caractérisent notre région. J’y suis personnellement très attachée, et je sais que beaucoup de gens, en France ou à l’étranger, ne bénéficient pas d’une qualité de vie comparable à la nôtre*. Adopter une vision positive de notre territoire peut grandement contribuer à notre mission. Par exemple, lors du recrutement, il est essentiel que les employeurs parlent du territoire à leurs candidats potentiels, car les candidats recherchent plus qu’un simple emploi ; ils cherchent un projet de vie.
Nous travaillons donc avec les recruteurs pour modifier leurs pratiques de recrutement. Ce n’est plus seulement un emploi que les candidats désirent, mais un projet de vie complet. Il est donc crucial de vendre à la fois le poste, le projet de l’entreprise, et le cadre de vie sur le territoire. Souvent, les recruteurs ne savent pas comment présenter efficacement notre région, et c’est là que notre travail prend tout son sens. Ici, personne ne peut s’ennuyer. Entre festivals, expositions, et activités sportives, il y a toujours quelque chose à faire. Notre mission est de communiquer cette richesse et cela demandera du temps et de l’engagement de la part de tous les acteurs du territoire.
Blois Capitale : En termes d’image c’est Michel Delpech vs François Ier ?
Karine Gourault : Concernant les figures emblématiques comme Michel Delpech, elles font partie de notre patrimoine, même si elles ne sont pas connues de tous, notamment des moins de 40 ans. Notre stratégie ne se focalise pas sur ces personnalités, mais plutôt sur les joyaux de notre territoire, comme Chambord et Beauval. Ces lieux emblématiques nous permettent de mettre en lumière la richesse de notre territoire, en termes de nature, de culture, et de patrimoine vivant. L’un de nos défis majeurs est d’encourager les touristes visitant des sites comme Beauval ou Chambord à explorer davantage notre région et à y séjourner plus longtemps. L’évolution récente de l’offre hôtelière montre que lorsque l’hébergement est disponible, les visiteurs sont plus enclins à prolonger leur séjour. En 2024, nous prévoyons de tester des stratégies avec certains hébergeurs pour encourager les touristes à découvrir davantage le Loir-et-Cher et à envisager de s’y installer.
*Selon un enquête réalisée en 2022 plus de 90% des sondés se sont déclarés satisfaits de vivre en Loir & Cher.
