Yann Vandebeulque : « On voit des arbres mourir de soif »

Ce jeudi 12 octobre 2023 l’auditorium Samuel-Paty, à la Bibliothèque Abbé-Grégoire, accueillait un ciné-débat sur le développement durable, centré sur le devenir de nos forêts face aux changements climatiques. Et la salle était pleine, preuve de l’intérêt pour les arbres et plus largement la biodiversité. Parmi les intervenants au débat, Yann Vandebeulque, responsable de l’unité territoriale Loir-et-Cher de l’Office national des forêts (ONF).
« Aujourd’hui, le changement climatique est une réalité. Je pense que personne dans cette salle ne conteste la réalité du changement climatique. Les forêts que nous avons héritées sont le fruit d’une adaptation qui a eu lieu sur des millénaires. L’homme a façonné le paysage, mais face à la rapidité et la brutalité actuelle du changement climatique, nos forêts peinent à s’adapter. Elles pourraient perdre la course face à ces changements. Sans être défaitiste, elles vont avoir besoin de notre aide. L’homme et le forestier vont tenter de les assister, de réparer certaines erreurs passées », a expliqué Yann Vandebeulque à l’auditoire. « Dans les forêts que nous gérons dans le département de Loir-et-Cher, et notamment sur le territoire d’Agglopolys, nous commençons à observer des phénomènes de dépérissement encore discrets. Je vis dans le Loir-et-Cher depuis plus de 4 ans, et j’ai pu constater trois étés particulièrement secs. Seule l’année 2021 nous a épargnés. En 2023, la situation est meilleure, mais 2019, 2020 et 2022 ont été particulièrement difficiles. On voit des arbres mourir de soif.«
Face au changement climatique, le défi des forestiers, qu’ils soient publics ou privés, est de préparer la forêt de demain. « Les scénarios du GIEC sont variés, mais nous nous orientons probablement vers une augmentation moyenne de la température de 2°C, observe l’expert. Un chêne a besoin de 40mm d’eau supplémentaires par mois pour chaque degré d’augmentation de température. Alors que les températures augmentent, les précipitations ne suivent pas nécessairement. »
L’objectif des forestiers est d’éviter le dépérissement total des forêts. « Les forêts de Russy et de Blois, principalement composées de chênes sessiles, vont devoir évoluer, prévient Yann Vandebeulque. Nous envisageons d’intégrer d’autres essences, comme le chêne pubescent, le chêne vert, ou le chêne liège. Il s’agit d’expérimenter, d’apprendre de nos erreurs et d’adapter nos forêts. Retenez que des professionnels sont au chevet de nos forêts. »
