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Pourquoi « Tu veux ma photo ? » va vous parler

L’exposition intitulée « Tu veux ma photo ? » présente une série de portraits, à la fois photographiques et radiophoniques, de dix personnes qui fréquentent Le Carillon de Blois. Cette exposition faite des photos de Xavier Oliviero et des audios du Studio Zef vise à braquer les projecteurs sur ceux qui ont vécu ou vivent encore dans la rue, en explorant leur vécu, leurs récits personnels et leurs compétences uniques.

L’expo sera accessible durant toute la saison 2023-2024. Elle a débuté avec une présentation à l’ALEP – Espace Quinière Rosa Parks pendant tout le mois d’octobre. « Tu veux ma photo ? » est actuellement à l’Hôte Bureau, jusqu’à la fin du mois de novembre. Le vernissage s’est fait vendredi. Nous avons rencontré un peu avant Mélanie Pasteur, coordinatrice du Carillon qui a enregistré l’essentiel des entretiens, ainsi que Louanne Wadoux, également en mission au sein de l’ALEP. Elle nous éclairent sur le sujet.

Le Carillon est le programme emblématique de l’association nationale La Cloche. Ce réseau innovant et solidaire, destiné aux personnes sans domicile fixe et en situation de grande précarité, a été lancé à Blois en 2021. Le Carillon de Blois a tissé un réseau d’une trentaine de commerces locaux qui s’engagent à offrir divers services et produits. Parmi ces offres, les personnes dans le besoin peuvent recharger leur téléphone, remplir une bouteille d’eau, bénéficier d’un repas, d’une coupe de cheveux, ou même obtenir un vêtement.

Le Carillon ne se limite pas à l’aspect matériel de l’aide ; il propose également un espace de rencontre hebdomadaire nommé « Le Repère ». Situé au Pavillon, 3, rue Dupré à Blois, cet espace accueille chaque mardi après-midi, de 15h à 17h, tous les habitants de la ville, qu’ils aient un domicile ou non. Le Repère est un lieu d’échange convivial où les participants peuvent se connaître autour d’un café, de petits gâteaux et de jeux de société. Combien sont-ils ? « Le nombre exact de personnes aidées n’est pas connu, mais l’initiative accueille régulièrement une vingtaine de personnes sans domicile fixe, ainsi que des bénévoles et d’autres participants de la communauté », explique Mélanie Pasteur.

Louanne Wadoux et Mélanie Pasteur à côté de la photo de Tony

« Les personnes que nous voyons ici sont celles qui fréquentent régulièrement nos rendez-vous. Parmi elles, certaines continuent de venir, tandis que d’autres le font moins fréquemment. Récemment, nous avons perdu Tony, nous dit Mélanie. Ainsi, cette exposition s’est transformée en un hommage inattendu pour lui. Tony est décédé en mai. Il a vécu à la rue depuis ses 13 ans, avec quelques interruptions. Avant son décès, il a été hébergé pendant presque un an au lieu de vie de la Garenne, un projet collaboratif entre plusieurs associations. Dans notre exposition, vous pouvez découvrir le portrait de Tony, où il partage son histoire. Chaque portrait révèle une histoire unique. En discutant avec ces personnes, j’ai réalisé qu’elles avaient toutes des récits riches et variés. En les écoutant, nous pouvons réduire les craintes et les préjugés, et encourager un dialogue plus ouvert. »

« Nous ne nous sommes pas limités à leur expérience de la rue, précise la coordinatrice. Beaucoup de ces personnes se sentent invisibles, en particulier lorsqu’elles font la manche. Elles soulignent que le regard et un simple bonjour sont plus importants que l’aumône. Notre exposition vise à briser cette invisibilité et à créer du lien.« 

Qui trouve-on sur les murs de l’Hôte Bureau ? Laurent, qui a une formation en biologie, en ornithologie. Laurent a aussi vécu dans la rue et dans des squats. Il a rencontré diverses personnes au cours de son parcours… Jean-Marie, connu à Blois et surnommé « le Canadien » suite à son séjour dans le pays. Il a un intérêt pour les mathématiques et crée des objets en bois liés à la musique. Thomas lui a vécu dans des foyers avant de se retrouver à la rue. Il est photographié avec son chien, Scooby. Marie Amélie est récemment arrivée à Blois, elle s’est impliquée dans l’aide aux autres et a été bénévole. Elle a aussi connu la vie dans la rue. Beufa a partagé ses expériences sur la spiritualité et son combat contre la dépendance à l’alcool. Olivier a exprimé son admiration pour l’initiative du Carillon et a partagé son parcours personnel, notamment sa vie dans la rue. Quentin a vécu dans des foyers, il parle de sa relation avec sa mère et de son expérience de vie. Léa a 18 ans, elle est l’une des plus jeunes participantes. Elle a également vécu dans des foyers et dans la rue. Chep fait enfin un hommage à son ami Tony, décédé peu de temps avant l’enregistrement.

Accompagner des personnes dans la difficulté n’est jamais simple. Les jeunes femmes travaillant pour l’ALEP peuvent en témoigner : « Pour moi, établir ces liens avec des personnes en difficulté est à la fois gratifiant et émotionnellement difficile. C’est un défi de maintenir un équilibre entre l’aide que nous pouvons offrir et notre bien-être personnel. Cette expérience me rappelle les paroles de l’abbé Pierre, qui soulignait l’importance de prendre soin de ceux qui sont moins fortunés. Nous nous efforçons, à notre niveau, de fournir un soutien social et une visibilité, bien que nous ne puissions pas toujours offrir un toit ou des repas« , nous confie Mélanie. Louanne partage ces sentiments. Elle a dû apprendre à gérer l’impact émotionnel de ce travail, surtout face à des jeunes de son âge vivant dans la rue. Cette expérience professionnelle lui a enseigné à maintenir une distance nécessaire, bien que cela reste un défi.

II y a un besoin de bénévoles, notamment de jeunes, pour s’engager dans des activités d’aide aux personnes dans le besoin. Alors n’hésitez pas à vous rapprocher du Carillon.

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