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Du “grand nettoyage” à la reprise alimentaire : anatomie du jeûne

Dans un contexte marqué par la fatigue, le stress et une attention croissante portée aux questions de santé et de modes de vie, le jeûne suscite un intérêt discret mais réel. Pratique ancienne, parfois évoquée dans des cadres médicaux, culturels ou spirituels, il reste néanmoins mal connu, souvent réduit à une idée de privation ou associé à des expériences menées sans méthode ni accompagnement.

Directrice du centre Eco-Jeûne Loir-et-Cher, Nathalie Green accompagne des séjours “jeûnes bien-être” de six jours à Lunay, près de Vendôme, dans un lieu nommé “Écoute la Vie”. Car un jeûne ne se résume pas à “s’arrêter de manger”, observe l’experte. C’est une démarche encadrée, préparée, progressive.

Une première expérience fondatrice, sans le mot « jeûne »

La rencontre de Nathalie Green avec le jeûne ne passe pas par un protocole médical ni par une recherche de résultat. À 35 ans, elle participe à un long week-end proposé par une professeure de yoga : « quatre jours de grand nettoyage ». Le mot jeûne n’est pas prononcé. Ce n’est que plus tard qu’elle met un nom sur l’expérience.

Ce qui la frappe alors, ce n’est pas la difficulté, mais au contraire la facilité : une préparation « très légère », une entrée progressive dans le processus, puis, à la fin, un état intérieur nouveau. Elle parle d’un bien-être profond, d’un sentiment de nettoyage, et de transformations visibles chez les participants : des visages plus lumineux, des regards plus vifs, et surtout « une grande joie » partagée. Une joie qui, précise-t-elle, ne se dissipe pas immédiatement, mais qui s’installe.

Cette joie devient, au fil du temps, un point central de sa réflexion. En tant qu’art-thérapeute, Nathalie Green fait le lien entre le jeûne et ce qu’elle appelle le renforcement des « hormones du bonheur » : dopamine, sérotonine, noradrénaline. Elle s’appuie sur un raisonnement simple : une grande partie de ces mécanismes est liée au microbiote intestinal. Dans son discours, le jeûne n’est pas une parenthèse vide. Il crée un contexte physiologique particulier, dans lequel l’organisme se réorganise, s’adapte, se renforce.

Se retirer du quotidien pour écouter le corps

Jeûner, selon Nathalie Green, suppose une rupture assumée avec le quotidien. Elle insiste sur ce point : on ne jeûne pas en continuant à travailler, à courir, à maintenir les mêmes contraintes. Le jeûne demande du temps, de l’espace, et surtout une disponibilité intérieure. Elle parle d’un mouvement clair : mettre le corps au repos et placer l’esprit à son service. Cette inversion est essentielle. La détoxification, rappelle-t-elle, demande de l’énergie. Elle ne peut pas se faire dans un contexte saturé de stress, d’obligations et de sollicitations permanentes.

Dans les séjours qu’elle accompagne, le corps n’est jamais laissé en jachère. Les journées s’organisent autour de temps de marche, destinés à oxygéner les cellules et à soutenir l’élimination. Le mouvement est doux, régulier, sans recherche de performance. Le lieu lui-même est pensé pour cela : hébergements simples, espaces naturels, étang, chemins boisés. Chacun peut y trouver son rythme, entre moments de partage et temps de retrait, sans injonction.

Les groupes sont volontairement restreints, entre cinq et dix personnes. Nathalie Green insiste sur l’importance du collectif : jeûner ensemble permet de traverser l’expérience avec plus de légèreté. Les échanges, les retours d’expérience, la simple présence des autres jouent un rôle de soutien discret mais réel. Elle parle d’une aventure humaine, d’un sentiment de solidarité, presque familial.

Pourquoi jeûner ? Vitalité, équilibre, moments charnières

Aucune inscription n’est acceptée sans un entretien préalable. Nathalie Green prend le temps d’échanger. Il s’agit de comprendre les motivations, l’hygiène de vie, les attentes, mais aussi de repérer les situations qui nécessitent un avis médical. Elle le dit sans détour : dès que le jeûne sort du cadre du bien-être et de la prévention, elle oriente vers les médecins. La liste des situations incompatibles avec le jeûne est précise : grossesse, allaitement, diabète de type 1 insulino-dépendant, hyperthyroïdie, insuffisance rénale ou hépatique, ulcère, greffe d’organe, stimulateur cardiaque, troubles du comportement alimentaire, pertes de poids récentes, addictions lourdes, épilepsie, anémie.

Elle ajoute un point souvent négligé : les plaies récentes, internes ou externes. Le corps, en phase de détoxification, mobilise ses voies d’élimination ; jeûner dans ce contexte peut compliquer la cicatrisation. Sa règle est simple : il faut une santé globale suffisante.

Certains peuvent venir avec l’idée de perdre du poids, mais elle refuse d’en faire l’axe principal. Elle parle plutôt de vitalité, d’énergie, d’équilibre global. Le jeûne, explique-t-elle, intervient souvent à des moments charnières : besoin de faire une pause, de clarifier une direction, de se ressourcer avant un nouveau départ. Il devient alors un espace de réflexion, bien au-delà de la seule alimentation.

Biodiversité intestinale : « nous sommes les jardiniers de notre flore intérieure »

Le jeûne, dans cette approche, ne se pense jamais isolément. Il s’inscrit dans une continuité qui relie alimentation, responsabilité et rapport au vivant. Nathalie Green associe cette démarche au respect de soi, des autres et de la planète, en convoquant à la fois l’alimentation biologique et la notion de biodiversité. Un point lui paraît essentiel : si la préservation de la biodiversité extérieure est désormais reconnue comme un enjeu majeur, il est, selon elle, « tout aussi important » de veiller à la biodiversité intestinale. Les bactéries qui nous habitent, rappelle-t-elle, ne conditionnent pas seulement des fonctions physiologiques, mais interviennent également dans les équilibres émotionnels et mentaux. Perdre en biodiversité intestinale, affirme-t-elle, revient à perdre des facultés, voire des compétences.

Dans ce cadre, le jeûne devient un outil de remise à zéro, un temps pour « réensemencer », pour « éliminer tout ce qui est pathogène, tout ce qui est toxique ou dégénéré », et pour se reposer, inlassablement, une question centrale : « qu’est-ce que je mets à l’intérieur, de bon et de bien, pour moi ».

À cette dimension s’ajoute un processus biologique précis. Le jeûne active l’autophagie : le corps, dans cet état particulier, « va d’abord se nourrir des cellules un peu dégénérées ». Parallèlement, l’autolyse s’opère, participant au renforcement des cellules saines.

Le basculement du troisième jour : quand le corps change de carburant

Le format qu’elle accompagne est de six jours. Elle insiste : “c’est important de dépasser trois jours”. Elle explique pourquoi, en s’appuyant sur la méthode Buchinger, qu’elle dit appliquer. Le troisième jour marque “le point de bascule”. C’est le moment où le corps a “fini de manger tous les sucres”, tous les “carburants disponibles” de manière classique. À partir de là, le foie est sollicité pour aller chercher dans les graisses : “déstocker les graisses” et les transformer en corps cétoniques. L’experte décrit ceux-ci comme “un super carburant pour le cerveau, pour tous nos organes, pour les muscles”.

Préparation et purge : ce qui rend le jeûne “vivable” et sécurisé

Jeûner ne commence pas le jour où l’on cesse de manger. La semaine qui précède, il s’agît d’alléger progressivement son alimentation : retirer les excitants, puis les sucres rapides, puis les protéines animales, puis alléger encore jusqu’à “terminer vraiment en mode fruits et légumes”. Nathalie Green insiste aussi sur un point qu’elle juge déterminant : la purge, sujet qu’elle reconnaît délicat “dans notre culture occidentale”. Elle la présente comme une condition pour que le jeûne “se passe bien”, pour être “libre au niveau du côlon”, et aider le corps à comprendre qu’il “passe en mode nettoyage”. Dans sa bouche, ces étapes ne relèvent pas d’un folklore : ce sont des éléments de méthode, et elle y revient comme à des garde-fous.

