La ville de Blois a-t-elle reçu un caractère en héritage ?
Blois a toujours été connue pour son riche patrimoine historique et culturel. La ville a joué un rôle important dans l’histoire de France, étant le lieu de résidence de plusieurs reines et rois et un centre important de la Renaissance française. Cependant, au-delà de son histoire politique et culturelle, le caractère des habitants de Blois mérite une attention particulière.
Des écrits anciens soulignent la douceur et l’aménité des habitants de Blois
Le caractère blésois, décrit comme exempt de grandes passions, se distingue donc surtout par sa douceur et son aménité. Ces traits de caractère reflètent la nature même de la région, douce, riante et agréable. Ainsi, Le Tasse (1544-1595), poète italien de la Renaissance, remarquait dans un de ses poèmes que la terre douce et agréable de Blois produisait des habitants qui lui ressemblaient. Le cartographe Georges Braun (1541-1622) soulignait également le rapport entre les mœurs blésoises et le climat de la région dans son livre « Theatrum urbium ».
Cette douceur et cette aménité sont également reflétées dans les relations interpersonnelles des Blésoises et Blésois. Une certaine courtoisie et civilité sont observées dans les interactions quotidiennes, et les habitants de Blois sont décrits comme montrant une certaine élégance, faconde et galanterie tant dans leur manière de vivre que dans leur habillement. Ces qualités, combinées à l’hospitalité naturelle des habitants, ont contribué à faire de Blois un lieu accueillant pour les étrangers. Les fréquents séjours des rois et de leur suite à Blois ont certainement contribué au développement de ces instincts hospitaliers, habituant les habitants à la fréquentation des étrangers et rendant les avantages de leur résidence très populaires dans la région.
Cette influence royale a également contribué à la politesse des formes observées à Blois. La Fontaine (1621-1695), le célèbre fabuliste français, a remarqué lors de son passage à Blois en 1663 que la manière de vivre y était fort polie, soit en raison du climat et de la beauté du pays, soit en raison du séjour de la noblesse, soit en raison de la présence de nombreuses jolies femmes. Il est également intéressant de noter que la présence de la cour et des princes à Blois a encouragé la culture des belles-lettres et des arts, contribuant ainsi à l’épanouissement intellectuel de la bourgeoisie locale.
Des critiques aussi…
Cependant, cette appréciation positive du caractère blésois ne doit pas occulter certaines observations plus critiques. Il a été dit que la douceur des Blésois pouvait parfois dégénérer en mollesse, leur calme en inertie et leur prudence en timidité. Cette observation est corroborée par Le Tasse, qui a fait remarquer que les habitants de Blois n’étaient ni robustes ni capables de résister aux grandes fatigues. En effet, les vastes entreprises et les travaux opiniâtres semblent peu convenir aux habitants de Blois, qui évitent en général tout ce qui tend à surexciter l’activité et se tiennent à l’écart des grands mouvements. Cette modestie de vues et cette quiétude d’esprit ne sont cependant pas nécessairement à blâmer. En effet, la vie à Blois, moins ambitieuse qu’ailleurs, est sujette à moins de tourmentes. Semblable au climat de la région, rarement troublé par les intempéries et les orages, le cours de vie des Blésois est paisible et régulier, avec peu de passions et d’accidents.
Il est également important de noter que malgré ses qualités aimables, le caractère blésois a fait l’objet d’observations sévères. On trouve par exemple dans l’ « Histoire de Blois« , de MM. Bergevin et Dupré, une anecdote du XVIIe siècle révèle que la société blésoise ne goûtait guère les arides dissertations de l’école. Lorsque les Bénédictins de Saint-Laumer invitèrent tous les notables de la ville et même les dames à assister aux thèses soutenues dans la grande salle de l’abbaye par des novices de la congrégation de Saint-Maur, la tentative de publicité échoua complètement. Les novices n’eurent qu’un très petit nombre d’auditeurs laïques, ce que l’historiographe attribua au fait que ces sortes de choses n’étaient guère du goût des Blésois.
En dépit de ces critiques, les habitants de Blois jouissaient d’une réputation bien établie de tact et d’esprit. Cette réputation était attribuée à leurs antécédents historiques, notamment à l’influence de l’ancienne cour royale. En effet, l’époque de la résidence de la cour à Blois fut marquée par des progrès sensibles dans le bon ton et l’étiquette, contribuant ainsi à la formation de la société française. La ville de Blois fut l’un des berceaux de la galanterie et du savoir-vivre. Et c’est quelque part un héritage. Est-il vivant ? Les opinions divergeront sans doute.