A Blois un 1er mai solidaire et fraternel avec les sans-papiers sans abri
Le 1er mai est un jour singulier. Comme de coutume il a été marqué par des rassemblements significatifs dans le Loir-et-Cher malgré la pluie battante. Orchestrées par les syndicats CGT, FSU, Solidaires et UNSA, les manifestations visaient à défendre les droits des travailleurs face aux politiques d’austérité, et à promouvoir une amélioration des conditions de vie et de travail. Il était également question de guerre, de paix, des droits des sans-papiers alors que des familles vont se retrouver à la rue ce vendredi.
À Blois, le cortège s’est élancé vers 11 heures de la préfecture. Avec une halte revendicative au pied de l’escalier Denis-Papin. C’est Christine Bariaud, qui, la première, au nom de CGT, a pris la parole afin de réaffirmer l’engagement inconditionnel du syndicat « en faveur du désarmement et du droit des peuples à l’autodétermination, surtout à un moment où les conflits armés se multiplient dans le monde, exacerbés par diverses formes d’impérialisme et des multinationales désireuses de contrôler les ressources et les populations. » La CGT exprime son opposition à l’expansion des budgets militaires, notamment en France, « alors que le gouvernement envisage de sévères coupes dans les services publics pour répondre aux exigences budgétaires de l’Union européenne, estimées à plusieurs dizaines de milliards d’euros. »
Au nom de la CGT, Christine Bariaud a condamné, ce 1er mai, toutes les attaques contre les civils, quelles que soient leurs origines, et a appelé à un « cessez-le-feu immédiat et durable pour permettre l’ouverture de négociations en vue d’un retrait des troupes et la fin des occupations. » En outre, la CGT apporte son soutien aux syndicalistes « injustement poursuivis pour terrorisme pour avoir revendiqué la paix en Palestine. »
Rayon social, face à l’inflation, le syndicat estime que « le refus des employeurs et du gouvernement d’augmenter les salaires aggrave la précarité des travailleurs. » Logiquement, la CGT s’oppose à la réduction des droits à l’assurance chômage et « aux projets de diminution des droits collectifs, en soulignant l’importance de la présence syndicale pour maintenir de meilleurs salaires et pour faciliter la mobilisation des travailleurs. »
C’est ensuite Alice Pasnon, qui s’est exprimée au nom de la FSU en ce 1er mai 2024. Au nom du syndicat, elle a également réaffirmé un engagement « pour une paix juste et conforme au droit international, une paix qui ne doit en aucun cas être conditionnée par l’agresseur », avant d’évoquer des considérations nationales : « Le président Emmanuel Macron et son gouvernement intensifient leur politique nocive contre le monde du travail, et particulièrement contre les services publics et leur personnel, alors même que les entreprises bénéficient de milliards d’euros de dette publique, pendant que leurs actionnaires perçoivent chaque année des dividendes record. Le gouvernement impose un cadre budgétaire très restrictif, bien que de nombreux services soient déjà réduits à l’os, détériorant ainsi la qualité du service public et les conditions de travail des agents. Pas moins de 20 milliards d’euros de coupes budgétaires sont prévues pour 2024-2025, dans un contexte où l’inflation demeure élevée et le coût de la vie insupportable pour de nombreux foyers. Aucune revalorisation salariale n’est prévue, et à partir d’aujourd’hui, 700 millions d’euros seront économisés dans l’éducation nationale car les heures supplémentaires des enseignants ne seront pas rémunérées jusqu’à la fin de l’année scolaire. »
Et Alice Pasnon a ajouté : « Dans la fonction publique, aucune organisation syndicale n’a demandé le projet de loi proposé par Stanislas Guérini, qui prétend introduire le mérite mais risque d’aggraver les conditions de développement clientéliste et d’arbitraire dans le déroulement de carrière et dans les rémunérations individualisées. Si de telles mesures se concrétisent, elles rogneraient encore davantage les garanties protectrices des personnels et porteraient atteinte à l’intérêt général. Nous continuerons à nous mobiliser pour préserver le statut des fonctionnaires tel qu’il existe depuis 1945, car il constitue une garantie tant pour les personnels que pour les usagers, assurant la cohésion de notre société. Il est indispensable d’assurer une égalité d’accès aux services publics, comme l’éducation ou la santé, et une égalité de traitement des dossiers, quelle que soit l’origine économique ou sociale des usagers. Pour cela, il est crucial que les fonctionnaires restent libres de toute pression politique. »
Pour conclure, la syndicaliste de la FSU a eu quelques mots sur les gestes de solidarité et de fraternité qui existent à Blois et plus largement, et sur le rôle des associations et collectifs qui luttent, souvent dans la discrétion, pour soutenir les plus démunis. « Ces derniers mois, leur combat a été mis en lumière par de nombreux rassemblements revendiquant un droit au logement pour tous les enfants et leurs familles. Pour ces associations et collectifs, c’est un combat permanent, une lutte acharnée contre les politiques inhumaines de nos dirigeants, a clamé Alice Pasnon. Leur engagement montre que le repli sur soi n’est pas une fatalité et que la solidarité et la fraternité ne sont pas vaines. »
Justement, les familles menacées de se retrouver à la rue dans les jours à venir étaient bien représentées dans le cortège du 1er mai. Amadou Ba a sonné l’alerte : « C’est très, très compliqué pour nous aujourd’hui, a expliqué le père de famille. Nous voulons vivre de notre travail, et prendre soin de nos familles. Nos enfants n’ont pas de vie, personne n’a de vie parmi nous. S’il vous plaît, restez à nos côtés, nous comptons sur vous tous. »
Une mère a ensuite pris le micro pour demander des papiers et un logement afin de pouvoir travailler et ne plus dépendre de qui que ce soit. « Nous nous trouvons dans une situation très difficile, nous sommes littéralement à la rue. Monsieur le Maire a eu de la compassion pour nous en nous plaçant temporairement dans une école maternelle. Mais nous devons la libérer ce vendredi. À partir de cette date, dix familles, comprenant 25 enfants, se retrouveront à nouveau à la rue, a-t-elle expliqué. Nous sollicitons encore une fois votre compassion, votre bienveillance et votre humanisme pour nous venir en aide, comme vous l’avez fait par le passé. Sans votre soutien, nous ne serions pas là aujourd’hui. Nous n’avons vraiment nulle part où aller. Nous demandons juste des papiers et un logement fixe, comme tout le monde. Nous avons des enfants, nous avons des familles, et nous avons vraiment besoin de votre aide continue. »