Local, vrac, bio… Céline Meusnier, l’épicière qui donne « bonne mine »

Il y a dans la voix de Céline Meusnier une énergie calme, une sincérité ferme, une manière d’avancer droit en faisant les choses bien. Native de Landes-le-Gaulois, la lauréate Éco-Défis (lire ici) a ouvert en 2021 l’Épicerie Bonne Mine, un clin d’œil transparent pour tous les amateurs d’Astérix mais surtout un projet profondément ancré dans la terre où elle a grandi. « L’idée de cette épicerie, c’était de faciliter les achats de produits locaux », explique-t-elle. Local, vrac, bio : trois mots qui ne sont pas des slogans, mais le socle de son travail quotidien.
Son épicerie est petite mais précise, organisée autour d’un principe clair : que chaque produit raconte une proximité réelle. La première chose qu’elle évoque, ce sont les légumes — « mon plus gros point de vente » — tous issus de la Ferme de Rangy, à cinq kilomètres seulement. Trois approvisionnements par semaine, des produits frais, une variété qui suit le fil du potager. Céline Meusnier décrit les choses simplement, comme on raconte ce qui va de soi dans un village : la proximité, la fraîcheur, la relation directe.
Pour les laitages, même logique : « uniquement des bouteilles consignées », travaillées avec la Ferme des Érusées à Sargé-sur-Braye. La consigne, elle en a fait un principe cardinal. Grâce à un logiciel de caisse qui imprime des étiquettes de tare, elle donne gratuitement les pots à ses clients. « Tous les pots sont lavés à au moins 70 degrés, puisque c’est la norme. Les gens prennent les pots dont ils ont besoin, gratuitement. »
Cette économie du lien, Céline Meusnier l’étend au-delà du canton. Pour les agrumes — « pas très locaux comme l’orange » — elle a choisi de travailler en réseau. Avec le Comptoir des Cocottes à Thoré-la-Rochette et Mazangé, Thomas Grappy à Blois, et des petits producteurs espagnols qu’ils connaissent personnellement. « Les agrumes et les avocats sont bio, on sait que ce sont de petits producteurs puisqu’on les a rencontrés. » De ces échanges est né un système astucieux : Rangy sert de point nodal pour leurs livraisons croisées. Une géographie de proximité élargie, sans perdre l’esprit du local.
Dans les rayons de Bonne Mine, on trouve aussi du papier toilette — mais évidemment pas n’importe lequel. Céline passe par Popee, un système sur abonnement où les rouleaux sont fabriqués à partir de papiers blancs recyclés dans les entreprises. Là encore, l’idée vient d’une attention aux matières, au trajet des objets, à la possibilité de revaloriser ce qui existe déjà.
Et puis il y a Poiscaille, autre exemple qu’elle aime donner : un abonnement « type casier » où le poisson vient exclusivement de petits pêcheurs. Les clients récupèrent leur panier dans le frigo de l’épicerie. Poisson frais, pêche tracée, point-relais au cœur de Landes-le-Gaulois.
Les chiffres qu’elle partage disent son exigence : 835 références sur l’année de son dernier bilan ; 41 % de produits bio ; 38 % de vrac ; 62 % de produits locaux, c’est-à-dire à moins de 120 kilomètres. « Et ça représente 74 % de mon chiffre d’affaires », précise-t-elle. Le local n’est pas un discours, c’est une structure commerciale. C’est aussi une manière de travailler : « Je les ai tous rencontrés, je suis allée voir comment ils pratiquaient. Ça me semblait encore plus important que d’avoir un label bio. »
Rien ne se perd à l’Épicerie Bonne Mine. Les cartons des fournisseurs — dont il faut encore gérer le flot — partent dans une entreprise blésoise qui expédie ses bols et ses tasses dans ces mêmes cartons. Les restes de légumes rejoignent le poulailler communal, géré par des bénévoles, ou un composteur installé récemment par Agglopolys. Derrière le commerce, il y a aussi une idée : celle d’alimenter la cantine scolaire du village. « 75 enfants de maternelle mangent des produits frais », dit-elle. Produits laitiers, pâtes, poisson : elle fournit l’essentiel, facilitant une logistique qui serait autrement impossible pour une petite commune. « Ce n’est ni aux employés communaux ni aux cantiniers d’aller chercher ces produits chez les producteurs. C’était très compliqué. Là, c’est plus pratique. »


