Associatif et solidaritésVie locale

La mémoire de Jean Amrouche honorée à Sargé-sur-Braye

Ce dimanche 21 avril 2024 a été célébré la mémoire de Jean Amrouche, enterré à Sargé-sur-Braye, dans le Loir-et-Cher, depuis 62 ans. Un dépôt de gerbe a été réalisé sur sa tombe, en la présence de son fils Pierre, comme le veut la tradition. Poète, écrivain et journaliste francophone berbère, Jean El Mouhoub Amrouche, vécut dans une maison de la rue Basse de 1947 à 1962, avant d’être emporté par un cancer, au cœur du tumulte de l’époque. 

Pierre Amrouche et Pascal Amar Khodja, président de l’association Euro Berbère Economie
Pierre Amrouche et Pascal Amar Khodja, président de l’association Euro Berbère Economie

« Je crois que Jean Amrouche est une figure inspirante, particulièrement aujourd’hui où il faut un pont entre les deux rives, où il faut une meilleure connexion entre les deux côtés de la Méditerranée », a déclaré Pascal Amar Khodja, président de l’association Euro Berbère Economie, présent sur place.

Né dans une famille kabyle catholique, Jean Amrouche (1906-1962) a émigré en Tunisie durant sa jeunesse. Il a été éduqué au collège Alaoui, puis a poursuivi ses études à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud avec l’intention de devenir enseignant. Jean Amrouche est reconnu comme l’un des pionniers de la littérature algérienne en français. Il est souvent cité comme l’inventeur du genre de l’entretien radiophonique dans les années 1940, ayant animé des interviews approfondies avec des auteurs de renommée mondiale tels qu’André Gide et François Mauriac. Son travail est apprécié non seulement pour sa qualité mais aussi pour son exploration des tensions ethniques, de la mémoire coloniale de l’Europe, des migrations, de la politique d’identité et du rôle de la religion dans les choix politiques et culturels.

Durant sa vie, il a œuvré pour concilier son héritage culturel amazigh avec son assimilation à la culture française, se positionnant contre la France coloniale tout en valorisant les idéaux universels portés par le pays. Ses œuvres notables incluent « Chants Berbères de Kabylie » (1939), « Étoile Secrète » (1937), et « Cendres : poèmes, 1928–1934 ».

tombe Jean Amrouche

Jean Amrouche reste une figure influente dans la littérature d’Afrique du nord, jouant un rôle crucial en tant que médiateur entre l’Algérie et la France.​ D’ailleurs, on trouve dans le cimetière de Sargé cette phrase de Charles de Gaulle datant du 22 mars 1957 : « Mon cher Jean Amrouche, comment oublierais-je que vous fûtes ‘mon compagnon’ lorsque c’était méritoire. »

Jean Amrouche eut un lien complexe et significatif avec le Front de libération nationale (FLN) algérien et le général de Gaulle. Pendant la guerre d’Algérie, il a servi d’intermédiaire entre les instances du FLN et le général de Gaulle, qui était alors le président de la République française. Jean Amrouche, bien qu’Algérien francisé, se trouvait souvent dans une position délicate, étant à la fois engagé envers la cause de l’indépendance algérienne et profondément enraciné dans la culture française​.

Son rôle en tant que médiateur s’est manifesté à travers ses activités journalistiques et radiophoniques, où il utilisait sa plateforme pour plaider en faveur de la paix et de la compréhension entre les deux camps. Cependant, en 1959, il a été évincé de la RTF par Michel Debré, Premier ministre de l’époque, en raison de ses liens avec le FLN et son activisme politique, qui étaient considérés comme controversés par certains secteurs du gouvernement français.

Jean Amrouche est décédé d’un cancer le 16 avril 1962, juste quelques semaines après la signature des accords d’Évian le 19 mars 1962, qui ont marqué le cessez-le-feu et ont ouvert la voie à l’indépendance de l’Algérie. Sa mort est survenue dans un contexte historique très chargé, à un moment crucial pour l’Algérie et sa relation avec la France. Elle reste donc forte de symboles.

A compter de 2025, l’ambition des associations est de renouer avec une commémoration plus importante, accompagnée d’un repas en commun, d’une conférence, et de la présence d’officiels.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR