Transports, agriculteurs… les mouvements sociaux qui arrivent

La fin d’année 2024 s’annonce sous haute tension sociale en France, avec une série de mobilisations prévues dans de nombreux secteurs stratégiques. Du transport aérien à l’agriculture en passant par les chemins de fer, les syndicats appellent à des grèves et des manifestations. Tour d’horizon des revendications et des actions annoncées.
Un climat social tendu, des mobilisations tous azimuts
Alors que le gouvernement prévoit 60 milliards d’euros d’économies dans le cadre du projet de loi de finances 2025, les tensions s’intensifient dans plusieurs secteurs. Les récents plans sociaux chez Michelin et Auchan ont déjà ravivé la colère dans l’industrie et la grande distribution. À cela s’ajoute un sentiment d’injustice face aux réformes jugées austères, conduisant à une multiplication des appels à la grève.
Transport aérien : les pilotes en première ligne
Le jeudi 14 novembre, le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) organise une journée de grève pour dénoncer l’alourdissement de la fiscalité sur les billets d’avion, mesure phare du projet de loi de finances 2025. Selon les pilotes, cette taxation supplémentaire pourrait mettre en péril des milliers d’emplois dans le secteur aérien, déjà fragilisé par les crises successives.
Un large front syndical, incluant l’UNSA Transport, le SNPNC-FO et la CFE-CGC FNEMA, appelle également tous les salariés du secteur à se mobiliser. Les manifestants se rassembleront devant l’Assemblée nationale pour interpeller directement les députés. Malgré cette action, les principales compagnies aériennes, telles qu’Air France-KLM, prévoient de maintenir la quasi-totalité de leurs vols.
Les agriculteurs montent au créneau dès le 18 novembre
Le secteur agricole, déjà confronté à de nombreuses crises, se prépare à une mobilisation d’envergure à l’appel des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). Dès le lundi 18 novembre, les agriculteurs manifesteront dans tous les départements. Parmi leurs griefs : des récoltes de blé catastrophiques en 2024 aggravant les difficultés financières ; la fièvre catarrhale qui a touché de nombreux élevages, l’incertitude liée aux négociations d’un accord de libre-échange UE-Mercosur jugé destructeur pour l’agriculture française ; un manque de clarté sur les prêts garantis par l’État censés aider les exploitants en difficulté.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a prévenu sur France Inter : « Cette mobilisation est un premier message. Nous voulons défendre nos exploitations, mais nous ne cherchons pas à ennuyer les Français. » Cette action coïncidera avec le G20 au Brésil, offrant une opportunité de porter les revendications françaises sur la scène internationale.
Cheminots : une grève qui pourrait paralyser le pays
À la SNCF, la colère monte face au démantèlement annoncé de Fret SNCF et à l’ouverture à la concurrence des lignes régionales. Plusieurs syndicats, dont la CGT-Cheminots, Sud-Rail, Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots, prévoient une série de mobilisations.
La première grève débutera le mercredi 20 novembre à 19 heures et se terminera le vendredi 22 novembre à 8 heures. Cette action, qualifiée d’« ultimatum » par les syndicats, précédera une rencontre cruciale avec la direction de la SNCF. Les syndicats annoncent déjà une grève reconductible à partir du 11 décembre, menaçant les déplacements des fêtes de fin d’année. Ce mouvement pourrait devenir l’un des plus longs et des plus perturbants depuis plusieurs années, avec un impact majeur sur les usagers. « Nous ne souhaitons pas en arriver là, mais la direction doit comprendre que ses décisions mettent en péril l’avenir du rail public », a martelé Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.
Un contexte explosif
Ces mobilisations se déroulent dans un contexte global de mécontentement. Les plans sociaux dans l’industrie et la grande distribution ont alimenté la défiance envers les politiques gouvernementales. En outre, l’opposition entre une majorité prônant l’austérité budgétaire et des syndicats défendant le pouvoir d’achat s’intensifie.
Face à ce « front social » élargi, le gouvernement pourra-t-il désamorcer les tensions ? Pour l’heure, aucune solution de compromis n’a été avancée dans les différents secteurs. Les semaines à venir s’annoncent donc décisives pour éviter une amplification des blocages et préserver une fin d’année sereine. Mais avec des revendications multiples et des secteurs fortement impactés, la situation pourrait vite échapper au contrôle des autorités.