La sculpture la plus méconnue des Blésois.es est sur le pont Jacques-Gabriel

Surplombant fièrement les eaux de la Loire, l’obélisque du pont Jacques-Gabriel recèle l’une des sculptures les plus méconnues de la ville de Blois : un cartouche aux armes du roi, œuvre de Guillaume Coustou, représentant deux tritons soutenant l’écu de France. Cette pièce artistique, presque insaisissable au premier regard, a traversé l’histoire avec un récit presque aussi tumultueux que celui de la ville elle-même.
A moins de naviguer en bateau à proximité de cette structure ou de posséder de puissantes jumelles, ou un sacré zoom, cette sculpture reste une énigme pour de nombreux Blésois et Blésoises. Car hors de vue. Pourtant, elle s’inscrit au cœur d’une riche histoire que tout amateur d’art et d’histoire se doit de connaître.
Ce pont, avec son obélisque, remplace l’ancien pont médiéval emporté par la débâcle des glaces en février 1716. Commandé par le régisseur Philippe d’Orléans lors de la jeunesse de Louis XV, l’ouvrage est une prouesse architecturale de l’époque. C’est ce qu’on peut lire dans « Blois insolite et secret » de Pascal Nourrisson et Jean-Paul Sauvage (éditions Sutton). Le sculpteur renommé Guillaume Coustou, connu pour ses chevaux de Marly, y apporte sa touche artistique avec ce cartouche, représentant fièrement les armoiries royales.
Mais la sculpture, tout comme le pont, a connu son lot d’épreuves. Lors de la Révolution, le cartouche fut défiguré, et sa plaque gravée, mentionnant les noms des deux rois, fut retirée, mais heureusement préservée. Plus tard, pendant la guerre de 1870, puis à nouveau en 1940 et 1944, des parties du pont furent détruites pour diverses raisons stratégiques. La destruction des trois arches centrales en 1944 par les Allemands emporta avec elle l’obélisque original.
Cependant, comme un phénix renaissant de ses cendres, le pont et son cartouche furent fidèlement restaurés. En 1948, le sculpteur Séraphin Gilly redonne vie au cartouche, et en 1988, grâce à l’Association des amis du Vieux Blois, une nouvelle plaque est inaugurée, rendant hommage à l’histoire du pont et de la cité.
En dépit de son histoire mouvementée, ou peut-être à cause d’elle, la sculpture du pont Jacques Gabriel demeure un symbole de résilience, d’art et d’histoire. Aujourd’hui, grâce à des initiatives de préservation, l’inscription sur la plaque brille de son éclat grâce à une peinture à l’or fin.