Les légendes et les perceptions culturelles entourant les personnes rousses remontent à l’Antiquité et varient considérablement selon les régions et les époques. Dans l’histoire, la rousseur a été à la fois vénérée et méprisée, souvent enveloppée de mystère et de superstition.
Sur le plan génétique, la rousseur est le résultat de la présence de phéomélanine, un type de mélanine qui donne une couleur jaune-orangé à rouge aux cheveux. Les individus roux possèdent une quantité plus importante de phéomélanine par rapport à l’eumélanine, qui est responsable des cheveux bruns ou noirs. Cette particularité biologique a contribué à l’unicité des roux à travers les âges.
Des auteurs grecs anciens aux récits bibliques, la rousseur a été notée et parfois associée à des caractéristiques ou des destinées particulières. Par exemple, les Thraces étaient décrits par Xénophane comme ayant des yeux bleus et des cheveux roux, et des personnages bibliques comme Ésaü et le roi David étaient également connus pour leur rousseur. Cette caractéristique était même remarquée par des historiens romains chez les habitants de la Calédonie (l’actuelle Écosse), et des momies caucasiennes rousses ont été découvertes en Asie, dans le bassin du Tarim, datant du IIe millénaire avant J.-C..
Dans la culture et l’art, la rousseur a souvent été chargée de symbolisme. Des peintures de Titien représentant des modèles aux cheveux roux au personnage de Judas, souvent dépeint comme roux dans l’art et la littérature, la rousseur a été associée à des idées de trahison, de séduction, voire de lien avec le diabolique. Cette fascination pour les roux traverse l’histoire de l’art, la littérature et même le cinéma, où les personnages roux sont souvent entourés d’une aura de mystère ou de pouvoir de séduction particulier.
Les incroyables légendes sur les personnes rousses
Les légendes et croyances entourant les personnes rousses sont aussi variées que délirantes, reflétant des siècles de mystère, de superstition et parfois de discrimination. Plusieurs de ces mythes ont des racines profondes dans l’histoire et la culture à travers le monde.
Durant l’Inquisition espagnole, il était cru que les personnes aux cheveux roux avaient volé le feu de l’enfer, les rendant coupables de sorcellerie. En Corse, une superstition voulait que croiser une personne rousse portait malheur, incitant à cracher et faire demi-tour. Le Moyen Âge associait également le roux à la couleur du diable, et une naissance d’un enfant roux pouvait être interprétée comme un mauvais présage. En Russie, les cheveux roux étaient considérés comme le signe d’un tempérament fougueux et de la folie, avec un proverbe avertissant qu’il n’y avait jamais eu de saint aux cheveux roux. Même la Bible mentionne des figures rousses comme Adam, supposé être le mot hébreu pour «rouge», et Judas, souvent représenté avec des cheveux roux. Les stéréotypes négatifs ont persisté jusqu’à l’ère moderne, avec des préjugés et de la discrimination à l’encontre des personnes rousses dans diverses cultures.
Cette stigmatisation s’est inscrite dans le temps, laissant des traces dans la mémoire collective et les superstitions populaires jusqu’à nos jours. Les rousses ont souvent été à la fois glorifiées pour leur beauté singulière et dénigrées, associées à des traits de caractère négatifs comme la ruse ou la colère. Ces stéréotypes ont eu un impact réel sur la manière dont les individus roux ont été intégrés ou marginalisés dans la société.
Les légendes urbaines et les idées reçues sur les roux se sont multipliées au fil du temps, allant de l’association avec les loups-garous à l’idée que les rousses sont des nymphomanes ou dénuées d’âme. Ces croyances populaires ridicules témoignent de l’imagination débordante de l’humanité. Il a même été suggéré que les roux étaient plus… ou moins sensibles à la douleur.
Le roucisme
La discrimination envers les personnes rousses, souvent appelée « roucisme » (gingerism en anglais), a des racines profondes dans l’histoire et se manifeste à travers divers préjugés et attaques. Ces discriminations ont varié au fil du temps et selon les cultures, mais elles partagent des thèmes communs liés à des stéréotypes négatifs. Comme mentionné précédemment, dans l’Égypte ancienne, l’Europe médiévale, et même pendant la chasse aux sorcières, les personnes rousses étaient souvent stigmatisées, marginalisées, ou pire.
Manifestations modernes
Dans la société contemporaine, le roucisme peut se manifester de diverses manières, allant des moqueries et des insultes dans les cours d’école à la discrimination dans la vie adulte. Les réseaux sociaux ont aussi facilité la diffusion de blagues et de commentaires négatifs sur les roux, contribuant à normaliser cette forme de discrimination. Les conséquences du roucisme ne sont pas négligeables. Les victimes peuvent souffrir de problèmes d’estime de soi, d’anxiété, de dépression ou se sentir marginalisées. La prise de conscience du roucisme et de ses impacts est le premier pas vers sa résolution.
