A Blois, un rassemblement en soutien au peuple soudanais

Samedi 8 novembre, un rassemblement a été organisé sur les escaliers Denis-Papin, à Blois, par la petite diaspora soudanaise. L’objectif était d’alerter sur la situation humanitaire au Soudan, et notamment sur les violences commises à al-Fasher, dans la région du Darfour. Le mot d’ordre :
« El Fasher saigne — stop au génocide ».

Que se passe-t-il au Soudan ?
Fin octobre, après dix-huit mois de siège, la ville d’al-Fasher est passée sous le contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), groupe paramilitaire dirigé par Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti ». Les images de l’assaut, diffusées sur les réseaux sociaux par les FSR elles-mêmes, laissent présager des tueries de masse. Faute de présence journalistique suffisante sur place, les estimations restent difficiles, mais plusieurs chercheurs évoquent plusieurs milliers de morts.
Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par la guerre entre les forces du général Abdel Fattah al-Burhan, dirigeant de facto du pays, et les FSR. Ce conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de dix millions de déplacés, selon l’ONU. Le territoire est aujourd’hui largement fragmenté, avec des zones sous contrôle militaire différent, tandis que les affrontements se poursuivent au Darfour, au Kordofan et jusque dans la capitale Khartoum.
Malgré l’annonce, jeudi 6 novembre, par les FSR, de leur accord pour une trêve humanitaire de trois mois, aucun signe de désescalade n’a été observé. Vendredi, l’ONU a mis en garde contre des préparatifs en vue d’une intensification des hostilités. Plusieurs villes, dont Omdurman, ont été visées par des drones, tandis que Babnusa, au Kordofan de l’Ouest, subissait de violents bombardements à l’artillerie lourde.
Plusieurs experts expriment des doutes sur la volonté réelle des FSR de respecter une trêve. Selon le chercheur Cameron Hudson (CSIS), cette annonce vise à détourner l’attention des atrocités commises à al-Fasher. Des analyses récentes du Laboratoire de recherche humanitaire de l’université de Yale, qui exploite des images satellites, indiquent que les paramilitaires procèdent à un « nettoyage » des zones touchées, avec des traces de brûlures et de terrains calcinés, laissant craindre que des corps soient en train d’être brûlés, ce qui constitue une pratique contraire aux rites funéraires musulmans.
Par ailleurs, la composition du Quartet diplomatique (États-Unis, Arabie saoudite, Égypte et Émirats arabes unis) suscite des tensions : l’armée soudanaise refuse la participation des Émirats arabes unis, accusés par l’ONU et plusieurs organisations de soutenir les FSR. L’armée a déclaré qu’elle poursuivrait les combats et qu’elle entend reprendre le Kordofan et le Darfour avant toute négociation.
Dans ce contexte, le rassemblement de Blois se veut un appel à la solidarité, face à un conflit invisibilisé, marqué par les massacres, les déplacements forcés, la famine et l’effondrement des structures civiles.