L’accompagnement : prévenir, expliquer, repérer

La pratique accompagnée se distingue nettement de ce que l’on appelle le jeûne sec. Ici, il n’est jamais question de couper l’organisme de toute ressource. L’hydratation constitue un pilier, non une variable secondaire. Le corps est soutenu en continu : chaque matin par un jus frais, extrait lentement pour préserver vitamines et minéraux, dans la journée par des tisanes ou de l’eau à volonté, souvent citronnée, et le soir par un bouillon composé uniquement de l’eau de cuisson de légumes biologiques. Ce fil liquide, discret mais constant, participe à la reminéralisation et permet de maintenir un apport calorique minimal, suffisant pour accompagner le basculement métabolique sans brutalité. Le processus, ainsi, gagne en confort et en stabilité.

Contrairement à une idée largement répandue, la faim n’occupe pas forcément le devant de la scène. Lorsque la préparation a été menée avec soin et que le corps a été allégé en amont, les deux ou trois premiers jours se déroulent souvent sans sensation de manque. Ce qui se manifeste relève davantage de la détoxification : maux de tête légers, langue chargée, haleine modifiée, transpiration accrue. « Ce n’est pas un moment pour draguer », plaisante l’experte.

Puis vient le seuil. Autour du troisième jour, quelque chose change. Le corps cesse de fonctionner sur ses carburants habituels et entre dans une autre phase. Une forme d’auto-génération de l’énergie s’installe. Les sensations se modifient.

Faire ce chemin seul reste possible, bien sûr. Rien ne l’interdit. Mais l’expérience montre que l’isolement conduit fréquemment à des maladresses : préparation insuffisante, erreurs de rythme, reprise alimentaire trop abrupte. Les bénéfices s’en trouvent alors amoindris, parfois détournés. L’accompagnement joue ici un rôle de garde-fou. Il permet de distinguer les manifestations normales de la détox de celles qui doivent alerter, et d’agir sans délai lorsque c’est nécessaire, en réintroduisant l’alimentation. Cette vigilance fait partie intégrante du cadre.

La dimension spirituelle affleure, mais n’est jamais imposée. Chacun est libre d’y projeter ses références, ses croyances, ou de rester dans une approche strictement corporelle. Ce qui importe, c’est l’équilibre entre ancrage et ouverture. Le corps comme point d’appui. Et, en toile de fond, une attention insistante portée à la biodiversité intestinale : ce monde invisible qui façonne non seulement la physiologie, mais aussi les états émotionnels et mentaux. Le jeûne devient alors un temps de réinitialisation, d’élimination du pathogène, et une invitation à reposer une question simple, presque brutale : qu’est-ce que je choisis, désormais, de laisser entrer en moi ?

Rien, dans cette démarche, ne relève du défi ou de la performance. Les records, la souffrance valorisée, la volonté de “tenir” n’y ont pas leur place. Il ne s’agit pas de se faire violence, mais de se respecter. Tout l’inverse d’une société qui peut pousser à forcer, accélérer, ignorer les signaux du corps. Ici, le mouvement est inverse : ralentir, écouter, laisser faire.

Dans cette continuité, le jeûne intermittent peut trouver naturellement sa place. Une pause alimentaire de douze à seize heures, souvent déjà pratiquée sans le savoir, simplement en dînant tôt et en décalant le premier repas du lendemain. Pour certains, il prolonge les effets d’un jeûne plus long, à condition de s’inscrire dans la réalité du quotidien, des contraintes familiales et professionnelles. Là encore, rien n’est prescrit : il s’agit d’expérimenter et d’écouter.


Un café-rencontre avec Nathalie Green, intitulé « Jeûne : détox & régénération cellulaire« , se déroulera le dimanche 11 janvier 2026 à 15 heures, à Blois Capitale, au 16 rue Emile Laurens. Le nombre de places étant limité, il est demandé de s’inscrire via cette adresse : bloiscapitale@gmail.com

Plus d’informations ici : ecojeune.com/centre/loir-et-cher/

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