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« La Gagne des Gueux » : docufiction, bande originale de Beufa et tournée à venir…

On se souvient de l’exposition intitulée « Tu veux ma photo ? »  qui présentait une série de portraits, à la fois photographiques et radiophoniques, de dix personnes qui fréquentent Le Carillon* de Blois. Un autre projet voit le jour, un projet cinématographique et musical intitulé « La Gagne des Gueux ».

La partie documentaire, produit par l’ALEP et la Compagnie Rag-Bag, explore la préparation et le défilé d’un groupe de personnages de la rue blésoise pour une parade au Carnaval de la ville, en 2023. Une manière aussi d’évoquer les absents de la célébration pour diverses raisons telles que l’éloignement, la lutte pour la survie, des dépendances, la maladie, ou même la mort. Le documentaire se concentre principalement sur deux hommes, Laurent et Beufa, et intègre également une composante musicale, avec des enregistrements réalisés au Chato’do. Le projet vise non seulement à documenter mais aussi à transformer la vie des participants, leur offrant une plateforme pour exprimer leurs histoires et créations.

C’est d’ailleurs Beufa qui signe la bande originale du film. Afin de réunir les ressources nécessaires pour l’enregistrement, la production et la duplication des CD et DVD, une campagne de financement est en cours ici avec une prévente : https://www.helloasso.com/associations/association-de-loisirs-et-d-education-populaire/collectes/pre-ventes-de-l-album-de-beufa-et-du-dvd-de-la-gagne-des-gueux Elle permettra aussi de valoriser et promouvoir l’univers de Beufa et le documentaire « La Gagne des Gueux », qui invitent à réfléchir, ressentir et poétiser l’existence dans la rue, à travers le prisme des « clochards célestes » (en référence à l’expression utilisée par Beufa, inspirée de Kerouac), en mettant en lumière la beauté et la richesse des échanges émergents durant le tournage, ainsi que les enjeux sociaux liés à l’exclusion et à la précarité. L’idée est aussi de financer de manière autonome la tournée du film, avec des projections à Tours, Nantes ou Montreuil. Enfin, c’est le moyen d’engager un graphiste chargé de concevoir l’habillage visuel du film, y compris les pochettes des DVD et CD, l’affiche et l’identité graphique globale, une démarche essentielle pour faciliter l’accès aux cinémas, festivals, etc. Et bien sûr, afin de rémunérer Beufa pour son travail et son apport au projet.

Pour aller plus loin sur cette création originale liée à Blois, nous avons parlé avec Amélia Bréchet, fondatrice de la Compagnie Rag-Bag et metteure en scène de « La Gagne des Gueux ». « Avec l’ALEP on avait déjà fait un projet à partir de 2017 autour des stéréotypes de genre. C’était une première grosse étape sur comment le théâtre peut servir de vecteur d’émancipation politique. On avait fait de l’éducation populaire par le théâtre. L’idée est liée à Mélanie (Pasteur, ndlr) qui a créé ‘Le Carillon’ il y a deux ans. On avait envie de retravailler ensemble, sur un projet à dimension plus politique, en particulier pour les participants, explique Amélia Bréchet. Initialement, l’objectif était de s’orienter vers le théâtre, mais en voyant le type de public attiré par ‘Le Carillon’, j’ai réalisé qu’il serait difficile de former une troupe engagée sur le long terme. »

C’est donc sous une autre forme que le projet devait grandir. « Mes premières envies quand j’étais étudiante était dans le documentaire. J’adore le docufiction, notamment celui de Jean Rouche. J’ai donc proposé ce projet, avec des situations qui n’auraient pas existé sans ce documentaire, nous dit Amélia Bréchet. Ici, c’est la participation au carnaval. On a commencé à dire, en octobre ou novembre 2022, aux gens qui venaient au Carillon qu’on allait faire un docufiction pour se concentrer sur le carnaval dès janvier. Un petit groupe du Carillon s’est rendu à la Halle aux grains, où la Compagnie des Cousus faisait des ateliers publics pour donner envie aux gens de participer au carnaval, tout en fournissant les outils nécessaires pour créer une comparse. C’est devenu alors beaucoup plus concret pour les gens du Carillon. Ce pivot a rendu le projet plus tangible pour eux dès fin janvier et début février. Et on a eu un lieu pour créer et répéter. »

Mais quel était le rapport à la caméra pour ce docufiction ? « Certains étaient mal à l’aise, une personne surtout qu’on voit toujours de dos dans le film, tandis que d’autres étaient totalement ouverts à l’idée. En tant que metteure en scène, j’ai tenté de créer un environnement où la caméra se faisait discrète, souvent en utilisant simplement mon téléphone pour une approche moins intrusive. Pour les entretiens, évidemment, il y avait le consentement », répond Amélia Bréchet. « La projection en février avec les participants a été un moment fort. Certains, même si on les voit peu, sont encore très liés à la rue. Ils se sont sentis exister et de jolie manière. Les deux personnages principaux ont longtemps été dans la rue et s’en sont sortis. Ils prennent la parole pour ceux qui y sont encore. Il y a beaucoup de profondeur, de poésie, de philosophie dans ce qu’ils disent. Cela a permis à ceux qui sont apparus de se sentir valorisés et reconnus, une démarche humanisante importante. Le documentaire rend également hommage à ceux qui sont décédés, une préoccupation majeure parmi les participants, craignant l’oubli après leur mort. Le film mentionne les noms des défunts, affirmant leur mémoire. » Cette crainte de la peur de la mort dans l’anonymat est-elle un phénomène nouveau ? « Elle semble avoir été exacerbée par le nombre inhabituellement élevé de décès dans la rue à Blois en 2023, constate Mélanie Pasteur, coordinatrice du Carillon à Blois. Mais je n’ai pas trop d’éléments de comparaison puisque je ne les connais pas depuis si longtemps. Après, je pense que cette peur est toujours un peu là. L’espérance de vie est moindre dans la rue. »

En conclusion, le documentaire cherche à finaliser son financement pour mener le projet dans son ensemble. L’objectif final est de célébrer le troisième anniversaire du Carillon par une projection de « La Gagne des Gueux » à Blois, le dernier week-end ou dernière semaine de septembre.

La Gagne des Gueux

*Le Carillon est le programme emblématique de l’association nationale La Cloche. Ce réseau innovant et solidaire, destiné aux personnes sans domicile fixe et en situation de grande précarité, a été lancé à Blois en 2021. Le Carillon de Blois a tissé un réseau d’une trentaine de commerces locaux qui s’engagent à offrir divers services et produits. Parmi ces offres, les personnes dans le besoin peuvent recharger leur téléphone, remplir une bouteille d’eau, bénéficier d’un repas, d’une coupe de cheveux, ou même obtenir un vêtement. Le Carillon ne se limite pas à l’aspect matériel de l’aide ; il propose également un espace de rencontre hebdomadaire nommé « Le Repère ». Situé au Pavillon, 3, rue Dupré à Blois, cet espace accueille chaque mardi après-midi, de 15h à 17h, tous les habitants de la ville, qu’ils aient un domicile ou non. Le Repère est un lieu d’échange convivial où les participants peuvent se connaître autour d’un café, de petits gâteaux et de jeux de société.

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