Cécile Desprairies : « C’est une figure tragique, c’est une vie tragique »

Ce mercredi à Blois, dans l’enceinte feutrée et surtout parfaitement adaptée du CRDM, Annie Huet recevait Cécile Desprairies, l’auteure de « La Propagandiste » (éditions du Seuil, 19.00 € TTC
224 pages), un récit puissant qui nous rappelle que les pages sombres de l’Histoire ne sont jamais aussi intenses que lorsqu’elles trouvent écho dans la mémoire familiale.

L’histoire de la France pendant l’Occupation a été l’objet de nombreux travaux, de débats, de controverses. Mais quand elle est racontée à travers le prisme intime d’une famille, elle prend une tournure particulièrement poignante. C’est le cas de ce roman de Cécile Desprairies qui, tout en évoquant l’histoire nationale, plonge dans les tréfonds de son histoire familiale.

Au cœur de l’intrigue, Lucie, la mère de l’auteure, figure énigmatique autour de laquelle s’articulent des réunions de femmes dans le Paris d’après-guerre. Si en surface, ces réunions semblent anodines, elles dissimulent un lourd passé, évoqué avec pudeur, entre non-dits et demi-vérités.

Avec une minutie d’historienne, Desprairies démêle les fils du passé de Lucie, « sérieuse à mort », pour mettre à jour une réalité troublante : celle d’une femme qui a collaboré de tout cœur avec les forces d’occupation nazies en France. La découverte du rôle joué par Lucie « à l’antisémitisme conquérant » pendant cette période sombre s’avère aussi glaçante que sidérante. Une descente vertigineuse dans les profondeurs de l’âme humaine et ses compromissions.

Née en 1957 à Paris, Cécile Desprairies n’en est pas à son premier coup d’essai lorsqu’il s’agit d’explorer la période de l’Occupation. Elle a déjà publié plusieurs ouvrages sur le sujet, dont « Paris dans la collaboration » (Seuil, 2009). Toutefois, « La Propagandiste » est son premier roman, un ouvrage à la croisée de l’autobiographie et de l’histoire, où le personnel rejoint l’universel. C’est un roman qu’il faut lire pour entrer dans la vie ordinaire d’une famille « collabo » ordinaire. Et si l’histoire ne s’était pas arrêtée ?…