Alimentation en 2024 : un équilibre entre écologie et économie
Une enquête OpinionWay pour Omie (« Baromètre de l’alimentation qui a du sens »), publiée ce jour, offre une perspective détaillée sur les tendances et les préoccupations des consommateurs français en matière d’alimentation.
Concernant la consommation de produits importés et ultra transformés, l’enquête montre que 27% des Français consomment des produits importés même si leur empreinte carbone est importante. Parallèlement, 22% à 25% des sondés consomment régulièrement des produits ultra transformés, une tendance inquiétante étant donné les effets de ces produits sur la santé et l’environnement.
En termes de préoccupations environnementales et sociales, les résultats révèlent une conscience accrue des impacts de la consommation alimentaire. Entre 54% et 61% des sondés sont attentifs aux conditions de travail des producteurs, tandis que 51% à 59% prennent en compte leur santé. La biodiversité et le climat préoccupent respectivement 31% à 50% et 28% à 43% des sondés.
Émissions de gaz à effet de serre et production agricole
La majorité (61%) identifie le transport* des matières premières et des produits finis comme la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur alimentaire. Environ 20% à 33% des personnes interrogées voient l’emballage comme un contributeur significatif, et 13% à 22% considèrent la production agricole comme une source importante d’émissions.
Charge mentale et hausse des prix
La hausse des prix influence fortement les comportements d’achat. Ainsi, pour lutter contre les emballages trompeurs, 82% des consommateurs vérifient le prix au kilo, tandis que 72% sont vigilants sur les prix de chaque produit pour contrôler les augmentations.
En période d’inflation, la pratique des emballages trompeurs, souvent désignée par le terme « shrinkflation », s’est intensifiée. Cette pratique consiste à réduire la quantité ou la taille d’un produit tout en conservant le même emballage et souvent le même prix, donnant ainsi l’impression que le consommateur reçoit la même valeur pour son argent.
En 2023, il y a eu une augmentation notable des cas d’emballages trompeurs. Par exemple, des produits comme les chips Pringles ont vu leur quantité fluctuer au fil des ans, tandis que leur prix augmentait jusqu’à 90 %. D’autres produits ont également utilisé des astuces cachées pour soutirer de l’argent aux consommateurs, comme le changement des recommandations de dosage pour les sirops Sodastream ou la modification de la composition des chips de pain grillé de Mondelez, renommés Tuc Bake Rolls, avec une augmentation de prix de 127 %.
Face à cette situation, des mesures sont prises pour lutter contre cette pratique. En France, le gouvernement a commencé à intensifier la lutte contre la shrinkflation. Les grandes surfaces de plus de 400 mètres carrés sont désormais tenues d’informer clairement les consommateurs sur toute modification du poids ou de la quantité des produits, soit directement sur l’emballage, soit via une étiquette à proximité. Les infractions à ces directives peuvent entraîner des amendes allant jusqu’à 15.000 euros pour les entités juridiques. Cette initiative fait partie d’une démarche européenne visant à responsabiliser les industriels sur le sujet de la shrinkflation. Cependant, il est important de noter que certains produits, comme les denrées alimentaires préemballées à quantité variable et les produits vendus en vrac, ne sont pas soumis à cette règle.
Soutien à des mesures pour le secteur de l’alimentation
Un pourcentage significatif de participants soutient la fixation de seuils minimums aux revenus des agriculteurs, soulignant un désir de garantir des conditions de vie dignes pour les producteurs.
Fixer des seuils minimums pour les revenus des agriculteurs peut aider à les protéger contre les fluctuations du marché, les conditions météorologiques imprévisibles, et les pressions de la concurrence internationale. Cela contribuerait également à garantir la continuité de la production alimentaire. Des revenus stables peuvent améliorer la qualité de vie des agriculteurs et de leurs familles, tout en encourageant des pratiques agricoles durables. Les agriculteurs confrontés à des difficultés financières peuvent être contraints de recourir à des méthodes de production plus intensives et moins respectueuses de l’environnement.
La mise en œuvre de seuils minimums pour les revenus pourrait nécessiter des ajustements dans les politiques publiques et les systèmes de subventions. Cela pourrait inclure des aides directes aux agriculteurs ou des mécanismes de prix minimum garantis pour certains produits. Mais il faut également considérer l’impact de ces mesures sur les prix des aliments pour les consommateurs. Alors que garantir un revenu décent aux agriculteurs est essentiel, il est également important de maintenir l’accessibilité des produits d’alimentation pour toutes les couches de la société.
*Émissions de GES des Transports en France : Les émissions des transports en France, y compris le transport routier, aérien, fluvial et maritime, ont augmenté en 2022. Le transport routier, notamment, représente une grande partie de ces émissions. Il est important de noter que le transport maritime international représente environ 3% des émissions mondiales de GES, soulignant son rôle important dans le transport de marchandises alimentaires. Le secteur agroalimentaire dans son ensemble, y compris la production, le transport, la transformation et la commercialisation des produits, est responsable d’une part importante des émissions de GES. En France, les activités agricoles et alimentaires représentent environ 36% des émissions nationales de GES. Ces émissions proviennent non seulement de la production agricole elle-même mais aussi des étapes de la chaîne d’approvisionnement, y compris le transport.