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Marie-Noëlle Amiot : « Il faut faire tomber les barrières qui existent dans l’imaginaire des filles »

À l’occasion de l’inauguration de la Fabrique numérique 41 (lire ici), un programme de formation au développement web, nous avons échangé avec Marie-Noëlle Amiot, présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Loir-et-Cher au sujet de la parité homme-femme. En effet, lors de cet événement, un constat s’est imposé : malgré les efforts récents en faveur de la parité, seulement deux femmes participent à la formation sur les vingt apprenants. Cette situation reflète un déséquilibre persistant dans l’accès des femmes aux métiers dits technologiques.

Une sous-représentation des femmes dans le numérique

La question de la parité a été soulevée au cours de l’inauguration, où d’ailleurs seuls des hommes ont pris la parole. Avec seulement deux femmes dans la promotion, le constat est frappant. Pour Marie-Noëlle Amiot, ce n’est pas une surprise : « Si les filles ne s’orientent pas assez vers les métiers technologiques, c’est avant tout un phénomène culturel. » Elle pointe du doigt des barrières qui se dressent bien avant l’entrée dans le monde professionnel : « Cela commence dans les familles et à l’école dès le plus jeune âge. Si culturellement, les filles ne se sentent pas légitimes à choisir des filières scientifiques ou technologiques, il faut alors intervenir dès la maternelle pour leur donner confiance en leurs capacités. »

Les quotas, une fausse bonne idée ?

La mise en place de quotas pour rééquilibrer la situation est souvent envisagée comme une solution. Pourtant, Marie-Noëlle Amiot est prudente à ce sujet. « Instaurer des quotas dans des formations est un faux débat », déclare-t-elle. Elle rappelle que les quotas ont déjà prouvé leur utilité dans les conseils d’administration des grandes entreprises ou dans l’accès à des postes à responsabilité : « Cela a permis d’ouvrir des portes et de montrer qu’il y a des femmes extrêmement compétentes. » Toutefois, pour elle, dans une filière de formation comme celle de La Fabrique numérique, « il est essentiel de juger sur les compétences, les motivations professionnelles, et non sur des critères imposés comme les quotas. »

Elle insiste sur le fait que cette sélection se fait en fonction des compétences, en toute équité : « Il faut faire confiance aux responsables de la formation qui ont sélectionné les candidats. Quand on met en place des quotas, on court le risque de stigmatiser une population. » Elle craint que l’introduction de quotas puisse discréditer les compétences des femmes en poste : « Certains diront qu’elles ont été choisies simplement parce qu’il fallait remplir un quota. C’est contre-productif. »

Startup'Teens 41
Start-up teens 41

Un problème culturel à résoudre dès l’école

Pour Marie-Noëlle Amiot, la réponse à cette sous-représentation des femmes réside surtout dans un changement culturel profond, à mettre en œuvre dès le plus jeune âge : « Je suis persuadée que tout commence à l’école. Il faut faire tomber les barrières qui existent dans l’imaginaire des filles, et qui les empêchent de se sentir légitimes dans les métiers techniques ou scientifiques. » Pour elle, l’éducation doit non seulement donner aux jeunes filles le goût des métiers techniques, mais aussi leur permettre d’avoir confiance en leurs compétences.

« Nous devons démystifier la technologie », ajoute-t-elle. Elle reconnaît que ce domaine peut paraître plus abstrait, mais souligne que c’est en rendant ces métiers plus accessibles que l’on pourra briser ces stéréotypes : « Il faut encourager les jeunes filles à s’orienter vers ces métiers de manière volontaire, et non par contrainte. Elles doivent le faire parce qu’elles en ont envie et parce qu’elles ont les compétences pour réussir. »

La confrontation avec le monde du travail

Marie-Noëlle Amiot évoque également l’une des raisons pour lesquelles les femmes hésitent à s’engager dans des carrières dans des secteurs dominés par les hommes : la confrontation avec le monde du travail. « L’ancienne ministre Élisabeth Moreno avait raison (lors de la soirée d’ouverture des Rendez-vous de l’histoire-Economie 2024, ndlr) lorsqu’elle disait qu’il faut préparer les filles à la confrontation dans le monde du travail. Ce n’est pas un environnement toujours facile, et peut-être qu’elles ont été moins préparées à cela que les garçons. »

Si de nombreux secteurs autrefois réservés aux hommes, comme la médecine, le droit ou la magistrature, sont aujourd’hui largement investis par les femmes, Marie-Noëlle Amiot identifie encore des résistances dans les métiers technologiques et scientifiques : « Les professions libérales ont connu une vraie évolution. Aujourd’hui, dans les écoles de médecine ou de magistrature, il y a même un déséquilibre en faveur des femmes. Mais il reste encore des bastions à conquérir dans les métiers techniques et technologiques. » Pour y parvenir, elle plaide pour un passage à l’action. « C’est la prochaine génération qu’il faut préparer, en leur montrant que ces métiers sont accessibles et passionnants. Il ne suffit pas d’ouvrir des portes, il faut aussi donner envie aux filles d’y aller. »

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