Avec BULLE, entre cordes et soufflets Blois va se raconter des histoires
Le 25 novembre 2023, la nuit tombée, la Galerie d’art Wilson se fera l’écrin d’une expérience musicale singulière. À 19h30, les murs de ce lieu culturel s’animeront sous l’effet des sonorités évocatrices du projet « BULLE », porté par l’harmonie inattendue d’un duo d’instruments que tout semble opposer mais qui, sous les doigts de Florence Adam et Matthias Boudeau, racontent des histoires sans mots. Elle, dotée de son violoncelle, lui, maniant l’accordéon, promettent une plongée dans un univers où la musique devient conteuse et le silence, narrateur.
« BULLE » est une exploration, une invitation à la rêverie, où chaque note jouée délimite une sphère éphémère dans laquelle l’auditeur est convié à se perdre. Dans l’interview accordée à Blois Capitale, Florence et Matthias dévoilent les origines de cette collaboration, née d’un projet étudiant et mûrie au fil d’échanges créatifs qui dépasse les frontières des genres musicaux. Des échos de jazz, de classique, voire de sonorités latino parfois attribuées par un public surpris, colorent leur œuvre sans la définir, laissant à chacun la liberté d’interprétation.
La galerie, ce soir-là, se transformera en un espace de narration acoustique où chaque morceau sera une page blanche sur laquelle le spectateur pourra projeter ses rêveries. Loin de chercher à contrôler l’expérience de l’écoute, les deux artistes aspirent à offrir une performance où l’évasion est le maître-mot, où applaudissements et silence seront également accueillis comme les témoins d’une rencontre entre l’art et son public.
Blois Capitale : Pouvez-vous nous parler du cheminement qui vous a amené à former le duo BULLE ?
Matthias : Tout part d’un exercice issu d’une formation à musique et équilibre (Orléans), dans lequel était demandé de créer un projet musical professionnel. J’ai donc commencé à écrire des compositions. Ayant pris 2, 3 cours de violoncelle plus jeune j’ai demandé à Florence de me suivre.
Florence : Matthias est arrivé à Orléans pour suivre la formation MIMA (musicien intervenant musiques actuelles) à Musique et Equilibre pour laquelle il a commencé à composer pour accordéon et violoncelle.
Matthias et Florence, qu’est-ce qui vous a initialement attiré vers vos instruments respectifs, l’accordéon et le violoncelle ?
Matthias : Le professeur… il aurait été professeur de basse j’aurais fait de la basse.
Florence : Le professeur également, que j’avais eu au jardin musical. Même après avoir fait le tour des autres classes d’instruments, je gardais mon idée de commencer le violoncelle.
En quoi consiste votre processus de création musicale en duo ? Travaillez-vous toujours ensemble depuis le début ou développez-vous des idées séparément avant de les fusionner ?
Matthias : Tout dépend du morceau mais généralement on apporte séparément des idées déjà « construites » et une fois mises en commun on les modifie/transforme jusqu’à ce que cela nous touche.
Florence : C’est Matthias qui apporte (quasi) toutes les trames des morceaux, puis on les façonne ensemble selon ce que l’on souhaite y développer.
Votre musique est décrite comme influencée par les esthétiques du monde et par les musiques de films. Pouvez-vous nous donner des exemples précis qui vous ont inspirés ?
Florence : Nous disons en effet que la musique est influencée par les esthétiques du monde car certains morceaux vont apparaître plutôt « classique », d’autres « jazz », « latin », « rock »… À chaque fin de concert on peut nous dire « ce passage m’a fait penser à… » et on nous donne le nom d’une série ou d’un générique de film… Des fois que l’on ne connait pas, mais c’est intéressant de voir que les morceaux résonnent auprès du public dans leurs univers cinématographiques.
Comment décririez-vous l’interaction entre l’accordéon et le violoncelle dans votre musique ? Y a-t-il des défis uniques à cette combinaison d’instruments ?
Matthias : J’espère l’interaction souple et juste. Il est assez facile de marier ces deux instruments, le défi est de ne pas trop se marcher dessus au niveau sonore et de ne pas tourner en rond sur l’écriture musicale.
Florence : L’autre défi serait de garder un équilibre entre les parties « chantées » et l’harmonie, que chacun des instruments puissent s’exprimer à tous les niveaux.
Quelles histoires cherchez-vous à raconter à travers vos morceaux ? Y a-t-il un morceau en particulier qui incarne l’essence de BULLE ?
Matthias : On laisse le public se faire ses histoires, l’idée de l’errance (qu’elle soit musicale ou imaginaire) reste un fil rouge. Nous ne l’avons pas encore écrit, bien que certains s’en approchent.
Florence : Des histoires introspectives, que le spectateur est amené à chercher en lui-même s’il accepte de rentrer dans « ses » bulles. Nous donnons quelques citations au cours du set pour guider ceux qui le souhaiteraient. Ces citations parlent d’errance d’une part, de rapport à la nature d’autre part. Nos morceaux sont inspirés par le milieu marin et la fragilité des mondes. Notre premier EP se nomme « Halocline », qui est une zone de transition entre l’eau douce et l’eau salée, un espace de rencontre hasardeuse mais aussi d’équilibre.
Comment la notion d’évasion se manifeste-t-elle dans votre musique et de quelle manière souhaitez-vous que le public réagisse à vos performances ?
Matthias : Dans certains morceaux, des images de paysage immense me viennent, j’espère réussir à le retransmettre dans nos compositions et dans le jeu. On est toujours parti du principe que le public réagissait comme il l’entendait. S’il ne souhaite pas applaudir et rester dans sa bulle ou à l’inverse applaudir et en demander plus, nous ne serons pas choqués.
Vous parlez d’ouvrir des « espaces de narration » à travers la matière acoustique. Pouvez-vous élaborer sur ce concept ?
Matthias : On laisse beaucoup d’espace dans nos morceaux et il y est très facile d’imaginer du texte, un autre instrument ou une histoire.
Florence : Nous avons très vite imaginé du dessin ou du film sur ce que l’on était en train de jouer. Si sur le set version instrumental, nous donnons quelques phrases qui guident l’auditeur, nous avons parallèlement réalisé un clip (https://www.youtube.com/watch?v=Zo-bGRyBeBs&ab_channel=MB) avec un vidéaste adepte du travail de la rotoscopie qui consiste à relever image par image les contours de scènes filmées, puis de les animer dans notre cas. Le projet futur est une version scénique où seraient projetées les images sur scène, entourant les musiciens, et même en interaction avec eux, sur différents supports de projections.
Avez-vous des influences musicales inattendues ou surprenantes qui se reflètent dans votre travail ?
Matthias : Je ne pense pas mais on nous dit souvent qu’on a des influences latino (je ne suis pas sûr que ce soit très inattendu).
Enfin, quelle « bulle » musicale rêveriez-vous de créer si toutes les ressources étaient à votre disposition ?
Matthias : Oula… c’est en cours de travail!
