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Made in France : un attachement et des freins

L’engouement des consommateurs français pour les produits fabriqués en France a atteint son apogée en 2020, porté par des préoccupations économiques, environnementales et un attachement croissant à la souveraineté industrielle nationale. Pourtant, les réalités économiques, marquées par une inflation persistante et des contraintes budgétaires accrues, ont fragilisé cette dynamique. Une étude du Crédoc, fondée sur les enquêtes barométriques « Conditions de Vie et Aspirations » et « Tendances de Consommation », met en lumière les évolutions de cet attachement et les freins qui entravent aujourd’hui son développement.

Un attrait en constante progression depuis le début du siècle

Si en 2005 seulement 43 % des consommateurs déclaraient être prêts à payer un surcoût pour un produit fabriqué en France, cette proportion a grimpé à 65 % en 2020. L’évolution de cette sensibilité est indissociable d’un contexte marqué par des crises économiques et environnementales successives, dans lesquelles le Made in France est perçu comme un levier pour préserver l’emploi local et garantir une meilleure qualité des produits. La crise sanitaire de 2020 a renforcé cette tendance en mettant en évidence les risques de dépendance aux importations et en favorisant la prise de conscience de la nécessité d’un tissu productif national robuste. Le Salon du Made in France, événement majeur depuis 2012, illustre cet intérêt grandissant avec plus de 100 000 visiteurs en 2023.

Un attrait qui dépasse désormais les générations

Longtemps réservé aux générations les plus âgées, le Made in France séduit désormais les jeunes. En 2005, seuls 34 % des moins de 25 ans et 36 % des 25-39 ans étaient prêts à payer plus cher pour un produit français, contre 54 % des plus de 60 ans. En 2020, cet écart générationnel a disparu : 67 % des moins de 25 ans et 68 % des 25-39 ans se montrent favorables à un surcoût pour privilégier la fabrication française. Cette évolution s’explique en grande partie par une sensibilisation accrue aux enjeux environnementaux, qui sont désormais plus au cœur des décisions d’achat des jeunes générations.

L’environnement, moteur de la consommation Made in France

L’intérêt grandissant pour les produits français repose donc en grande partie sur des préoccupations écologiques croissantes. En 1991, seuls 12 % des Français se disaient préoccupés par la dégradation de l’environnement, contre 31 % en 2020. Cette sensibilité accrue a renforcé l’attrait pour les circuits courts et les produits fabriqués dans l’Hexagone, jugés moins polluants que leurs équivalents importés. En 2005, 50 % des consommateurs soucieux de l’environnement étaient prêts à payer un surcoût pour un produit fabriqué en France, contre 42 % de ceux qui ne partageaient pas ces préoccupations. En 2020, cet écart s’est accentué : 76 % des consommateurs soucieux de l’environnement se disent prêts à un effort financier supplémentaire, alors que seulement 39 % des autres affichent cette disposition.

Les inégalités économiques persistent

Malgré cet engouement global, des disparités notables demeurent en fonction du niveau de revenu et de diplôme. En 2005, 59 % des hauts revenus privilégiaient les produits Made in France contre seulement 37 % des bas revenus, un écart de 22 points qui reste stable en 2020. Toutefois, la progression du soutien au Made in France touche également les catégories les plus précaires : en 2005, seulement 37 % des personnes en difficulté financière étaient prêtes à payer plus cher pour ces produits, contre 51 % en 2020.

L’écart entre les diplômés du supérieur et les non-diplômés s’est quant à lui creusé. En 2005, 48 % des titulaires d’un diplôme supérieur contre 40 % des non-diplômés se disaient prêts à un surcoût pour un produit français. En 2020, cet écart est passé à 28 points, avec 75 % d’adhésion chez les diplômés du supérieur contre 46 % chez les non-diplômés.

Une dynamique freinée par les contraintes budgétaires et la complexité de l’offre

Dans un contexte inflationniste, l’intérêt pour les produits Made in France tend à s’essouffler. En 2020, 87 % des Français considéraient la fabrication française comme un critère incitatif à l’achat. En 2024, ils ne sont plus que 73 %. La tendance est similaire pour les garanties écologiques, qui incitaient 77 % des consommateurs en 2020 contre seulement 54 % en 2024.

L’inflation pèse lourdement sur les comportements d’achat : en 2023, 67 % des Français déclaraient que la hausse des prix avait réduit leur capacité à acheter des produits français, et 64 % affirmaient y avoir renoncé. Outre l’aspect financier, la diversité des labels constitue un frein supplémentaire. La multiplicité des certifications, perçue comme confuse, suscite la méfiance des consommateurs et limite l’adhésion à cette forme de consommation responsable.

Le Made in France reste une aspiration forte pour une majorité de Français, mais son déploiement effectif se heurte à la réalité des contraintes budgétaires et à la complexité du marché. L’évolution de cette dynamique dans les années à venir dépendra de la capacité des entreprises à proposer des alternatives abordables et des pouvoirs publics à clarifier les labels afin de rendre la consommation locale plus accessible et compréhensible pour tous.

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