À Blois, le vélo progresse… mais bute encore sur la continuité et la sécurité

À Blois, le vélo n’est ni marginal ni pleinement installé. Il fait partie du paysage urbain, mais peine encore à devenir un mode de déplacement évident, fluide et partagé. Le Baromètre vélo 2025, fondé sur l’expérience directe des usagers, offre une photographie précise de cette situation intermédiaire. Il restitue ce que vivent réellement les cyclistes au quotidien : des avancées reconnues, mais aussi des ruptures persistantes, qui freinent l’appropriation du vélo par le plus grand nombre. À Blois, 401 personnes (autant de femmes que d’hommes) ont répondu au grand questionnaire, contre 303 lors de la précédente édition en 2021, soit une hausse d’un peu plus de 30 %. Cette progression renforce la solidité du diagnostic et donne davantage de poids aux résultats.
Une ville légèrement au-dessus de la moyenne
Dans l’édition 2025 du Baromètre vélo, Blois obtient une note globale de 3,48 sur 6. Ce score situe la ville au-dessus de la moyenne nationale, établie à 3,09, ainsi que de la moyenne régionale. Une position qui traduit une réalité contrastée : le vélo est possible à Blois, parfois même agréable, mais encore trop dépendant des parcours, des horaires et du profil des usagers.
La sécurité, point de rupture majeur
Lorsque l’on entre dans le détail des indicateurs, la question de la sécurité apparaît comme la plus clivante. Pour la sécurité des enfants et des personnes âgées, les répondants attribuent à Blois une note F. « On sent bien que, pour des personnes peu habituées ou un peu vulnérables, la perception est très mauvaise », analyse Christian Deblaise, co-président de Vélo 41. À l’inverse, la sécurité dans les zones résidentielles est mieux perçue, avec une note C, traduisant une ville à plusieurs vitesses. Certains quartiers offrent des conditions relativement apaisées, tandis que les axes structurants concentrent les difficultés. Cette fracture se retrouve dans l’expérience quotidienne. Il est difficile de traverser le centre-ville de Blois de façon sécurisée d’un bout à l’autre. Le vélo fonctionne par fragments, rarement comme un réseau continu.
Confort de circulation : des choix salués mais…
Le Baromètre vélo 2025 met aussi en lumière des choix réglementaires largement reconnus. L’autorisation des doubles sens cyclables obtient une note A, signe que cette mesure est perçue comme un véritable gain de confort et de lisibilité.
En revanche, la continuité et l’entretien des itinéraires cyclables sont jugés insuffisants, avec une note D. « Ils sont perçus comme non continus, pas toujours existants, et parfois en mauvais état », précise Christian Deblaise. Ce constat s’aggrave lors des périodes de travaux : l’absence de solutions alternatives vaut à Blois une note E, traduisant un sentiment d’abandon des cyclistes dans ces phases pourtant fréquentes.

Les progrès reconnus… et les blocages persistants
La cartographie participative du baromètre permet d’identifier très précisément les secteurs jugés en amélioration. Le rond-point Médicis, la rue du Bourg-neuf, les abords du parc des expositions ou encore la sécurisation du pont du Cosson ressortent nettement. « Tous les travaux réalisés ont été plébiscités », souligne Christian Deblaise. « Ils sont jugés de bonne qualité et réellement pensés pour les cyclistes. »
À l’inverse, les points de blocage restent remarquablement stables dans le temps. L’avenue Maunoury concentre toujours autant de signalements négatifs. « On a pratiquement autant de points rouges en 2025 qu’en 2021 », observe-t-il, preuve que les attentes n’ont pas été levées. Le boulevard Daniel-Dupuis, l’avenue de Vendôme, la rue Galois, ou encore le pont au-dessus de la voie ferrée, avenue Gambetta, figurent également parmi les secteurs les plus problématiques.
Le pont François-Mitterrand, symbole d’un tournant attendu
Longtemps identifié comme un point noir, le pont François-Mitterrand fait désormais l’objet d’un projet précis. « Les travaux ont commencé aux deux extrémités, et le reste devrait se faire pendant les grandes vacances 2026 », indique Christian Deblaise. Le futur aménagement prévoit un trottoir cyclable bidirectionnel, élargi par rapport à l’existant, tandis que l’autre trottoir sera réservé aux piétons.

Ce chantier est très attendu, mais il ne suffira pas à résoudre l’ensemble des difficultés, notamment sur les liaisons vers la Chaussée-Saint-Victor. Le pont au-dessus la voie rapide demeure un point de tension majeur. « Il n’y a aucune bande cyclable, alors qu’il devrait y en avoir au moins une pour rejoindre la piste existante », déplore-t-il.
Stationnement : des avancées visibles, des manques persistants
Sur le stationnement, le diagnostic est là encore contrasté. L’ouverture d’un parking sécurisé sous la rotonde de la gare constitue une avancée reconnue. « Il y a environ 70 places. Je viens d’y passer, j’ai vu une trentaine de vélos : ça fonctionne bien », note Christian Deblaise. Un abri sécurisé est également annoncé à deux pas de la place Louis-XII, place Valin-de-La-Vaissière. En revanche, il reste un besoin très concret : la présence de supports vélos de proximité, en centre-ville notamment près des commerces, mais aussi à proximité d’équipements sportifs.
Quand les enfants roulent, la ville fonctionne
La comparaison avec certaines communes voisines est éclairante. La ville de Vineuil ressort régulièrement bien classée. « C’est une constante », observe Christian Deblaise. La continuité des aménagements y produit des effets très visibles, notamment chez les plus jeunes. « Le parc à vélos du collège de Vineuil est impressionnant. Quand les gens se sentent en sécurité, les parents laissent partir leurs enfants à vélo. » Pour le co-président de Vélo 41, cet indicateur est décisif. « Voir des jeunes à vélo, ça veut dire que tout se passe bien. » À Blois, on en voit peu.
Un outil désormais politique
Parce qu’il est public et intégralement en open data, le Baromètre vélo 2025 dépasse le simple cadre associatif. À l’approche des élections municipales, Vélo 41, avec la Ligue contre la violence routière et Blois Autopartage, prépare un questionnaire commun à destination de toutes les listes candidates. « C’est nous qui irons vers elles », affirme Christian Deblaise. Les réponses seront rendues publiques lors d’une conférence de presse.
Avec 3,48 sur 6, Blois ne peut ni se satisfaire ni se résigner. Les progrès sont visibles et reconnus, mais l’absence de continuité et le sentiment d’insécurité empêchent encore le vélo de devenir un mode de déplacement pleinement partagé. Une photographie précise, désormais posée dans le débat public.


