Le CESER, un levier de démocratie participative à portée des citoyens
Qui connaît vraiment le CESER ? Pourtant, cet organe consultatif régional joue un rôle essentiel dans l’élaboration des politiques publiques du Centre-Val de Loire. Et surtout, il peut être saisi directement par les citoyens. Une pétition réunissant 4 000 signatures réparties sur l’ensemble du territoire régional suffit pour que cette instance examine un sujet d’intérêt public et décide de l’étudier. Ce mécanisme, encore trop peu utilisé, constitue pourtant une opportunité précieuse de placer des problématiques locales au cœur des décisions politiques régionales et d’influer sur les orientations stratégiques de la collectivité.
Le CESER, ou Conseil Économique, Social et Environnemental Régional, est la deuxième assemblée régionale, fonctionnant aux côtés du Conseil régional. Sa mission ne consiste pas à voter les politiques publiques, mais à éclairer les choix de l’exécutif en produisant des avis et recommandations. Il constitue ainsi une force de proposition indépendante, capable d’analyser les conséquences sociales, économiques et environnementales des décisions publiques avec un recul que ne permet pas toujours l’urgence de l’action politique.
Une composition plurielle au service de l’intérêt général
Cette instance repose sur une organisation représentative de la société civile, composée de cent conseillers désignés pour six ans. Son originalité tient à la diversité de ses membres, répartis en quatre collèges : représentants des entreprises et des professions libérales, syndicats de salariés, associations et organismes participant à la vie collective, et enfin, personnalités qualifiées, nommées en raison de leur expertise. Cette structuration garantit une pluralité de points de vue et une capacité d’analyse ancrée dans les réalités du territoire.
Les travaux du CESER s’articulent autour de plusieurs commissions thématiques, qui couvrent des domaines essentiels tels que la qualité de la vie et les solidarités, l’environnement et la mobilité, l’économie et l’emploi, ou encore la formation et l’éducation. À ces commissions s’ajoutent une section évaluation et une section prospective, chargées d’examiner l’impact des politiques publiques sur le long terme et d’anticiper les grandes mutations à venir.
Un rôle clé dans l’orientation des politiques régionales
Contrairement à une idée répandue, le CESER ne se limite pas à une fonction consultative passive. Il dispose d’un pouvoir d’autosaisine qui lui permet d’examiner de manière autonome les sujets qu’il juge prioritaires. Il répond également aux saisines du président du Conseil régional, qui sollicite régulièrement son expertise sur des dossiers complexes, notamment en matière d’aménagement du territoire, d’économie circulaire ou de réindustrialisation.
L’un des axes majeurs de son action concerne le développement économique. À travers ses contributions sur l’économie sociale et solidaire ou la stratégie régionale en faveur de l’économie circulaire, il apporte une réflexion approfondie sur les leviers susceptibles de favoriser une croissance plus durable et inclusive. Il veille aussi à préserver l’emploi industriel, secteur qui représente encore 20 % du PIB régional, en formulant des recommandations visant à maintenir une activité manufacturière compétitive.
Le CESER joue également un rôle déterminant dans les politiques de formation et d’éducation. Il s’attache notamment à identifier les obstacles à l’accès à l’enseignement supérieur dans une région où les taux de poursuite d’études restent inférieurs à la moyenne nationale. De même, il mène une réflexion approfondie sur l’adaptation des formations agricoles aux défis de la transition écologique et énergétique, consciente que la pérennité de l’agriculture régionale passe par une montée en compétences des futurs professionnels du secteur.
Des enjeux environnementaux et sociaux intégrés à la réflexion
L’environnement est au cœur des travaux du CESER, qui contribue activement à la définition des orientations régionales en matière de sobriété énergétique et d’aménagement du territoire. Il intervient, par exemple, dans l’élaboration du SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires), en formulant des propositions sur des enjeux cruciaux tels que la gestion du foncier et la réduction de l’artificialisation des sols.
Sa réflexion dépasse le cadre strictement environnemental pour englober des problématiques sociétales plus larges. Il s’intéresse ainsi aux conditions d’hébergement des publics en grande précarité, en cherchant à promouvoir des solutions d’accueil plus pérennes que les dispositifs d’urgence actuels. Il se penche aussi sur la question des ressources des jeunes de 18 à 25 ans, afin d’identifier les moyens de garantir leur autonomie financière et de favoriser leur ancrage dans la région.
Un outil au service de l’anticipation et de la prospective
Le CESER ne se limite pas à analyser les politiques publiques existantes : il cherche à anticiper les mutations économiques, sociales et culturelles qui façonneront le Centre-Val de Loire de demain. Il élabore, par exemple, des scénarios sur l’évolution démographique et l’attractivité du territoire à l’horizon 2040, en explorant les leviers permettant de fixer les jeunes actifs dans la région.
Son rôle est également essentiel dans l’accompagnement des grands projets structurants. Il contribue activement aux réflexions sur Bourges 2028, désignée Capitale Européenne de la Culture, en analysant les conditions nécessaires à la réussite de cet événement et en mesurant ses impacts potentiels sur l’emploi culturel. Il participe aussi aux travaux sur les mobilités régionales, en apportant une expertise précieuse sur la mise en place des Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) à Orléans et Tours, qui visent à améliorer l’offre de transports collectifs.
Un acteur à mieux mobiliser dans le débat public
Si le CESER dispose d’un champ d’action vaste et d’une expertise reconnue, il souffre d’un déficit de notoriété, notamment au sein des départements éloignés d’Orléans, où il reste mal identifié par les élus et les citoyens. Pourtant, ses travaux nourrissent directement les décisions du Conseil régional et influencent, par ricochet, les orientations prises par l’État sur des sujets comme l’aménagement du territoire, la santé ou la transition énergétique.
L’enjeu est donc d’inciter davantage de citoyens et d’acteurs locaux à s’en saisir comme un levier démocratique, notamment par le biais de la saisine citoyenne. Dans une époque marquée par une défiance croissante envers les institutions, il constitue un espace où les préoccupations de la société civile peuvent être entendues et prises en compte dans la construction des politiques publiques. Une opportunité que les habitants du Centre-Val de Loire auraient tout intérêt à exploiter davantage.