Portrait de Murielle Trouillet, accordeuse-réparatrice de pianos à Blois
Dans le silence suspendu d’un piano droit ouvert, les marteaux sont à nu, la mécanique respire. Murielle Trouillet s’assied sur un tabouret, pose la clé sur une cheville, écoute. « On vit là-dedans, dans les battements, dans les hertz », dit-elle. La scène se déroule dans l’Espace Blois Capitale. Son carton professionnel résume son champ : réparations, réglages de la mécanique, spécialisée en harmonisation et travail du timbre. Diplômée du Brevet des Métiers d’Art, elle revendique un geste artisanal intégral.
Installée à Blois depuis une année (« Il y avait un gros potentiel ici, une demande effective »), elle compte déjà environ 150 clients. D’autant plus que dans sa formation, il y a une compétence particulière : l’harmonisation. Un savoir-faire qu’on ne trouve pas systématiquement.
Une rencontre
Mais revenons au début de l’histoire. C’est par une rencontre que Murielle Trouillet a trouvé sa voie. L’accordeur qui venait chez ses parents « cherchait quelqu’un » et « voulait travailler avec une femme ». Elle entre à l’ITEM – Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique (Le Mans), en alternance chez Hervé Cochet à Chartres : deux ans de CAP, puis un Brevet des Métiers d’Art, « quatre ans d’apprentissage », l’embauche, dix-neuf ans de maison. Ce long compagnonnage lui donne la double culture du magasin et de l’atelier.
L’oreille, la patience et la mécanique : le triptyque du geste
L’oreille absolue n’est pas nécessaire pour accorder. « Il faut l’oreille relative, une oreille entraînée », explique Murielle Trouillet. Mais la première qualité, « c’est la patience ». Car accorder un piano, c’est agir sur 88 touches et 220 cordes. C’est aussi plonger dans la mécanique : « Le moteur du piano, avec ses balanciers, ses échappements… » Un réglage complet prend des heures. « Sans patience ni minutie, ce n’est pas la peine. »
Accorder, harmoniser, anticiper
Accorder, c’est ajuster une fréquence. Mais pour Murielle Trouillet, le métier va plus loin : « On peut travailler le timbre, adoucir un son métallique, rendre un instrument moins agressif. C’est l’harmonisation. » Elle intervient sur le feutre des marteaux, ajuste, affine. Rien n’est automatique : « Je n’ai pas d’accordeur électronique. Parfois je sors des clous, parce que dans mon oreille ça sonne mieux. Si un piano n’a pas été accordé depuis longtemps, je vais mettre certaines parties plus hautes volontairement, pour qu’il se stabilise dans un mois. Une machine ne ferait pas ça. » Tout compte : la qualité du piano, l’acoustique de la pièce, mais surtout le jeu du pianiste. « Ce n’est pas mon piano », répète-t-elle. L’harmonisation ne se fait jamais sans dialogue. Professionnels ou amateurs, certains formulent des exigences précises : réglages de pédale, poids des touches, diapason particulier. « J’aime les voir jouer. Il y en a qui tapent très fort, ça change tout. »
Chez les particuliers, ses premières questions sont simples : « À quelle fréquence le piano est-il joué ? » et « Comment est-il chauffé ? » Car l’instrument aime la stabilité de l’humidité et de la température. « Un vieux piano sera plus à l’aise dans une maison ancienne qu’en appartement sec et chauffé », résume-t-elle.
Les pianos et leurs histoires
Un Français sur dix possède un piano, selon une étude de l’Ifop. « Il y a des pianos partout », confirme Murielle Trouillet. Parfois invisibles, dans les maisons, dans les campagnes. Leur valeur est autant sentimentale qu’instrumentale : le piano de la grand-mère, celui du père, celui qui ne sert plus mais qu’on garde. Les plus anciens sur lesquels elle intervient datent des années 1880. Au-delà, ce sont des pièces de musée, confiées à des confrères spécialisés.
Murielle Trouillet – Accordeuse Réparatrice de Pianos – Expertise, conseil et accompagnement pour l’acquisition de pianos d’occasion Site : murielle-trouillet-pianos.fr • Tél. : 06 83 70 75 44 • 41000 Blois
