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Les fantômes de l’Octroi à Blois

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Dans une Europe contemporaine de libre échange, il est difficile d’imaginer qu’autrefois, la France était découpée par une multitude de frontières intérieures marquant l’entrée de chaque ville : les octrois. Leur histoire est particulièrement marquante à Blois, où des vestiges des anciens bureaux d’octroi sont encore visibles, témoins d’une époque révolue.

Institués au Moyen Âge, les octrois donnaient à une ville le droit de lever certaines taxes sur les marchandises entrant sur son territoire. Ils constituaient un impôt indirect destiné à financer les dépenses communales : entretien de la voirie, éclairage public, approvisionnement en eau, parfois l’aide sociale. Supprimés en 1791 pendant la Révolution française (loi des 19-25 février 1791), ils furent réinstaurés par la loi du 9 germinal an V (29 mars 1797) et réappliqués à partir de 1798. Le système perdura jusqu’à sa suppression officielle par la loi du 7 août 1948, après la suppression pour Paris et la région parisienne en 1943, malgré un assouplissement des règles dans les années 1930.

À Blois, des bureaux étaient installés à seize entrées de la ville. Les véhicules transportant des marchandises destinées à la consommation devaient s’arrêter devant l’un de ces bureaux et s’acquitter de droits. Ces droits variaient selon six catégories de produits : boissons, combustibles, comestibles, matériaux de construction, fourrages et divers. Chaque catégorie pouvait être subdivisée en plusieurs tarifs, selon la nature et la qualité des marchandises. Le système était extrêmement complexe et détaillé, avec une réglementation propre à chaque commune.

octroi

C’est sous le mandat d’Eugène Riffault – maire de Blois de 1848 à 1870 – que les limites de la perception de l’octroi ont été redéfinies. Huit des seize bureaux ont été restaurés ou construits à neuf à cette époque, dans un souci d’efficacité mais aussi de présentation architecturale. Riffault confia ces travaux à Jules Édouard Potier de La Morandière (1819-1898), architecte diocésain et de la ville, également responsable de restaurations au château de Blois et de la construction du haras national.

Certains de ces bureaux d’octroi ont survécu aux transformations urbaines. Les plus remarquables sont ceux situés à l’entrée de l’avenue Gambetta, érigés en 1854 en petits pavillons de brique et pierre dans le style de la Renaissance par La Morandière. Lors du déplacement de la gare vers 1890, ils furent démontés pierre à pierre et remontés à leur emplacement actuel. Ils sont un hommage à l’attention portée par Eugène Riffault à l’architecture de qualité, même pour les bâtiments les plus modestes.

L’octroi de la route de Saint-Dyé existe encore au 21 quai Henri Chavigny, une simple maison basse qui se fond dans le paysage urbain. Celui de la gare des marchandises, en brique, a servi jusqu’en 2013 comme local associatif (mutuelle des cheminots). D’autres, comme l’octroi de l’avenue de Paris, ont été modifiés et sont plus difficiles à reconnaître.

À Blois, le service de l’octroi cessa dans les années 1920, bien avant l’abolition nationale, dans un contexte de réforme fiscale locale. Les octrois ont disparu depuis longtemps, mais leur héritage persiste parfois dans le paysage urbain. Ils rappellent une époque où chaque entrée de ville était une frontière fiscale.

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